lundi 19 décembre 2011

Passion


"Les passions sont les vents qui enflent les voiles du navire ; elles le submergent quelquefois, mais sans elles il ne pourrait voguer."

Voltaire

Passion qui vient du latin "passio", lui-même issu du verbe "patior" signifiant : supporter, souffrir, endurer. La passion une souffrance que l'on endure pour le plaisir qu'elle apporte ? L'Homme et ses contradictions...

samedi 17 décembre 2011

Fray - Genèse


Elle tripotait nerveusement le dossier qu’elle tenait sur ses genoux depuis un bon quart d’heure. Il était encore temps de faire machine arrière, elle le savait. Ce qu’elle tenait dans les mains lui avait demandé beaucoup de sacrifices, et la lâcheté ne faisait pas partie de ses projets d’avenir. Les enjeux étaient bien trop importants, et elle était allée trop loin pour reculer maintenant.

La femme qui se tenait derrière le comptoir d’accueil lui adressa un sourire qui se voulait compatissant. Elle ne le remarqua presque pas, tourmentée par des questions sans réponses. Des réponses qu’elle espérait obtenir ici.

Une porte s’ouvrit de l’autre coté de la salle d’attente. Quand elle le vit s’approcher de l’accueil, elle su qu’elle avait fait le bon choix. L’homme était grand et plutôt athlétique. Ses cheveux bruns épais et en pagaille contrastaient avec son costume de travail tiré à quatre épingles. Il discuta quelques minutes avec la secrétaire avant de lui tendre un dossier en lui précisant qu’il était urgent d’agir. Quand il se tourna vers elle, elle fut surprise de voir qu’il était beaucoup plus jeune que ce qu’elle avait imaginé.

- Naïla Bazain ? demanda-t-il en s’approchant d’elle. 
- Elle même, répondit Naïla en tendant la main. 
- Je suis l’agent Jonathan Trey. (La poignée de main était franche). Veuillez me suivre, je vous prie.

En entrant dans son bureau, elle esquissa un sourire amusé à la vue du joyeux bazar qui y régnait. Le contraste avec l’ordre qui semblait régner sur le reste des locaux était étonnant. Une baie vitrée couvrait un pan entier de la pièce donnant sur les jardins intérieurs du building. Ce coté était plutôt préservé du chaos, mais le reste du bureau était encombré de dossiers s’entassant les uns sur les autres, de cartons remplis de pièces à convictions encore sous scellés, de plans et de cartes en tout genre.

- Je vous écoute, dit-il alors qu’il invitait Naïla à s’installer. 
- J’ai cru comprendre que vous étiez quelqu’un à qui l’on pouvait confier des affaires... gênantes. Est-ce que je peux me fier à ces rumeurs ? 
- C’est une entrée en matière... directe, répondit-il sourire en coin. Qu’entendez-vous exactement par gênantes ? 
Naïla décida de jouer cartes sur table. Elle n’avait plus rien à perdre : 
- Cela concerne une affaire qui pourrait entrainer la condamnation d’Akiko Kurona ainsi que d’une partie des têtes dirigeantes du groupe CronaLabs.

Jonathan leva un sourcil interrogateur. Voilà une façon bien curieuse de débuter un entretien. Elle avait prononcé cette phrase d’un bloc et le rouge lui était monté aux joues comme si elle avait couru le marathon. Il savait très bien qui était Akiko Kurona. Comment pouvait-elle détenir des informations aussi compromettantes sur le PDG de CronaLabs ? Elle paraissait bien jeune et candide pour être mêlée à des affaires louches. Mais Jonathan savait qu’il fallait se méfier des apparences. Son expérience au sein de Cornesson Consulting le lui avait appris.

Il avait eu le temps de se renseigner un peu sur Naïla Bazain. Née en France, à Clamart dans les Hauts-de-Seine, elle n’y avait vécu que jusqu’à l’âge de deux ans. Son père, Gabriel Bazain, était chercheur neurologue au CNRS, et sa mère assistante de l’un des meilleurs chirurgiens français en neurologie. En effet, Gabriel Bazain s’était vu proposé un poste dans un laboratoire américain indépendant de recherches en neurologie renommé aux États-Unis. Mais avant d’accepter, il avait réussi à négocier un emploi pour son épouse. Si sa mémoire était bonne, c’était en 2004 et il s’agissait du laboratoire XNanotech situé à Austin au Texas. Naïla avait donc passé une partie de son enfance là-bas. Jusqu’à ce que le laboratoire américain décide de licencier, pour des raisons budgétaires, le couple Bazain après dix années de bons et loyaux services. Un an et demi plus tard, BioNa, une filiale japonaise de CronaLabs, implantée en Afrique du Sud et spécialisée dans la nanotechnologie, recruta les Bazain dans le cadre de son expansion. Sur cette période, Jonathan n’a trouvé que peu d’informations relatives à Naïla. Le complexe du laboratoire japonais étant situé dans une réserve naturelle à la frontière du Mozambique, il était difficile pour les enfants de suivre un programme scolaire normal. BioNa avait soumis au gouvernement d’Afrique du Sud un projet éducatif pour assurer l’éducation aux enfants des salariés qui vivaient dans ce complexe. Naïla avait donc bénéficié de ce programme jusqu’à ses dix-huit ans. Il savait également qu’en février 2021, c’est à dire il y a un peu plus d’un an, Elyse et Gabriel avaient péri dans les locaux de BioNa lors d’une expérience qui s’était mal déroulée. Trois autres personnes de l’équipe avaient trouvé la mort dans cet accident ce jour-là. Voilà tout ce qu’il avait appris au sujet de la jeune femme qui se trouvait de l’autre coté de son bureau.

- Je vous avouerai que vous me prenez un peu de court. Si je m’en tiens à votre demande officielle..., poursuivit-il en ouvrant le dossier qui se trouvait sur son bureau, il s’agit d’un cas de conflit de voisinage. 
- Pourquoi m’avoir fait déplacer jusqu’à New York, au siège social de Cornesson Consulting dans ce cas ? Vous auriez pu déléguer cette affaire à la cellule présente en Afrique du Sud. 
- Bien sûr. J’aurais pu le faire. Mais j’avais envie de connaître les vraies raisons qui vous ont poussé à faire appel à mes services. 
- Que voulez-vous dire ? 
- Il y a beaucoup de zone d’ombre dans votre vie et celle de vos parents. Et un conflit de voisinage dans la réserve naturelle de Nmudo aurait été réglé par BioNa avec l’aide des autorités locales en trouvant un arrangement à l’amiable, surtout s’il impliquait une de ses employés. Voyez-vous Cornesson Consulting a réglé pas mal de contentieux pour le compte de CronaLabs, et je sais que le groupe aurait tout fait pour résoudre soi-même ce genre d’affaire. Mais tous les dossiers qui atterrissent sur mon bureau sont traités de la même façon. Et je vous avoue que je suis curieux d’entendre vos vraies raisons de faire appel à moi. Je sais lire entre les lignes quand il le faut.

Naïla s’enfonça dans son siège pour réfléchir. L’agent Trey semblait être bien renseigné sur elle et son passé. Elle devait savoir si elle pouvait lui faire confiance. Les rumeurs qu’elle avait récoltées sur lui à travers ses réseaux étaient-elles véridiques, ou était-il mouillé d’une façon ou d’une autre dans des trafics d’influences ? Il venait de lui avouer à demi-mot que Cornesson Consulting, agence internationale de gestion de conflit créée il y a quelques années par Jérémy Cornesson, était très liée à CronaLabs. La démarche qu’elle entreprenait vis à vis du groupe japonais n’avait rien d’amicale, et elle devait être sûre qu’il ne lui planterait pas un couteau dans le dos pour préserver les bonnes relations de son agence avec CronaLabs.

[...]

Pour lire la suite c'est par ici !




Maintenant que la V2 du site officiel de Fray est sorti, présentant ainsi le gameplay et l'univers du jeu, je peux enfin vous partager Genèse, l'une des trois nouvelles écrites autour du background du jeu.

Bonne lecture !

dimanche 27 novembre 2011

Uzu


« L’aube venait de se lever au-dessus de la cime des arbres et les rayons du soleil caressaient doucement sa peau. Il leva le nez au vent, humant les différentes senteurs du matin avec délice. Ses pieds nus foulèrent l’herbe fraiche, pour s’arrêter devant un petit Fallopiaë. Délicatement Il inclina la feuille la plus proche pour recueillir la rosée du matin dans sa main droite. Il but les deux petites gorgées et lâcha un soupir de contentement. Le monde était si merveilleux. Chaque jour lui apportait son lot de nouveauté et d’exaltation.

Attiré par un bruissement lointain, Il reprit sa route, longeant un ruisseau d’eau claire. A plusieurs reprises Il s’arrêta pour observer les bourgeons qui émergeaient à l’approche du printemps. Sa période du cycle préférée. Celle où la beauté de la nature se révélait enfin aux yeux de l’univers. Celle où Il prenait le temps d’observer, de protéger, et de savourer avant que le bouleversement ne soit irréversible.

Ses pas s’écartèrent du ruisseau pour rejoindre le cœur de la plaine. Un courant d’air chaud balaya une mèche blanche qui lui barrait le front. Il sourit. Ses doigts caressèrent les blés avec douceur. Jamais Il ne se lassait de ses spectacles matinaux. Les autres s’étaient moqués de son ingénuité, mais lui n’en avait cure. Un jour Mishinea lui avait avoué que c’était tout ce qui faisait son charme. Il aimait Mishinea mais elle était distante et réservée. Alors cela lui suffisait de savoir qu’Il n’était pas transparent pour Elle.

Un autre bruissement le détourna de ses pensées romantiques. A quelques pas de lui, près de la limite du champ, les sous-bois s’agitaient. Patiemment Il attendit que son invité vienne à lui. Un jeune homme d’une quinzaine d’année émergea des fourrés, totalement paniqué. Sur le qui-vive il regardait constamment derrière lui comme si quelqu’un le poursuivait, jusqu’à ce qu’il croise son regard.

- Bonjour Damezo.

Le jeune homme recula sur ses gardes.

- Qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous mon prénom ? Où suis-je ? demanda-t-il avec agressivité.
- Tu es chez moi. Et tu ne crains rien. Celui qui te poursuivait ne pourra pas venir jusqu’ici rassure-toi. Il n’y aura que toi et moi.
- Ça ne me dit toujours pas qui vous êtes et comment vous connaissez mon prénom, grogna le garçon.
- Je m’appelle Uzu. Il est temps pour toi d’entamer un nouveau cycle. La peur et le déni ne te feront pas avancer. Celui qui te pourchasse te semble plus fort. Mais tout n’est qu’apparence. La force ne se résume pas à la puissance de son bras. La force brutale n’est rien comparée à la force de l’esprit. Avec un peu d’audace et d’entrainement, tu verras, tu surpasseras ton pire ennemi.

Damezo l’avait écouté abasourdi. Est-ce que cet étrange individu sans âge, aux cheveux blanc et seulement vêtu d’une longue tunique, était vraiment ce qu’il prétendait être ?

- Vous êtes Uzu ?! s’étrangla-t-il.
- Tu m’as bien compris oui.
- C’est impossible…
- La preuve que si, répondit Uzu en écartant les bras.
- Comment suis-je arrivé ici ? demanda Damezo inquiet. Je… je suis mort ?
- Non rassure-toi. Je t’ai appelé.
- Pourquoi ?

Les larmes lui montèrent aux yeux alors qu’il commençait à paniquer. Qu’avait-il fait de mal pour qu’une divinité l’appelle ? Il ferma mes yeux et ravala un sanglot. La vie n’était qu’une injustice. Depuis sa naissance il n’avait connu que la misère. Orphelin à l’âge de quatre ans, il avait été recueilli par le vieux boulanger de son village. Aigri par les affres de la vie ce dernier passait son temps à battre le jeune garçon pour décharger toute la haine qu’il avait accumulé une vie de labeur durant. Il avait trouvé réconfort auprès d’un petit chaton qu’il avait trouvé un jour près du four à pain, mais cette petite bouffée de bonheur ne dura guère longtemps. Le boulanger n’aimait pas les animaux, encore moins les chats. Il fût noyé. Damezo ne trouva pas non plus de réconfort auprès des enfants du village. Petit et gringalet il ne suscitait que le mépris et les violences de ses camarades. Il était le rebus que personne ne voulait avoir dans ses pattes. Et maintenant, voilà que même les Dieux lui en voulaient.

- Tu te trompes.

Damezo ouvra les yeux pour croiser ceux d’Uzu. L’homme s’était approché silencieusement pour poser une main bienveillante sur le sommet de ton crâne. Uzu lui sourit à pleine dent.

- Personne ne te fera de mal ici. Comme je te l’ai dit, un nouveau cycle commence pour toi. Je t’offre l’occasion de prendre en main ta vie : quinze années de force, d’amour, et de richesse.
- En échange de quoi ?
- Dans quinze ans tu me reviendras.

Le garçon pesa le pour et le contre pendant quelques minutes. Finalement son choix se résumait à une vie de misère ou quinze années de bonheur. C’est tout ce qu’il voyait. Le reste n’avait pas d’importance.

- C’est d’accord.

En prononçant ces mots la peur qui étreignait Damezo s’envola. Il savait que les quinze années à venir seraient synonymes de bonheur. Alors il se contrefichait du prix à payer. Il voulait savoir ce qu’être heureux signifiait.

Uzu se redressa et ses yeux se plissèrent devant l’expression déterminée du jeune homme. Il releva le menton de Damezo et posa son index droit sur le front du garçon.

- Puisque nous sommes d’accord, profite bien de cette vie qui t’attend mon ami. On se reverra dans quinze ans.

A ces mots Damezo disparut, ne laissant qu’un étrange crépitement dans les airs. Uzu se détourna des bois et repartit vers le ruisseau le cœur léger. Le Dieu de la moisson et de la jeunesse avait trouvé son premier Barkanos : Damezo denea Barkanos. »
Récit des divinités Tezone, Acte I, An 522

Voici donc Uzu, le Dieu de la moisson et de la jeunesse. Un Dieu dont il faut se méfier, car sous son apparence de saint, il peut se révéler cruel quand il cela sert ses intérêts.

samedi 12 novembre 2011

Nishimeu



« Au cœur de la plus noire des nuits, il se pencha au-dessus de la berge, contemplant le reflet de sa confusion : lui et son alter ego entremêlé dans une lutte acharnée et sans fin. Il leur avait tout donné. Ses terres, son titre, sa femme, ses deux filles et son fils. Pourtant cela n’avait pas suffi à apaiser leur soif de pouvoir. Ils en voulaient encore plus. Cimeald était dos au mur, pieds et poings liés. Il était le dernier rempart face aux pilleurs, et il avait eu la naïveté de croire qu’un marché plus que généreux pourrait apaiser les soudards.

Enfant, les autres le traitaient souvent d’idiot du village car il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Avec le temps et à force de travail acharné Cimeald avait réussi à gagner le respect et la confiance des gens d’Azirula. D’idiot du village il était passé chef de la garnison.  Il s’était marié avec Anïae, l’une des plus belles filles des environs, et ensemble ils avaient eu deux jumelles ainsi qu’un garçon. Pendant dix longues années Cimeald avait joui d’un bonheur sans nom. Jusqu’à ce qu’une bande de pillards se mette à saccager la région, prenant possession d’une bonne partie des terres avoisinantes. Azirula était le dernier bastion de l’enclave de Mideïzon, le dernier village capable de tenir face aux assauts des pillards. Mais Cimeald n’avait plus la force de ses vingt ans, et une dure vie de labeur l’avait suffisamment esquinté pour qu’aujourd’hui il perde la tête. Il était redevenu l’idiot du village l’espace d’une après-midi, le temps de négocier un marché abject.

Son reflet filiforme l’observait avec dégoût, attendant qu’il fasse la dernière chose qu’il avait à faire. Oui c’était tout ce qui lui restait comme choix pour rattraper son erreur.

Alors il l’appela. Et Elle répondit à son appel.

De violentes bourrasques de vent secouèrent le sous-bois. Les eaux noires s’agitèrent en gros bouillons. Puis un silence pesant écrasa les environs telle une chape de plomb. Cimeald savait qu’Elle était là et qu’Elle l’observait. Il tourna la tête et la vit. Elle était debout, vêtue d’une longue robe en satin noire, et en plumes de corbeau. Une grande capuche tombant sur ses frêles épaules cachait son visage, et dans sa main droite elle tenait le fléau légendaire qui faisait frémir les simples mortels. Nishimeu, déesse de la mort, venait d’accéder à la requête d’un simple chef de garnison.
L’homme se jeta aux pieds de la déesse, l’implorant d’intervenir au plus vite pour sauver les siens.

- Qu’es-tu prêt à donner en échange ? demanda-t-elle d’une voix glaciale.
- Tout, pleurnicha Cimeald.
- Tu as déjà tout donné aux pillards il me semble.

Le chef de garnison leva la tête en direction de la déesse. Nishimeu rassembla les plumes de sa robe autour d’elle, prête à repartir.

- Attendez ! Ne partez pas. Si c’est ma vie que vous voulez prenez-la. Mais sauvez les miens, implora-t-il.
- Que ferai-je d’un chef de garnison mort ? Tu ne m’intéresses pas.

Alors que la déesse de la mort se détournait de Cimeald, ce dernier l’attrapa par le bras pour la retenir. D’un geste sec de la main elle repoussa le profanateur. Personne n’était autorisé à toucher un être sacré, surtout s’il s’agissait de la Mort. Nishimeu fit claquer son fléau une première fois, envoyant valser Cimeald à quelques mètres. La plaisanterie n’avait que trop duré. Les mortels ne pouvaient user de sa patience comme bon leur semblait.
Une jambe brisée, la bouche en sang, le nez cassé et le crâne ouvert, Cimeald tendit une main tremblante en direction de la divinité.

- S’il vous plait ! Il ne me reste que mon âme. Prenez-la et je vous serais voué jusqu’à la fin des âges. Mais par pitié, protéger les miens des pillards. C’est tout ce que je vous demande.
- Voilà qui est plus intéressant. Est-ce ton dernier mot ?
- Oui…

Satisfaite, Nishimeu rangea son fléau et tendit une main translucide à Cimeald. L’homme s’agrippa à la divinité, scellant définitivement le pacte qu’ils venaient de passer.

A l’aube Nishimeu déclencha la colère d’Ashatah qui déversa des pluies diluviennes sur les camps des pillards. En quelques heures des torrents d’eau dévastèrent tout sur leur passage. Et au crépuscule il ne restait plus rien de l’enclave de Mideïzon. Atterré Cimeald lança un regard lourd de reproche à la déesse de la mort.

- Ce n’était pas ce qui était convenu. Tu devais protéger les miens ! s’écria-t-il.
- Je devais protéger les tiens des pillards. Nuance. Et je peux t’assurer qu’ils sont mieux là où ils sont qu’entre les mains de ces brutes.

Cimeald regarda les reflets flamboyant du soleil couchant se dessiner sur l’eau qui s’étendait sous ses pieds avec désespoir. Qu’avait-il fait ?

- Tu viens de créer le lac Mideïzon, répondit Nishimeu. Et tu viens aussi de sauver les tiens d’une vie de misère et de souffrance. Enfin, je m’en suis chargée pour toi. Maintenant que j’ai honoré ma part du contrat à toi de remplir la tienne.

Ce que la déesse donnait, Elle le reprenait au centuple. Des larmes de sang coulèrent le long des joues de l’ancien chef de garnison alors qu’il prenait place au côté de la divinité.  Nishimeu s’éleva vers les cieux couleur d’encre un sourire carnassier sur les lèvres. Elle avait enfin trouvé son premier Shimë : Cimeald dhun Shimë. »
Récit des divinités Tezone, Acte I, An 522

Changement d'univers. A travers le royaume de Tezo (royaume d'où est originaire Erick) on dénombre  une dizaine de dieux et de déesses dont certains sont plus aimés et célébrés que d'autres. Voici donc une présentation succincte de Nishimeu, la Déesse de la Mort Tezone, et une brève apparition de Ashatah, la Déesse des Océans.

dimanche 9 octobre 2011

Lueur d'espoir - Episode 14



- Si on parle bien du même Colonel… oui.

L'homme porte une main à son oreille.

- Karl ! Amène-moi les affaires de la fille.

Quelques secondes plus tard, un gorille armé jusqu'aux dents entre dans la pièce, avec tout ce que j'avais sur moi. Le vieil homme fouille dans mon sac et en ressort une ceinture en cuir finement ouvragé mais dont le cuir a subi les effets du temps. Il l’examine attentivement avant de poser un regard insistant sur moi.

- C'est juste un objet de famille.
- Je sais, ton père me l'a dit, réplique-t-il sèchement.
- Donc vous lui avez parlé.
- Oui.

Le vieil homme semble absorbé dans ses pensées et son regard se perd derrière moi. L’espoir gronde en moi comme un lointain tonnerre et je dois faire un effort pour contrôler le tremblement de mes mains. Après tout ce temps…

- Et donc ?
- Aux dernières nouvelles ils allaient tous bien, répond mon interlocuteur toujours distrait par d’obscures pensées.
- Il y a longtemps qu’ils sont passés ?
- Une semaine environ. Ils sont partis d'ici il y a huit jours. Mais je suis surpris que ce soit toi Xalyah, ajoute-t-il brusquement en fixant son regard perçant sur moi.
- Pourquoi ?

Mon ton est revêche, je ne vois pas où il veut en venir.

- Hé bien, je ne m’attendais pas à ce que tu sois si jeune.
- Ça c’est vous qui le dites, dis-je sèchement.
- Les apparences ne me trompent pas jeune fille. Quoiqu’il en soit, sache que ta route sera longue et parsemée d’embûches…
- Comme c’est original.
- Un peu de respect ! Tes sarcasmes ne te protègeront pas sur la voie que tu t’apprêtes à prendre !

Sa voix tonitruante finit par me clouer le bec. Khenzo s’agite un peu à mes côtés mais nous gardons le silence.

- Tu auras des responsabilités, et il te faudra les assumer. Jusqu’au bout. Et quoiqu’il t’en coûte. Ce sera ta seule issue. Garde bien en mémoire que le symbole porte l’espoir, et que l’espoir est le début de la victoire. C’est ce qu’il te faut et ce qu’il nous faut à tous pour relever la tête et croire enfin en l’avenir.

J’ai une furieuse envie de lui rire au nez, mais quelque chose au fond de moi m’en empêche. Peut-être parce qu’il a évoqué le respect, et que se moquer d’un vieillard fou n’est pas très digne des valeurs qu’on m’a enseigné.

- Tu n’es pas forcée de me croire. Tôt ou tard tu parviendras à cette conclusion.
- Je ne crois pas au destin.
- C’est un tort. Mais c’est un autre débat que nous n’aurons pas aujourd’hui. Porter ce fardeau sera lourd, mais je pense que tu as le potentiel pour le porter à bout de bras.

Bien, j’en assez entendu d’ineptie comme ça pour aujourd’hui. Je me lève et sors quelques billets de mon portefeuille.

- Je ne veux pas de ton argent. Garde-le. Karl, raccompagne ces jeunes gens vers la sortie. L’entretien  est terminé.

Le vieillard prend appuie sur ses deux mains pour se relever, puis sans un regard pour nous, sors de la pièce. Le gorille nous escorte jusqu’à la porte d’entrée et nous rend nos armes en bafouillant quelques mots d’excuse sur l’attitude de son maitre.

Nous traversons le jardinet en ruine en silence, occupé à remettre en place nos armes. L'air vif et froid me fait frissonner. Je remonte le col de mon manteau et fourre mes mains dans les poches. Khenzo, lui, s'emmitoufle dans son écharpe. Quelques corbeaux tournoient dans le ciel alors que ce dernier se couvre de plus en plus.

- Qu’a-t-il voulu dire ? me demande Khenzo. 
- Précise un peu ta pensée.
- Il disait que tu étais plus jeune qu’il ne le pensait, et que tu aurais un lourd fardeau à porter.
- Et bien je n’ai que dix-neuf ans. Quant au fardeau…
- Tu n'as que... (Il me regarde interloqué). Je pensais que Tim avait tapé juste pour l’estimation.
- Il faut croire que non. Que penses-tu de tout ce qu'a dit le vieil homme ? Tu crois que je peux me fier à lui ?

Je préfère changer de sujet.
- Concernant les informations qu’il t’a donné, je pense que oui. C’est un bon informateur. Et jusqu’à présent je n’en ai entendu que du bien. Ensuite, concernant sa vision de l’avenir… ça me laisse perplexe.
- Moi aussi, je te rassure.

Au croisement nous bifurquons à droite. Nos pas résonnent au-dessus du silence morbide de la ville. Contrairement à beaucoup d’endroit que j’ai traversé, celui-ci est véritablement désertique. La majorité de la population a fui, et les seuls qui restent se terrent dans les égouts et les réseaux de transports souterrains. Comment véhiculer de l’espoir ici ? Comment amorcer le début d’une victoire ? Avec qui ? Comment ? Pour quelles raisons ? Tant de questions qui n’ont pas de solutions aujourd’hui.

- Que comptes-tu faire ? me demande Khenzo.
- Je partirai demain à l’aube. Si le vieillard a dit vrai, je ne dois plus être qu’à quelques jours de marche d’eux.
- Tu veux qu’on t’accompagne ?
- C'est gentil, mais je ne pense que ça fasse parti des plans de Tim. On ne peut pas dire qu’il me porte vraiment dans son cœur.
- Il ne faut pas faire attention à son attitude. C’est un ours Tim, mais il a un bon fond.
- Sans doute.
- Je lui en toucherai quand même un mot. Ça ne pourra pas nous faire de mal de bouger un peu.
- Comme tu veux, mais ne te sens pas obligé. Tu ne me dois rien.

Khenzo est vraiment un gentil garçon ; je m’en veux encore de l’avoir traité comme un moins que rien. Je le connais à peine, de son coté c'est la même chose, et pourtant il a fait tellement pour m'aider. Mon esprit s'évade et s’attarde sur des souvenirs d’Adrien. Son sourire, ses attentions, son caractère entier. On s'entendait à merveille tous les deux. J'avais l'impression d'avoir trouvé l'amour de ma vie. Sa silhouette s’efface peu à peu pour laisser place à un paysage de désolation. Je ne pourrai jamais l’oublier.

Le soir arrive vite, et nous nous retrouvons tous autour du réchaud pour partager la soupe que Geremy nous a préparé. Ce gamin est un vrai mélange de débrouillardise, d’innocence et de volonté. Alors que le silence est juste déranger par nos cuillères raclant le fond des gamelles Khenzo finit par prendre la parole. Il expose son idée de m’accompagner pour retrouver ma famille. Avant même qu’il ait finit, Tim refuse.

- Il n’est pas question que j’accompagne une emmerdeuse comme elle, déclare-t-il vivement.

J’aime sa franchise. Vraiment. Avant que je ne dise quoique ce soit Geremy prend ma défense. Il veut venir avec moi, voir du pays, rencontrer des gens. Nedj, lui, ne se prononce pas. Camélia quant à elle, veut bien suivre Khenzo, mais je sens qu’elle aimerait que Tim approuve cette décision. Timothée et Franc, les jumeaux, me fusillent du regard. Ed tire une tête de six pieds de long, et tripote ses lunettes de protection avec anxiété. Je crois qu’il a rencontré une femme ici qui lui plait bien. Tidji, le rouquin avec une cicatrice au coin de l’œil en forme de lune est plutôt pour un changement. Il me fait un clin d’œil et lève son pouce en signe d’approbation. La petite Jasmine n’approuve pas l’idée et adopte le même regard que les jumeaux. Tony n’est pas pour non plus, et Akim ne veut pas quitter la cité car il a retrouvé son cousin. Josh, Al, et Tenten ne veulent pas se quitter et comme Al se plait bien ici, ils n’ont pas tellement envie de suivre Khenzo.

Tim est embêté par la tournure que prennent les choses. Et je dois avouer que moi aussi. Je comprends parfaitement qu’il tienne à toutes ses personnes et qu’il n’ait aucune envie de voir le groupe se dissoudre. D’autant plus que je ne demande rien, je ne les connais pas, et ils ne me doivent rien. Je sens que les foudres du maître des lieux ne vont pas tarder à me tomber sur la tête. Après un long silence Tim prend la parole, et je dois dire que je suis assez surprise :

- Mes amis, je crois que la fin de notre groupe a sonné, déclame-t-il d’un ton théâtral qui cache mal sa tristesse. A présent chacun est libre d’agir comme il l’entend. Personnellement je ne tiens pas à suivre cette femme. Faite ce que vous voulez. Mais Khenzo, ajoute-il en se tournant vers l’intéressé, je tiens à te dire que…
- Tim, je ne changerais pas d’avis. J’ai besoin de bouger d’ici, ça pue la mort. Je l’accompagnerai.
- Mais…
- C’est comme ça. Tu sais à quel point je t’apprécie. Grâce à toi nous sommes encore tous en vie aujourd’hui. Mais comme tu l’as si bien dit, chacun est libre de faire son choix. Et j’ai choisi. Je ne peux plus rester ici.

Tim me jette un regard haineux. Je n’aime pas du tout ce qui est en train de se passer. Etre responsable de l’éclatement du groupe c’est bien la dernière chose que je souhaite. Furieux Tim annonce que ceux qui veulent partir, partiront demain matin à l’aube. Sur ces mots il part se coucher d’un pas lourd. Tous les regards se braquent sur moi. Chez certains je peux voir le doute s’installer sur leur visage, chez d’autres la colère perce visiblement leur traits, et chez les derniers la certitude de faire le bon choix s’affirme dans leur attitude sereine. L’ambiance est tellement pesante que je préfère m’éclipser quelques temps. Ils ont besoin de rester entre eux pour en discuter. Je sors de l’abri et vais m’asseoir quelques mètres plus loin, contre le mur suintant de la galerie. A part une ou deux sentinelles, personne ne circule dans les souterrains. La tête entre les mains je me vide l’esprit pour ne plus penser à rien. Juste le vide. Juste le noir. Juste la paix.

- Tout va bien ?

Je sursaute. Khenzo s’est approché de moi sans que je l’entende arriver.

- Tout va bien ? répète-t-il alors que je ne réponds pas.
- Oui. Je réfléchissais.
- A quoi ?
- A rien.
- Vaste réflexion, rétorque-t-il avec humour.
- Ne fais pas ça.

Mon ton sérieux le surprend.

- Je ne dois pas faire quoi ?
- Tim compte beaucoup pour toi, ça se voit. Alors ne fait pas ça. Tu ne me dois rien, et je ne te demande rien. Reste avec lui. Je n’ai besoin de personne pour retrouver mes proches. J’y arriverai bien seule.
- Je n’en doute pas. (Il me dévisage en fronçant des sourcils). Mais il ne s’agit pas que de ça. J’étouffe ici. Je n’en peux plus de cette odeur de mort. Notre mission ici n’a aucun sens. Les gens se voilent la face à se terrer de la sorte. Et puis j’aimerais bien voir un peu de pays.
- Oui, mais…
- Je ne reviendrais pas sur ma décision. Si tu ne veux pas que je t’accompagne, soit, comme tu voudras. Mais je partirai quand même de cette Cité. Et puis je te parie tout ce que tu veux que Tim sera des nôtres demain matin.

Je suis un peu sceptique. Mais après tout il le connait mieux que moi. Sur ces mots, Khenzo m’aide à me relever et chacun rejoint sa couchette. Je fixe le réchaud qui s’éteint tout doucement puis l’obscurité fond sur moi comme un oiseau de proie.

« J’ouvre difficilement les yeux. Une faible lueur éclaire la petite pièce sombre où ils m’ont jeté. Le coup de crosse que j’ai reçu m’a ouvert l’arcade et mes vêtements sont maculés de tâches de sang. Alors que je me redresse avec difficulté je repense aux autres. Ont-ils réussi à fuir ? Ont-ils été rattrapés par les soldats ? Sont-ils toujours en vie ?

Tandis que les pires scénarios se déroulent dans ma tête, la porte s’ouvre et une silhouette imposante se découpe dans la lumière aveuglante qui envahit les lieux. L’homme aboie un ordre et deux soldats jaillissent derrière lui pour m’empoigner. J’essais de me défendre mais à deux ils n’ont aucun mal à me maitriser. Les coups de matraques pleuvent et l’un deux, porté à la tête finit par avoir raison de mes dernières forces. Les deux soldats me traînent alors derrière eux. Nous traversons de nombreux couloirs sans croiser personne. Tout se ressemble dans ce gris uniforme. Je n’arrive pas à fixer des repères pour comprendre la géographie des lieux. On dirait un hôpital, ou un centre d’examen. Mais mon intuition me dit que ce n’est pas tout à fait ça.

Enfin, ils s’arrêtent brusquement devant une porte. La pièce est petite. Seule une table et trois hommes sont déjà là. Les deux soldats  me soulèvent sans ménagement et me plaquent sur la planche métallique vissée sur des pieds en béton. Des sangles me maintiennent solidement. Je ne peux plus rien bouger hormis la tête. Ce qu’il me semble être leur « chef » se penche alors sur moi. Ses traits sont déformés par la haine qui le ronge. Il me dévisage de ses yeux couleur pâles et je peux apercevoir les centaines de petits diamants qu’il s’est incrusté dans la peau. C’est un homme sans âge qui aborde un sourire en or pur. Il me répugne. Je sais qu’il me parle mais je ne l’écoute pas. La gifle est brutale. Le crachat que je lui lance en pleine figure le fait virer au rouge. Mais au lieu de s’énerver il me tourne le dos quelques secondes pour revenir vers moi calmement, un couteau enduit d’un étrange liquide entre les mains. D’une main il me caresse les cheveux en m’adressant son plus beau sourire, puis tout naturellement il m’enfonce la lame dans l’abdomen. La douleur est fulgurante.

Alors que je concentre mes forces pour ne pas crier, il me susurre à l’oreille que c’est une technique qui vise à torturer les gens sans les tuer. Il tourne légèrement la lame puis la retire sèchement. Je ferme les yeux, ravalant la douleur qui me vrille les entrailles. Mais je sens que quelqu’un attrape mon bras et m’injecte un produit dans les veines. La douleur ne fait que redoubler d’intensité.

Refouler cette douleur est largement à ma portée. Si je ne veux pas leur donner raison, il va falloir que je m’engage corps et âme dans cette lutte. Ils ne m’auront pas. Quoiqu’ils me fassent, je ne leur donnerais pas cette satisfaction. Et ce, quoiqu’il m’en coûte. »

Désolée pour ce long silence, mais le temps passe si vite ! Il nous faudrait quatre vies pour vivre tout ce qu'on voudrait faire.
Voici donc la suite d'Horizons avec un petit speed.

samedi 20 août 2011

Ravage


Un souffle. Chaud.
Et des bruits. Clairs. Proches.
Puis un regard. Flou. Incertain.

La Vie reprenait ce que la Mort aurait pu légitimement prendre. Trop tôt pour partir maintenant. Trop incertain pour partir maintenant. Et pas comme ça. Surtout pas comme ça.

Ravage se releva. Un goût de sang dans la bouche. Les membres douloureux. La tête sur le point d’éclater.

Un sourire perça au coin de ses lèvres. Ils avaient échoué. Tout restait encore possible.

Elle s’avança sur le sol jonché de cadavres, le passé craquant sèchement sous ses pieds. Elle avait une dernière chose à faire avant de partir.

Il était là. Affalé sur son trône. Dans un ultime effort il lui adressa un sourire carnassier.

Elle empoigna l’épée qui pendait à sa taille et la tira au clair. Une note de cristal suspendue dans l’air.

Le fer transperça la chair. Pas un cri. Pas un mot. Juste un échange de regard. L’épée avait atteint le cœur de Courage. La dague avait atteint le cœur de Ravage.

Un souffle. Froid.
Et des bruits. Distordus. Lointains.
Puis un regard. Flou. Éteint.

Une image, comme ça. Un texte, comme ça. Histoire de se lâcher, d'essayer, et de reprendre un peu de service !

lundi 25 juillet 2011

Lueur d'espoir - Prologue


Tout a commencé le 15 juillet 2105. Je me souviens de cette journée comme si c’était hier. Mais qui ne se souviendrait pas de cette date, marquant à jamais le jour le plus sanglant de toute l’histoire de l’Humanité ? A l’aube d’une journée qui s’annonçait aussi chaude que les précédentes, toutes les ondes relayèrent la même information en France : « Le Président de la République Française a été retrouvé mort, la gorge tranchée, dans son bureau à l’Elysées. C’est son assistant qui l’aurait découvert, et pour l’instant ce dernier se refuse à tout commentaire… ». Ces mots résonnent encore à mes oreilles. Des mots qui avaient du mal à prendre tout leur sens, jusqu’à ce que trente minutes plus tard, une nouvelle similaire nous parvint des Etats-Unis. S’en suivit l’Espagne, l’Allemagne, l’Angleterre, la Chine, le Gabon, le Mexique… en quelques heures nous comprenions que l’ensemble des chefs d’Etat siégeant à l’ONU avaient été assassiné. De quoi plonger les populations dans la confusion la plus totale. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Autant de question fusant de toute part sans trouver une seule réponse auprès des administrations dépassées par les évènements. La journée fut chaotique. Même les pays d’ordinaire réputés pour savoir tenir les foules en liesse ne surent comment gérer la crise. Il n’y avait pas de précédent en la matière et aucune solution immédiate ne semblait envisageable. Et cela ne faisait que commencer.
Au crépuscule le pire arriva. Plus tard nous comprîmes que les arsenaux des pays du G50 avaient été déclenchés simultanément choisissant les cibles au hasard dans le monde. Ce que nous avions pris pour un violent orage au départ se révéla être notre pire cauchemar. Le lendemain, le soleil caressa la Terre rouge sang, ravagée par des crevasses pleines de cadavres. Le monde comme on l’avait connu jusqu’ici n’existait plus.
Aussitôt les multinationales activèrent ce qui restait de leurs réseaux et influences, pour dicter la marche à suivre aux populations meurtries. Ce qui débuta comme une guerre amicale pour savoir laquelle détenait les solutions pour rebâtir une nouvelle société, finit par dégénérer en guerre ouverte pour asseoir sa domination sur les différentes régions du globe. Cela fait maintenant près de deux ans qu’elles s’affrontent au détriment des peuples.
Ce que je raconte n’est pas un rêve. C’est la réalité. C’est ma réalité.

Désolée pour cette longue période de silence ici, mais j'ai arrêté de vivre pendant pratiquement 3 mois pour mener à bien mon projet de fin d'étude, obtenir mon diplôme et préparer mon avenir pour décrocher l'emploi de mes rêves. Ceci étant fait, je vais pouvoir reprendre une vie normale, dessiner, écrire, jouer, et profiter de ces instants d'ennuis qui m'ont beaucoup manqué ces derniers temps (quand je ne suis pas au travail bien évidemment !).

Je commence donc par reprendre le prologue d'Horizons pour le rendre un peu plus percutant et accrocheur, en l'accompagnant d'une nouvelle illustration de Xalyah. Cette fois j'ai tenté une autre approche pour la colorisation, et ma foi, ça ne m'a pas déplu ! D'ailleurs j'ai une préférence pour la version noir et blanc sur fond blanc. :p

En voici d'ailleurs les différentes étapes :

[Etape 1 : Line]

[Etape 2 : Modelé en noir et blanc]

[Etape 3 : Ajout d'un fond]

[Etape 4 : Meilleur intégration du personnage dans le fond]

[Etape 5 : Habillage]

[Etape 6 : Incrustation de la couleur]

samedi 14 mai 2011

Genèse


Elle tripotait nerveusement le dossier qu'elle tenait sur ses genoux depuis un bon quart d'heure. Il était encore temps de faire machine arrière, elle le savait. Ce qu'elle tenait dans les mains lui avait demandé beaucoup de sacrifices, et la lâcheté ne faisait pas partie de ses projets d'avenir. Les enjeux étaient bien trop importants, et elle était allée trop loin pour reculer maintenant.

Voici l'accroche d'une nouvelle qui s'appelle Genèse. Cela fait plus de quatre mois que je travaille dessus, et elle arrive enfin à son terme. Écrite autour de l'univers de Fray je n'en dévoilerai pas plus ici... Affaire à suivre donc !

samedi 26 mars 2011

Margot la-main-leste


Margot la-main-leste, de son vrai nom Margot Veneur, est la veuve du maître veneur (en Stramnée, officier chargé d’organiser les chasses d’un seigneur) du Mont-Corbin. Elle a conservé cette charge après le décès de son époux et de ses deux enfants, emportés par une épidémie. La tâche ne fut pas aisée car le baron de Mont-Corbin doutait qu’une femme puisse s’acquitter d’un tel devoir. Elle a donc du faire ses preuves. Elle jouit d’excellentes relations avec son seigneur et sa famille ainsi qu’avec la plupart des habitants du château mais certains dans la baronnie et au-delà colportent à son sujet des ragots, beaucoup la soupçonnant de se prostituer pour conserver sa position. Douée d’un tempérament entier, voire soupe-au-lait, ces allégations la mettent dans une colère noire et elle est impliquée dans de nombreux incidents mettant en scène ses semelles et quelques postérieurs.

Si vous voulez savoir la suite c'est sur le site de Julien Buseyne : Rolemaster - L'étude du Khronographe. Il y consacre un article sur la création des personnages dans le jeu de rôle. Vous pourrez trouver moult informations sur les jeux de rôles, que vous soyez novice ou initié.
Je tiens à préciser que le texte ci-dessus n'est pas de moi, mais bien de Julien. Il met en pratique les règles de création de personnage en donnant vie à Margot la-main-leste, une femme de renom dans les "Terres Ocres". J'ai eu la chance de pouvoir l'illustrer, et vous trouverez un petit work in progress ci-dessous ! 

 [Première ébauche]

 [On affine les personnages]

 [Première version du décors]

 [On met un filtre de couleur pour rajouter un peu de chaleur]

 [On éclaircit le fond qui était trop pesant]

[On retouche le décors pour avoir quelque chose de plus propre]

[On modifie le loup qui n'allait pas]

samedi 12 mars 2011

Enfance


Sa mère voulait taire la vérité sur son don, et garder son enfant auprès d’elle, mais son mari, conscient du risque qu’aurait encouru son épouse si leur entourage découvrait la vérité, emmena la petite et la laissa dériver sur le fleuve, bien emmitouflée dans un panier en osier. Comme sa femme, il ne pouvait se décider à tuer sa fille. Mais la garder auprès d’eux était impossible, tôt ou tard la vérité aurait éclaté. Alors il pria les Dieux pour que quelqu’un la trouve et prenne soin d’elle, chose qu’ils n’étaient pas en mesure de faire au sein de leur communauté. Vivant près de la frontière d’Asirilis, la population évènoise éprouvait une haine viscérale pour les rejetons. Leur fille aurait peut-être plus de chance dans les terres.
A ce moment là, elle n’avait pas de nom, et peu de chance d’en porter un. Pourtant les choses tournèrent en sa faveur, et à l’aube du deuxième jour, alors que le courant du fleuve lui avait fait parcourir une grande distance, un miracle se produisit. Ysis, qui chassait aux abords du fleuve, entendit les pleurs du nourrisson dont le panier en osier s’était coincé dans les branchages bas des arbres du rivage. Curieuse et méfiante à la fois elle s’approcha pour voir de quoi il s’agissait. C’est là qu’elle la vit pour la première fois. Ysis attrapa l’anse du panier dans sa gueule pour le déposer sur la berge. L’enfant s’était arrêtée de pleurer. Elle dévisageait la louve avec ses grands yeux encore rouge de larmes. Les pensées du nourrisson effleurèrent l’esprit de la louve qui se mit à montrer les dents. Mais ces pensées n’avaient rien de menaçant, la faim, la soif et la fatigue était tout ce qui préoccupait ce petit être fragile.
Dès cet instant Ysis su qu’elle ne pourrait faire de mal à cette enfant. Dès cet instant elle su qu’elle l’accompagnerait partout, jusqu’à la fin. Dès cet instant, cette enfant était devenue sa « petite louve ».
L’année suivante Ysis mit bas. Quatre petits louveteaux vinrent au monde. Le dernier né ne passa pas la nuit. Il en resta trois, Fallon, Eyckon et Aaron. Louve, comme l’appelait sa mère et ses frères d’adoption, passa une enfance douce et agréable, sans se soucier d’autres choses que de dormir, chasser, et jouer.
Quand elle approcha les 6 ans, Ysis dû se rendre à l’évidence qu’il fallait une figure humaine dans l’entourage de la petite fille. Alors elle se mit en quête d’un humain qui pourrait la recueillir pendant un temps et lui donner un peu d’affection et d’éducation. Après une longue observation elle jeta son dévolu sur une vieille femme. Elle vivait un peu reculée dans une clairière aux environs d’un petit village nommé Onur. Elle semblait s’y connaître en plante, et passait de longues après-midi à feuilleter des ouvrages. Les gens venaient la voir pour recueillir ses conseils ou bien profiter de ses connaissances des plantes.
Un soir, alors qu’elle revenait de sa cueillette, la vieille femme du nom de Solenn trouva Louve sur le pas de sa porte. Le regard de la fillette lui brisa immédiatement le cœur. Elle ne posa aucune question, et n’imposa aucune contrainte. La vieille femme s’occupa de la petite du mieux qu’elle pu, trouvant en Louve la fille qu’elle avait toujours souhaitée avoir. Elle lui apprit à compter, à lire, un peu à écrire, mais surtout à réfléchir par elle-même. Elle lui enseigna les vertus des plantes, et enfin elle lui donna tout l’amour qu’une grand-mère peut porter à sa petite fille.
Louve pleura pour la seconde fois de sa vie à la mort de la vieille femme. Celle-ci lui léguait tout son modeste héritage, mais les gens du village en décidèrent autrement. Alors la jeune fille reprit la route, et c’est à l’âge de 14 ans qu’elle arriva à Eryl, en compagnie d’Ysis, Fallon, Eyckon et Aaron.

Petit résumé de l'enfance de Louve avec une nouvelle illustration ! Le plus dur fût d'arriver à reproduire à peu près le visage. C'est pas tout à fait ça, mais j'en suis pas loin !
En prime, voici les différentes étapes pour arriver à l'illustration finale :

[Recherches sur le posing]

[Line définitive]

[Choix des couleurs]

[Ombrage]

[Incrustation de texture sur les vêtements]

[Composition du fond]