jeudi 16 septembre 2010

Lueur d'espoir - Episode 8

La journée passe lentement, au rythme des quarts de surveillance du groupe. Je propose mon aide pour patrouiller dans le secteur, mais Tim refuse catégoriquement. Il ne me quitte quasiment pas du regard, épiant le moindre geste suspect de ma part. Je décide donc de prendre mon mal en patience et de profiter de ce repos surveillé pour reprendre des forces. J’en ai bien besoin.
Geremy vient me tenir compagnie une partie de l’après-midi. Comme je m’en doutais il va sur ces quinze ans le mois prochain. C’est un gamin bavard, plein de bonne volonté et de bonnes intentions. Il a juste grandit trop vite. Beaucoup trop vite. Et son rapport avec la mort est un peu spécial. Je préfère donc éviter le sujet qu’il essaye d’aborder à plusieurs reprises avec moi. Je ne lui raconterai pas ce que ça fait de tuer huit hommes en quelques secondes. Je ne l’inciterai pas à prendre les armes s’il a le choix de ne pas les prendre. J’aurais aimé avoir le choix, et j’aurais très certainement fait le choix de ne pas les prendre.
Sur les coups de 21 heures, tout le groupe se retrouve autour du baril dont les flammes montent jusqu’à hauteur d’homme. Je reste à l’écart piochant dans mes réserves pour me préparer un frugal repas. Un sachet de fruits secs avec de l’eau. L’ambiance au sein du groupe est détendue. La conversation est conviviale et par moment des éclats de rire s’échappent de quelques gorges. Il ne m’en faut pas plus pour sombrer dans une douce torpeur. Je suis harassée de fatigue, et j’ai le cœur léger rien que de penser à la bonne nuit de sommeil qui m’attend. Je finis par m’allonger contre le mur, me servant de mon sac comme oreiller.

« Je longe silencieusement le couloir, la rapière à la main. Je leur fais signe de s'arrêter. Un silence de mort s'abat sur nos têtes. Je passe la tête à droite. Rien. A gauche. Rien non plus. Je traverse la pièce déserte en évitant soigneusement de marcher sur les débris de verre qui trainent au sol. Ils me suivent, toujours silencieusement. Nous traversons ainsi le bâtiment en ruine sans encombre. Une fois dehors nous longeons les murs toujours sans faire de bruits. Au croisement de la ruelle avec une grande avenue je recommence mon petit manège de reconnaissance. Je passe la tête à droite. Rien. A gauche…. Une brigade du PPNG nous attend, mitraillettes en main. Et manque de chance ils m’ont repérée.

- Fuyez !

C'est la cavalcade. Tout le monde part dans tous les sens, dans le plus grand des chaos. J’entends vaguement quelques ordres de ralliement au point stratégique que nous avions défini un peu plus tôt dans la journée. Suivant le mouvement de foule je range la rapière dans son fourreau. Les soldats arrivent se lancent à notre poursuite ordonnant d’en ramener le plus grand nombre. J’arrive à bout de souffle dans une étroite ruelle et enfonce la première porte que je croise pour rentrer dans l’immeuble. Mais en jetant un œil derrière moi, je m’aperçois que personne ne me suit. Je vois mes compagnons passer en trombe devant la ruelle, rapidement suivi d’une vingtaine de soldat. C'est risqué mais je dois faire diversion pour qu'ils s'en sortent. Je retourne donc sur mes pas et contourne l'ennemi jusqu'à me retrouver entre eux et ceux que je dois protéger coûte que coûte. Dans ma course je dégoupille une grenade et la lance derrière moi. L’explosion est assourdissante et un souffle chaud manque de me jeter au sol. Cela devrait laisser du temps aux autres pour s'échapper de là et rejoindre le point de ralliement. Maintenant je dois attirer le reste des soldats pour qu’ils ne tentent pas de poursuivre les autres. Je lance une deuxième grenade devant moi qui bouche la ruelle de gauche que viennent d’emprunter mes compagnons. Je continue tout droit et bifurque dans la première rue à droite. Je peux entendre les jurons des hommes et leurs bottes claquer sur le sol. Ils sont justes derrière moi, et à priori ils sont tous à ma poursuite, une bonne chose. Ou pas. Je me retourne ; le premier est à dix mètres. Je n'ai plus de forces. Regardant de nouveau devant je tente de m'arrêter mais les bras de cinq hommes se referment sur moi. Ces cons ont réussi à prendre de l’avance pour couper ma trajectoire. C'est la fin. Ils vont me tuer. Et de leur point de vue ce ne serait qu’un échange de bons procédés. La vie d’un des leurs contre la vie d’un des nôtres. Le chef de la brigade s'approche tandis que les autres me maintiennent les bras dans le dos. Il lève son arme. J'aurai au moins eu le mérite d'avoir attiré toute leur attention. Je souris. La crosse s'abat sur ma tête. »

Je me réveille en sursaut, le souffle court. Khenzo est en train de me secouer le bras.

- Aller lève-toi. C’est l’heure de partir.

Je m'assois et passe une main dans mes cheveux. Toujours ce même cauchemar. Je chasse les dernières images qui me restent et prends mes affaires. Je glisse les deux couteaux de chasse dans mes bottes et replace les revolvers dans leurs gaines au niveau de mes cuisses. Après avoir mis mon manteau, je sors mes mitaines des poches pour les enfiler à leur tour. Alors que je m’apprête à remettre dans mon sac les sachets de provisions que j’ai sorti la veille je tombe sur la ceinture de ma rapière. Elle est en cuir finement ouvragée, souple comme du tissus mais aussi solide que de la ferraille.

- C'est quoi ça ? me demande curieusement Geremy par-dessus on épaule.
- Rien... c'est rien.

Je range tout mon bazar et passe mon sac en bandoulière. Ma mitraillette repose le long de ma hanche, à portée de main. Une fois prête, je rejoins les autres qui se sont regroupés devant l’entrepôt. C'est encore l'aube et une fine couche de givre recouvre le sol. Le temps se dégrade de jour en jour et l’hiver commence à pointer le bout de son nez. Je frissonne lorsqu’une bourrasque de vent s’engouffre dans la rue pour nous balayer glacialement. Il est grand temps de troquer un de mes deux shorts contre un pantalon.
Par deux fois dans la journée nous avons fait des détours pour contourner des patrouilles du PPNG. Après la descente de deux de leurs unités dans le secteur ils sont sur le qui-vive. Ils ont renforcé leurs effectifs et ils sillonnent de manière quasi permanente les lieux. Ces derniers temps je les trouve de plus en plus présent à la périphérie de l'Ile-de-France. L'influence d'Augustin Macrélois a certainement dû s'étendre un peu plus pour recruter de nouvelles troupes. Ce gars est un vrai parasite. Six mois après la nuit de la Folie il s'était autoproclamé président de France. Bien entendu, vu le fiasco qui règne dans le pays, cette appellation n'a plus aucun sens. On est président quand on a une nation à gérer. Aujourd’hui à quoi ressemble la France ? Un champ de ruine. Seule la capitale et quelques villes ont été épargné. Trop peu pour avoir quoique ce soir à gérer. Je sais que Paris est devenu le QG de Macrélois. Et si être président de la France aujourd’hui n’a plus de sens, en revanche ce qui en a un, c'est qu'il est un militant fanatique du PPNG. Il reçoit donc l'appui inconditionnel du fondateur du parti : Ken-Lee-Wu Wonghonk. Ce vieillard, aux ambitions dévastatrices et démesurées, accorde tout le soutient militaire et financier dont Macrélois a besoin. A se demander si le véritable maître du jeu en France n’est pas Wonghonk qui s’amuse ainsi à placer ces marionnettes sur l’échiquier du monde.
Je rêve du jour où toutes les crapules de leur genre seront éradiqués du pouvoir et expédiés rapidement là où personne n’aimerait les rejoindre. Le monde s'était cru à l'abri de ce genre de choses ; il s'est endormi sur ces acquis et voilà le résultat... voilà ce qui arrive quand on ne fait que regarder le passé ; on oublie que le futur est là devant nous, et que chaque jour il prend un nouveau visage. Aujourd’hui nous payons le prix de toutes nos absurdités. Il faut espérer qu'il n'est pas trop tard pour changer la donne, mais ce sera dur... et long.


Hop hop hop ! La suite d'Horizon, avec en prime un petit work in progress de Khenzo. Oui Lysiah se met à dessiner autre chose que des femmes... comme quoi tout arrive !

4 commentaires:

  1. Lu et approuvé !
    A quand le décors d'une ville délabrée ? :)

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  2. Comment ça un bout de mur ne te suffit pas ? Franchement je ne comprends pas... :D

    Plus sérieusement, ça arrivera bien un jour ou l'autre. ;)

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  3. Ha c'était heu.. enfin .. c'était.. un mur.. ? :o

    ;)

    En alternative à un décor de ville délabrée, tu pourrais aussi faire une illu du radar cheaté ? ^^

    J'dis ça mais.. j'aime aussi bien tes persos.. ^^

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  4. Ben c'est un muret devant Khenzo... c'est si nul que ça ? :'(

    Sinon oui, je pourrai faire une illustration du détecteur de chaleur plus détaillée. Il y en avait déjà une où je l'avais représenté dans la main de Xalyah, mais c'était fait grossièrement.

    Et ça m'empêchera pas de continuer à dessiner des persos !

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