mercredi 10 février 2016

Vengeance


Ce matin, il faisait beau. Très beau même, avec ciel bleu comme on en n’avait pas vu depuis quelques temps. Les rayons du soleil caressaient doucement la ville encore engourdie par une longue nuit sans lune.
Ce matin les ténèbres avaient cessé de nous étouffer. Devait-on y voir un bon présage ? Nous aurions aimé y croire, mais l'Ennemi était trop proche de la victoire pour abandonner maintenant.
Elle s'écarta de la fenêtre pour aller se préparer.
Aujourd'hui c'était le grand jour. Et peut-être même le dernier pour elle et tous les autres. Ils avaient été choisis pour leur détermination et leur soif de vengeance. Ils étaient le dernier espoir du peuple, la dernière folie du Grand Oracle avant la fin. Nul ne croyait en leur victoire, pas même eux. Et pourtant, secrètement, tout le monde espérait qu'un miracle se produise.
Elle enfila sa tunique et ses hauts de chausse. Les sangles furent ajustées et bien serrées. Ensuite, elle attacha solidement les lanières de son plastron qui devait la protéger. Puis, le masque plus décoratif qu'autre chose vint s'ajuster sur son visage, comme une seconde peau. Elle était fin prête, et n'attendait que son heure.
Les trompettes résonnèrent à travers toute la cité alors elle s'étira une dernière fois avant de s'emparer de son épée. C'était une bonne lame, qu'elle avait faite forger par le meilleur forgeron du comté pour accomplir sa vengeance. Et il était temps qu'elle s'affranchisse de son devoir.
Elle sortit de la petite chambre et rejoignit le reste des troupes qui convergeaient vers la cours centrale où un dernier discours qui ne servait pas à grand chose à part donner un peu de contenance au Grand Oracle les attendait. Tous avaient conscience que leur chance de réussite s’était amenuisé avec le temps. Pourtant personne ne ferait demi-tour, ils iraient jusqu'au bout.

Ils sont ceux à qui on avait tout pris.
Ils sont la souffrance, la colère, la rage et la haine.
Ils sont la soif du sang de l'Ennemi.

Ce matin, elle était celle qu'il fallait redouter sur ce dernier champ de bataille.

***

Ce soir, il faisait sombre. La pénombre avait à nouveau recouvert le Royaume comme une chape de plomb et la voie lactée était redevenue une illusion. Un nouveau cycle sans lune venait de commencer.
Ce soir les nuages opaques nous étouffaient à nouveau dans les voiles du désespoir. Le répit avait été de courte durée, mais l’Ennemi n’avait pas gagné cette bataille et avait battu en retraite.
Il se releva, exténué par la journée sanglante à laquelle il avait pris part.
Aujourd’hui il avait survécu. Et où que son regard se posât, il ne voyait que des fantômes. Personne ne semblait avoir survécu à part lui et il maudit le Grand Oracle de ne pas l’avoir emporté avec sa folie. Même si tous espérait un miracle, lui n’en attendait aucun. La fin était tout ce qu’il n’avait jamais envisagé.
Il épousseta sa lame et l’essuya sur la cape d’un cadavre. Ses vêtements avaient pris une teinte rougeâtre et ses pas résonnaient curieusement sur le sang des morts. Il remit son masque en place et soupira. La vengeance n’amenait jamais rien de bon.
Aucune trompette ne résonna. Aucune défaite ne fut célébrée. Aucune victoire ne fut célébrée. Seuls les croassements des charognards accompagnaient la fin de ce sanglant affrontement. Triste jour pour le Royaume et l’Ennemi.
Il parcourut le charnier indescriptible pour gagner une colline en surplomb. Ce dernier champ de bataille n’en avait pas été un il comprit que tous ses sacrifices n’avaient servi à rien. Les prémices d’une nouvelle ère sanglante venaient seulement de commencer. Une ère qui n’aurait aucune pitié pour les âmes innocentes. Les armes, la boue et le sang. C’est tout que nous connaîtront à partir de cet instant.

Ils sont ceux à qui on avait tout pris.
Ils sont la souffrance, la colère, la rage et la haine.
Ils sont la soif du sang de l'Ennemi.

Ce soir, il était celui qui avait survécu à ce dernier champ de bataille malgré lui.

***

Alors qu’il contemplait le charnier que les ombres du crépuscule envahissaient, une silhouette se détacha de cette masse de chair et de sang. Une silhouette féline et svelte dont la démarche souple et lente trahissait une grande fatigue.
Une certitude lui transperça le cœur et l’âme avec la même évidence que le vent caressait la maigre végétation alentour.

Il ne serait plus jamais seul. Ils ne seraient plus seuls.

À mesure qu’elle gravissait la colline, il distinguait plus nettement ces traits. Aussi couverte de sang que lui, la femme ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Alors qu’elle arrivait au sommet il lui tendit une main gantée pour l’aider à monter sur la pierre plate.
Pas un mot ne fut échangé. Pas un regard. Seul le silence de la mort les enveloppait dans un linceul qui finirait par les étouffer tôt ou tard.

Ils le savaient.

Aucune issue ne s’offrait devant eux. Aucun retour en arrière ne leur serait proposé. Seuls, ils porteraient le poids des années d’ingérence de la noblesse. Seuls ils porteraient la déchéance du Grand Oracle. Seuls ils avaient la tâche d’inverser le cours des choses.
Les ténèbres tombèrent enfin sur la plaine. Au loin l’Ennemi se rassemblait pour reprendre des forces et préparer la prochaine bataille. Il se délectait à l’avance de la Terreur et de la Violence qu’Il déchainerait à travers tout le Royaume. Il avait attendu tellement longtemps et voici que la brèche avait été ouverte par un vieux fou.
Ils savaient que c’était sans espoir. Ils savaient que c’était un affrontement perdu d’avance. Mais ils n’avaient pas le choix. La dernière tâche qu’ils devaient accomplir avant de quitter ce monde était de le préserver du Chaos.

***

L’homme qui se tenait à ses cotés se détourna de la plaine pour regarder en direction du Nord. Dans la pénombre elle vit ses cheveux voler au vent pour dégager une expression aussi dure que le fer extrait des Mines du Sud-Ouest.
Une certitude lui transperça le cœur et l’âme avec la même évidence que l’odeur de la mort leur nouait les entrailles.

Elle ne serait plus jamais seule. Ils ne seraient plus jamais seuls.

Tandis qu’il descendait la colline en direction du Nord, elle observa sa démarche à grandes enjambées. Bien bâti, il n’en était sûrement pas à sa première campagne malgré son jeune âge. Elle lui emboita le pas, partageant la même détermination sanglante.
Pas un mot ne fut échangé. Pas un regard. Seul le bruit de leur pas sur la terre meuble les accompagnait dans la nuit noire.

Ils le savaient.

Aucun répit ne leur serait accordé. Aucune erreur n’était envisageable. Seuls ils affronteraient tous les dangers. Seuls ils trouveraient des solutions à des situations inextricables. Seuls ils avaient la tâche de survivre et de réussir dans l’Enfer qui les attendait.
Un silence à couper au couteau régnait à l’orée de la forêt qu’ils allaient traverser. L’Ennemi, dans sa retraite, avait laissé sa marque indélébile. Il répandait déjà les prémices des atrocités à venir et cette rumeur prenait des allures de mise en garde machiavélique. Il allumait les premiers feux de la Terreur qu’Il alimenterait rapidement avec la Violence.
Ils savaient ce qui les attendait. Ils savaient qu’il n’y aurait que des perdants à la toute fin. La dernière tâche qu’ils devaient accomplir avant de quitter ce monde était d’assurer l’Avenir.

***

Les jours et les semaines avaient passé. Ils avaient écumé toute la Forêt des Plaines, qui servait d’avant poste à l’Ennemi. À deux ils avaient pu passer aisément à travers les mailles du filet. Un avantage mince, mais suffisant avec la configuration des lieux. La Forêt des Plaines était réputée pour être l’une des plus denses du Royaume. L’Ennemi s’en était servi pour poster un bataillon de ses premières troupes.
De petite corpulence et encore novice dans l’art de la guerre, les créatures du Démon poussèrent leur avantage du nombre à l’échec. Trop orgueilleuses, elles affichèrent une assurance sans fondement. Bien mal leur en fît, car en près de deux semaines, ils les avaient tous éradiqués. Le 11ième Bataillon des Plètres n’était plus.
Non contents de leur première réussite, ils poussèrent leur investigation plus au Nord, longeant le Grand Canyon Solte qui semblait tracer la limite entre le sud et le nord du Royaume. Une limite entre des températures encore douces et des températures de plus en plus glaciales. En chemin ils croisèrent quatre divisions espacées de plusieurs jours de marche. Les affrontements furent nettement plus courts et nettement plus violents.

***

Alors que la fin de la bataille contre la quatrième division se profilait, elle reçut un coup de dague entre les côtes. Le poumon fut évité de peu et la lame ripa sur l’os. Malgré la douleur et le voile rouge qui s’abattit sur ses yeux, elle poursuivit la lutte à ses cotés. Elle devait accomplir son devoir et il était encore trop tôt pour partir.
De son côté, il assura ses arrières avec plus d’attention. Quand le dernier ennemi tomba sous les coups, elle s’écroula au sol. Il la porta sur son épaule le restant de la journée et quand arriva la nuit parmi les ténèbres omniprésente, il s’autorisa une halte pour allumer un feu. Il soigna sa blessure et la jeune femme se lova dans ses bras à la chaleur des flammes qui léchaient le bois dans un doux crépitement.

***

Les batailles s’enchainèrent plus que de raison. Plus d’une fois il lui sauva la mise. Plus d’une fois elle lui sauva la mise. Ils n’étaient plus seuls et la confiance qu’ils plaçaient en l’autre n’avait d’égal que la confiance qu’ils s’accordaient à eux-mêmes. Ils parlaient peu. Ils se regardaient peu. Pourtant une étrange relation les liait intimement l’un à l’autre. Sans l’un ils n’étaient rien. Sans l’autre ils n’étaient rien.
À eux deux ils avaient éliminé les trois quart des troupes de l’Ennemi. Ils leur avaient fallut presque un an pour y arriver, mais pour l’instant ils n’avaient pas échoué et continuaient de progresser toujours plus au Nord. Même après avoir franchi les frontières du Royaume ils continuèrent d’avancer. Seul comptait l’Avenir, et l’Avenir n’avait pas de frontières.

***

Alors qu’ils affrontaient le dernier Bataillon des Velines, autrement appelé la Première Garde Velines, l’élite de l’Ennemi, il crut vivre sa dernière heure. Une flèche en argent empoisonnée se ficha dans sa cuisse droite manquant de le faire tomber à la renverse. Son adversaire le plus proche en profita pour fondre sur lui arme en avant pour trancher sa carotide. Il l’évita de justesse et la courte lame se planta profondément dans son épaule. Un autre adversaire se cramponna sur son dos et lui enfonça son épée dans le flanc.
C’est à ce moment qu’elle intervint, virevoltant dans les airs comme une panthère des neiges pour mettre fin aux petits jeux des Velines. Elle les exécuta sans autre forme de procès. C’était à son tour de le protéger, de panser ses plaies.

***

À l’aube de la dernière bataille contre l’Ennemi, ils se tenaient côte à côte devant le Château d’Erolrick. Le dernier rempart avant la fin. Ils savaient qu’il n’y aurait pas de fin heureuse. Mais pouvaient-ils être plus heureux qu’aujourd’hui ? Pouvaient-ils être plus heureux sachant qu’ils allaient accomplir leur dernière tâche avant de rejoindre l’autre côté ?
Leurs mains se joignirent en une fugace étreinte. Un dernier instant à eux avant de se jeter dans la gueule du loup.
La lutte fut terrible. Du sang jonchait le sol de pierre froide. Ils ne savaient pas si c’était le leur ou le sien. Leurs regards croisèrent celui du Démon. Ses yeux jaunes se voilaient de rouge et sa respiration rauque, faisait jaillir de sa gueule des flots de sang.
Ils n’eurent pas besoin de parler pour se comprendre. Ce petit jeu avait suffisamment duré, il était temps d’en finir. Dans un même mouvement ils se jetèrent dessus. Les lames s’entrechoquèrent et déchirèrent la chair et les os.

***

Il rampa jusqu’à elle. Elle respirait encore et ouvrit les yeux en l’entendant s’approcher. Alors elle fit l’effort de se redresser pour le rejoindre et ses bras puissants se refermèrent sur elle.
Sa main caressa le visage fin de sa compagne. Des larmes coulaient le long de ses joues comme sur les siennes. Elle essuya le sang qui maculait sa mâchoire et lui sourit.
Il se pencha alors en avant, s’autorisant ce qu’il s’était toujours interdit jusque-là. Elle lui rendit son étreinte et leurs lèvres se trouvèrent avec passion.

Il ne serait plus jamais seul. Elle ne serait plus jamais seule.

Ils sont ceux à qui on avait tout pris.
Ils sont la souffrance, la colère, la rage et la haine.
Ils sont la soif du sang de l'Ennemi.
Ils sont notre vengeance.


Je n'ai rien posté depuis longtemps, mais ça ne veut pas dire que j'ai chômé pour autant. Nouveau diplôme et nouveau boulot depuis avril, changement de poste à venir et plein de choses sur le plan personnel.
Pas beaucoup de nouveaux dessins, celui-là date un peu déjà. Par contre beaucoup d'écriture. Vous pourrez me retrouver sur le forum des Jeunes Ecrivains sous le pseudo de Lysiah.
Ce texte a déjà été posté ici en plusieurs morceaux, mais j'ai décidé de le retravailler un peu ce soir. Voici donc son évolution.
Sur ce, bonne soirée !

dimanche 4 janvier 2015

Assassin verso


Aujourd'hui les cieux exprimaient leur colère d'une noirceur que je ne leur avais encore jamais connu. Les hommes s'agitaient sur le pont, mais que sommes-nous face à mère nature ?

Un éclair zébra le ciel et quelques instants plus tard le roulement de tonnerre couvrit les ordres de mon second. L'océan se déchaîna un peu plus, nous emportant dans le creux de ses vagues impitoyables.

Puis la pluie arriva. Elle s'abattit sur nous comme un rideau tranchant et les nuages s'assombrirent encore un peu plus. Je ne pus m'empêcher de penser que les cieux pleuraient d'une encre noire qui signerait notre fin.

Jour 341 - Année 25
Tamine l'Insoumise

Et bonne année à ceux qui passeront par ici !

dimanche 7 septembre 2014

Un web responsable ?



Ce soir, je vais rester dans le monde réel et dans une actualité qui me fait réfléchir (et qui m'indigne aussi).

Vous en avez sûrement entendu parler ces derniers jours (dans la presse, sur le web, et peut-être même à la télé) ; un certain nombre de célébrités ont vu des photos d'elles dans leur plus simple appareil se répandre sur la toile, et ce, contre leur volonté.

J'ai fait le choix de ne pas regarder ces images, mais j'ai tout de même lu un bons nombres de choses plus ou moins aberrantes (selon mon point de vue), et je ne peux m'empêcher de me questionner sur la responsabilité des uns et des autres (victimes, hackers, sites, internautes lambda).

Il va sans dire que le discours qui consiste à faire culpabiliser les victimes de ce hack me hérisse le poil. Certes, si l'on ne veut pas retrouver des photos intimes de nous sur la toile, le mieux à faire reste de ne pas les stocker sur un serveur en ligne. Même en utilisant des services dits sécurisés, le risque 0 n'existe pas sur le web, tout le monde le sait (ou plutôt, il faudrait que tout le monde y soit sensibilisé). Moi, j'irai plus loin en disant que le mieux, c'est de ne pas prendre de photo du tout. Mais bon, c'est un point de vue, et finalement, chacun fait ce qu'il veut dans la mesure où ça ne fait de mal à personne.

Dans l'histoire, il me semble bien que les "victimes" n'aient commis aucun mal, et que les seuls fautifs sont ceux qui ont volé les photos sur des serveurs privés, dans le but de les rendre public. Ce sont bien eux les coupables. Y a même pas à discuter.

Après, une fois que le mal est fait (à savoir : les photos sont diffusées sur la toile), qu'en est-il des sites et internautes lambda ?

Pour le moment, le web est une zone de non droit, simplement par le fait qu'aucune législation mondiale n'encadre cet outil. D'un pays à l'autre la loi peut changer, et ce qui peut être interdit dans un coin du monde, sera autorisé à l'autre bout, et au final, si on cherche, on trouve tout sur internet.

Pour moi se pose donc la question du choix moral des sites et des internautes.

Il y a eu préjudice concernant des photos volées et celles-ci sont à la portée de tous. J'entends beaucoup dire : "oui mais ce n'est pas moi qui les ai publiées, elles étaient déjà sur le web". Certes. Est-ce que pour autant, cela nous "oblige" à (re)publier, ou encore à regarder ce contenu ? Je pense que non, et je pense que nous sommes responsables de nos actes : faire suivre un lien, ou cliquer sur un article pour en lire le contenu. Cela ne relève que de notre simple choix.

Plus haut, j'ai dit avoir fait le choix de ne pas regarder ces photos. Elles ont été volées, et j'estime que les regarder contribue au mal qui est fait aux victimes. On m'a alors sorti l'argument de la curiosité : "oui, mais si elles te sont proposées, tu seras forcément tenté de regarder, ne serait-ce que par curiosité". Encore une fois : certes. Mais est-ce que notre curiosité doit se placer au-dessus de notre sens moral, de nos principes, et du respect de l'autre ? Je pense encore une fois que non.

Ce que j'aimerais voir dans les années à venir : une véritable conscience qu'internet ne doit pas être au-dessus des lois, et que nous restons responsables de ce que nous faisons ne serait-ce parce que nous avons le choix.

vendredi 7 mars 2014

Parle-moi de volonté



Sans détermination,
Le jour de sa nomination
Il a quand même du bon vouloir.
Et dans un éclat de pouvoir,
Avec une volonté de fer,
Il aime cette vie douce amère,
Basée sur du volontariat.
Et quand il partira,
Jamais il ne pourra gagner.
Il crut qu'il pourrait voler,
Et un jour il arrivera à se surpasser.
Il en avait marre de repasser,
Et pour survivre
Jamais, jamais plus il ne serait ivre,
Pour ne jamais se révéler.
Si seulement il pouvait se rappeler.

La dernière fois que j'ai déjeuné en famille on a fait un petit jeu.
Première étape : choisir un thème. Ici donc, ce sera le thème de la volonté.
Deuxième étape : selon le thème, choisir 8 mots ou expressions. Ici nous aurons "détermination", "bon vouloir", "volonté de fer", "volontariat", "gagner", "se surpasser", "survivre", "se révéler".
Troisième étape : choisir 8 mots qui riment avec les 8 précédents.
Quatrième étape : écrire un morceau de phrase avec les premiers 8 mots choisis.
Cinquième étape : écrire un morceau de phrase avec les autres 8 mots qui riment.
Sixième étape : lire ce que ça donne.
Le principe étant de ne pas réfléchir lorsqu'on écrit, bien entendu !
Voilà ma contribution sur le thème de la volonté. C'est brut de décoffrage, mais c'est un exercice bien sympa à faire.

lundi 24 février 2014

Destins croisés - Episode 18


***

Je repris conscience quelques minutes plus tard. Taen s’était mis en route et m’avait calé sur ses épaules, comme Baron. Une position pas très confortable à vrai dire.

- Tu as repris tes esprits ? me demanda le jeune homme qui avait décidé de passer au tutoiement.
- A priori… oui.

Il s’arrêta et me posa au sol. Mes genoux tremblèrent quelques secondes, puis se reprirent. Mon dos me lancinait terriblement et ma tête semblait sur le point d’exploser. Je ne pouvais pas dire que j’étais au meilleur de ma forme. Décidant d’oublier mon inconfort un instant, je regardai autour de moi avec curiosité. Il n’y avait rien d’autre que l’obscurité et les bruits étranges du sous-bois.

- Où m’emmènes-tu ? demandai-je méfiante.
- Au point de ralliement convenu avec les autres, répondit-il avec douceur. C’est à une demi-heure d’ici.
- Pourquoi te ferai-je confiance ?
- Si je t’avais voulu du mal ce serait déjà fait, répondit-il un peu agacé.

Je reculai de quelques pas, le dévisageant avec insistance. Rien ne me prouvait qu’il fût plein de bonnes intentions, mais rien ne me prouvait non plus qu’il me veuille du mal. 

- D’accord, continua-t-il, levant les mains en signe de paix. Je comprends que tu te méfies. Après tout, je pourrais faire partie d’un autre groupe d’Enleveur. Si tu veux, je vais ouvrir la marche et tu resteras derrière moi avec mon épée. Le marché te parait honnête ?

Je le regardai des pieds à la tête en pesant le pour et le contre. Je n’avais aucune idée de l’endroit où j’étais, je ne connaissais personne dans ce monde en-dehors d’Erick, je n’avais ni nourriture, ni eau, ni arme et je ne savais pas où je devais aller pour me sortir de ce pétrin. Mes options étaient finalement assez réduites.

- Oui, ça me parait plutôt honnête.

Taen défit le ceinturon qui maintenait le fourreau de son épée contre sa hanche et posa l’ensemble au sol sans me quitter des yeux. Comme je ne bougeai toujours pas, il recula de quelques pas tout en gardant les mains levées.

- Je t’assure que je ne te ferai rien.
- Oui et bien je préfère rester prudente.

Je me baissai et allongeai le bras pour récupérer l’épée et son fourreau. C’était plus lourd que ce que j’imaginais et je n’étais pas bien sûr d’avoir suffisamment d’énergie pour m’en servir correctement s’il le fallait. Après avoir bataillé pendant cinq bonnes minutes avant de réussir à boucler correctement ce ceinturon, je dégainai l’épée et désignai l’obscurité de la lame.

- Les hommes d’abord, si tu veux bien.

Avec un regard amusé, Taen passa devant moi et ouvrit la marche. Même avec une arme au poing, je n’étais pas vraiment plus rassurée. Mais je me fis violence et talonnai mon guide de près. Ce dernier se déplaçait avec aisance, un peu à la manière d’Erick. Pour oublier les chairs déchiquetées de mon dos et ma tête, j’essayai discrètement de l’imiter. Sans succès. Tout ce que je réussissais à faire c’était me prendre les pieds dans les racines et faire encore plus de bruit.

- Tu n’es pas une fille de la campagne, n’est-ce pas ? s’enquit Taen au bout d’un moment.
- Pas vraiment, non.
- D’où viens-tu ?
- Pas d’ici en tout cas.
- Que de mystère…, déclara-t-il en riant. Très bien, ça me va comme ça.

Alors que j’allais répliquer, un choc violent me propulsa contre l’arbre le plus proche. Désorientée, je cherchai Taen du regard. Il était aux prises avec deux assaillants. Je reconnu Baron à son nez rouge et déformé et celui qui m’avait fouettée jusqu’au sang. L’homme qui m’accompagnait ne pouvait lutter contre deux hommes qui avaient la même puissance que lui. S’il était plus agile que les deux autres, le nombre compensait la maladresse des agresseurs. Je devais agir. Fébrilement, j’attrapai l’épée qui gisait à mes côtés et me relevait.

Aller, arrête de penser, passe à l’action maintenant. En poussant un cri de rage je m’élançai vers les trois hommes, lame en avant. Avec la vitesse de ma course, le fer s’enfonça sans résister dans les chairs de Baron. L’Enleveur brailla et s’écroula au sol. Probablement mort. L’épée fichée dans le dos. Taen et le second agresseur me regardèrent en écarquillant les yeux.

- La garce… murmura l’acolyte de Baron. Elle l’a tué…

Alors qu’il s’apprêtait à se jeter sur moi, Taen le ceintura et l’envoya valser au sol. Les deux hommes s’engagèrent dans un combat au corps à corps sans merci. Encore engourdie par ce que je venais de faire, j’attrapai mollement la garde de l’épée et tirai dessus pour l’extraire de son enclume humanoïde. Je dû m’y reprendre à plusieurs fois avant de la récupérer. Et sans plus réfléchir, j’interrompis la lutte en enfonçant la lame dans les reins de l’Enleveur.

- Ça, c’est pour les coups de fouet…

L’homme voulut se retourner pour me regarder, mais cela eut pour conséquence de l’achever, car je n’avais pas lâché prise sur la garde. Il mourut en émettant d’immondes gargouillements. Taen se releva et posa sa main sur la mienne.

- C’est fini. Tu peux lâcher cette épée maintenant.
- Je peux…

Je ne finis pas ma phrase et tournai la tête vers le jeune homme.

- Oui tu peux. C’est terminé.
- Je…

Mes jambes me lâchèrent et je m’agenouillai au sol, prise de tremblement.

- Eléonaure !

Cette voix…

- Erick… soufflai-je.

Il s’approcha de moi et s’accroupit à mes côtés pour me prendre par les épaules. Je grimaçai de douleur et penchai la tête en avant. Il ne m’avait pas abandonné. Taen avait dit la vérité. Il passa une main dans mes cheveux et sa main s’arrêta sur mon menton pour me relever la tête.

- Qui t’a mis dans un état pareil ? demanda-t-il doucement.
- Eux, répondis-je en désignant les deux cadavres du regard.
- Eh bien, il vaut mieux ne pas te chercher des ennuis ! s’exclama-t-il.

J’étouffai un rire mêlé à un sanglot.

- Pourquoi…
- Parce que les Dieux l’ont voulu ainsi Eléonaure, répondit Erick en me pressant contre lui.
- Les Dieux n’existent pas.
- Peut-être pas dans ton monde, mais ici, si.
- Dites, je ne voudrais pas interrompre votre débat théologique, intervint Taen, mais nous ferions bien de rejoindre le camp. Il faut s’assurer que nous ayons récupéré tout le monde.

Erick acquiesça et se redressa.

- Tu peux marcher ?
- Oui, ça ira.

Il m’aida à me relever et tous les trois nous reprîmes la route, laissant les deux cadavres derrière nous. Il nous fallut à peine un petit quart d’heure pour rejoindre le reste du groupe. Le bilan était positif, tous les prisonniers étaient vivants, six Enleveurs au total avaient été tué, et les autres avaient fui vers le sud. En tout, dix hommes étaient venus à notre secours, chacun étant un proche de l’un des paysans enlevés par les hommes de Baron.

En nous voyant arriver, Sarizine courut à notre rencontre pour se jeter dans les bras de Taen. Le jeune homme la serra un long moment contre lui avant de la saisir par les épaules pour l’observer des pieds à la tête.

- Pourquoi faut-il toujours que tu te fourres dans des galères pas possibles ? déclara-t-il sourire aux lèvres. Tante Dalina n’a donc vraiment rien mis dans ton crâne d’oiseau ?!

Sarizine éclata de rire et entraina son cousin près du feu de camp pour s’asseoir avec les autres. Je n’avais pas très envie de me mêler au groupe pour partager leur retrouvaille familiale. Erick resta à côté de moi pour contempler les hommes et les femmes qui s’enlaçaient, heureux de se savoir en vie, sain et sauf.

- Tu vas bien ? me demanda-t-il toujours avec douceur.
- A ton avis ?! ripostai-je avec amertume. J’ai atterris dans ton monde sur la tête en haut d’une falaise. J’ai fait de l’escalade en pleine nuit manquant de me rompre le cou à plusieurs reprises. Je me suis faite enlevée par des porcs. J’ai été séquestrée et battue jusqu’au sang. Et tout ça grâce à toi.
- Eléonaure, je suis…
- Oui, oui, je sais, tu es désolée, tout ça. Ben moi aussi je suis désolée. Alors si tu veux bien, je suis fatiguée et je vais aller dormir.

Sur ces mots, je tournai les talons et disparu derrière un tronc d’arbre pour m’asseoir. Dans la pénombre, je m’attrapai la tête entre les mains et me fis violence pour ne pas céder aux larmes. Dans quelle merde je m’étais encore fourrée ? Ici personne ne pourrait venir à mon aide. Dans mon monde non plus d’ailleurs, pensais-je amèrement.

Erick s’agenouilla devant moi et posa une main sur ma tête.

- Je ne veux pas attirer l’attention sur moi, mais je peux au moins faire ça pour toi en attendant d’être plus tranquille.

Une douce chaleur m’envahit et je me sentis partir en avant. Les ténèbres m’enveloppèrent avant même que j’atteigne le sol.

Et un pavé ! Parce que ça faisait longtemps...
Au passage une illustration aussi, quand même, faut pas déconner hein.

Et juste pour dire que ça y est, j'ai trouvé un nouveau taff qui me plait beaucoup (design, intégration et compagnie... le kiff !). Pourvu que ça dure :)

Aller, à la revoyure !

mardi 21 janvier 2014

Assassin



De l'encre coula le long de la plume et une minuscule goutte noire vint ponctuer la fin de ma phrase, de mon paragraphe, de mon chapitre, de ma conclusion. Voilà, j'y étais enfin arrivé.

La pluie battait les carreaux de ma fenêtre depuis de longues minutes, mais je n'arrivais pas à détacher mon regard de ce point final. Je ne pouvais pas croire que tant d'années à voguer sur les flots tumultueux, à préparer ces assaut fougueux, boire et manger le butin de toutes ces batailles venaient de prendre fin.

Tamine la Rebelle, devenue Tamine l'Arrogante, puis Tamine l'Insoumise s'éteignait enfin. Après des décennies de règne sur son royaume des Mers du Diable, des décennies de défaites, de conquêtes, d'amour, de passion et de haine. Non, je ne pouvais y croire.

Comme dans un rêve, je vis ma main bouger, et signer le manuscrit en bas de la page.

Après toutes ces années à vivre avec elle, je devais la laisser s'en aller. Nos chemins doivent se séparer, et même si la douleur semble insoutenable, c'est inéluctable.

Tamine l'Insoumise continuera à batailler sur les étagères des bibliothèques, tandis que moi... moi je pourchasserai un autre héros, avec d'autres ambitions, dans un autre monde.

Voilà ce que m'inspire un artwork tiré de l'artbook d'Assassin's Creed Black Flag. Je n'y ai pas encore joué, mais le travail artistique mené autour de ce jeu est somptueux. Un régal pour les yeux.

dimanche 29 décembre 2013

Y a de la collab' dans l'air !


Pour fêter la fin de l'année, voici une petite collab' réalisée avec Philippine (aka Kalumis). Sous son initiative, je lui ai envoyé cette pin-up, et voici ce qu'elle en a fait : la 654° pin-up de Bonjour Kalumis !

Passez tous de bonnes fêtes ! Et à l'année prochaine ;)

jeudi 12 décembre 2013

Horizons - Episode 10 revisité


« Dans la pénombre, je longe silencieusement le mur, un lance-grenade dans mes mains, prêt à servir. Mes semelles crissent légèrement sur les éclats de verres qui jonchent le sol. Ma rapière se balance contre ma hanche. J’ai le souffle court. Le cœur qui bat à cent à l’heure. Arrivée au bout du couloir, je lève le poing gauche et leur fait signe de rester derrière. Ils s’arrêtent et retiennent leur respiration. À pas feutrés, je m’approche de la double porte dont il ne reste que les gongs. Mes mains tremblent sur la gâchette de mon arme, mais je dois assumer mon rôle. Cette fois-ci, c’est à moi d’ouvrir la marche, et il est hors de question que je me défile.


Je retiens mon souffle et passe rapidement la tête dans la grande pièce déserte, avant de me rabattre contre le mur, haletante. Rien à droite. À quelques mètres, je distingue la masse noire de mon groupe. Un pouce se lève dans ma direction. Je hoche la tête et jette à nouveau un rapide coup d’œil dans la pièce. Rien à gauche non plus. La pression se relâche un peu sur mes épaules et j’expire lentement pour me calmer. D’un geste, je leur fais comprendre qu’il n’y a personne, et que nous allons pouvoir reprendre notre progression.

Nous traversons la pièce en évitant de marcher sur les débris qui encombrent le passage. Seuls, le froissement de nos vêtements et le chuintement de nos chaussures sur les dalles de béton troublent le silence de mort qui règne parmi nous. Nous coupons ainsi à travers le bâtiment en ruine, sans encombre. Une fois dehors, ma respiration s’accélère à nouveau et je recommence à trembler. La ruelle est étroite et se termine en cul-de-sac d’un côté. Pas le choix, nous allons devoir sortir à découvert. Au croisement, je lève une nouvelle fois mon poing pour les faire patienter, le temps que je vérifie si la voie est dégagée. Je me colle contre la brique rouge et me laisse glisser le long du mur pour m’accroupir en maintenant ma rapière dans une main. La nervosité me gagne et je me frotte les tempes pour m’éclaircir les idées. Ce n’est pas le moment de paniquer ! Avec prudence, je risque un œil vers la droite. L’avenue semble dégagée. Je tourne la tête et balaye les environs. Rien à signa… Une escouade du PPNG est postée derrière une barricade, à environ cent mètres, et l’un des soldats me fixe d’un regard noir. Merde, merde, merde ! Il faut que je réagisse !

- On est grillé !

Tout en hurlant pour me donner du courage, je me relève et tire une grenade dans leur direction. Je rate mon objectif de peu, mais la détonation nous donnera un peu de temps. Les autres me dépassent et s’enfuient en courant. Quelques voix s’élèvent, dans l’espoir d’organiser notre fuite vers le point de ralliement, que nous avions défini un peu plus tôt dans la journée, en cas de pépin. Suivant le mouvement de foule, j’accroche le lance-grenade à ma ceinture et m’élance à mon tour. Remis de leur surprise, les soldats du PPNG se ruent à notre poursuite, tirant quelques coups de feu dans notre direction. C’est le chaos. L’avenue est parsemée d’obstacles. Ça saute et ça tire dans tous les sens.

Poussée par une fulgurante montée d’adrénaline, je rattrape le groupe et le dépasse. C’est à moi de passer devant pour leur trouver un chemin. Je dois les sortir de là. Les protéger. C’est ma tâche. Je cours à perdre haleine et m’engage dans une rue pour enfoncer la première porte venue. En me retournant pour faire signe aux autres d’entrer, je constate que je suis seule. Personne ne m’a suivie. Paniquée, je reviens sur mes pas. Mes compagnons me passent sous le nez, sans me voir. Une vingtaine de soldat à leur trousse. Bordel, ça ne sent pas bon pour nous. Je dois faire diversion pour leur laisser le temps de fuir.

La panique fait place à la détermination. Je n’aurais pas le droit à l’erreur. J’arme mon lance-grenade et j’attends que l’ennemi me dépasse pour les suivre sans me faire repérer. Puis j’emprunte une rue parallèle au grand boulevard, et, une fois sûre de me retrouver entre ceux que je dois protéger et l’escouade du PPNG, je jaillis, quelques mètres devant eux, tirant une première grenade dans leur direction. L’explosion est assourdissante et le souffle chaud me projette au sol. Des cris me parviennent de l’autre côté du nuage de poussière qui assombrit l’avenue. De rage ou de douleur, je ne saurais dire. J’espère en avoir eu quelques-uns.

Je me relève, encore abasourdie, et regarde autour de moi. Les particules de poussière me piquent les yeux et me grattent la gorge. Le sol tangue dangereusement sous mes pieds. Parmi les débris, je crois reconnaître des morceaux de chair sanguinolente. Je frissonne de dégoût, malgré le sentiment de victoire qui m’étreint la poitrine.

Les autres ont pris de l’avance. Si je fais ce qu’il faut, ils s’en sortiront. Quinze hommes émergent du nuage noir, toussant et jurant. La partie n’est pas encore terminée. J’attache mon foulard derrière la nuque, afin de me me protéger le nez et la bouche, avant de me remettre à courir. Au loin, j’aperçois mes compagnons qui s’engouffrent sous une arche, pour emprunter une petite ruelle, sur la gauche. Dans ma course, je tire une deuxième grenade pour boucher le passage et couvrir leur fuite.

Je continue tout droit et bifurque à droite dès que je peux. J’ai le souffle court et les jambes lourdes, mais je dois éloigner le PPNG des autres. C’est ma responsabilité, me répété-je pour calmer ma peur. Derrière moi, j’entends les jurons des soldats et leurs bottes battre le sol à un rythme effréné. Vu le boucan qu’ils font, je crois qu’ils sont tous derrière moi. Une bonne chose. Je me retourne pour vérifier ; le premier est à moins de dix mètres et je ne vois que dix soldats. Pourquoi est-ce qu’ils ne tirent pas ? Et, plus inquiétant, où sont passés les autres ? Regardant de nouveau devant moi pour me concentrer sur ma course, je tente désespérément de m’arrêter, mais les bras de cinq hommes se referment sur moi. Ces salopards m’ont contournée pour me couper la route. Putain de merde, je crois que je vais crever. La vie d’un des nôtres, contre la vie d’un des leurs. Un échange de bons procédés. Avec un regain d’énergie, je tente de me débattre. Je frappe, griffe, mord, en vain. Ils finissent par m’agenouiller au sol.

Le chef de l’escouade s’approche de moi et arrache le foulard qui couvrait le bas de mon visage pour m’examiner longuement. Je soutiens son regard, sans ciller. Il est trop tard pour pleurer et supplier. L’homme lève son arme. J’esquisse un rictus de satisfaction : j’aurais au moins eu le mérite d’avoir attiré toute leur attention. La crosse s’abat sur ma tête. »

Voilà une illustration d'Ed enfin terminée, avec la suite de l'histoire !

Dans la foulée, je vous informe que le nouveau site de Badabourg.net est enfin en ligne. Les t-shirt du club sont également arrivés avec le nouveau logo floqué dans le dos, et le résultat est plutôt chouette sur du rouge !
Bientôt vous verrez également ma dernière réalisation de site internet : un site vitrine pour une jeune ostéopathe qui se lance après de longues études.

dimanche 24 novembre 2013

De l'autre côté



Le chant des oiseaux, l'eau qui s'écoule entre les pierres, les feuilles qui ploient sous le vent, les brindilles qui craquent sous les pas. Autant de sensations, de fugaces souvenirs d'une autre vie. Rêvée, espérée, idéalisée. Mais surtout hors d'atteinte.

A travers les barreaux flamboyants de sa prison dorée, il imagine, il façonne, donnant des formes harmonieuses, des couleurs chatoyantes, et un parfum exquis de liberté à chacun de ses songes. Ses chimères s'agitent, s'emparent de son âme, et finalement, le rongent plus que ne le soulagent.

Et lorsque cela devient trop insupportable, il ouvre les yeux, contemple la voûte aux milles éclats, et soupire. Que vaut un songe irréalisable face à la vérité âpre et doucereuse d'une vie sans saveur mais réelle ? Pas grand chose.

Et pourtant, il retourne à ses fantasmes, se voyant déjà conquérant des méandres de son esprit malade d'aventures et d'épopées héroïques.

Un jour il sera de nouveau devant elle, elle qui la fascine depuis toujours, elle qui l'attend depuis sa naissance, elle qui l’emmènera de l'autre côté. Pour l'éternité.

lundi 11 novembre 2013

Horizons - Episode 9 revisité


Alors que je continue mon petit repérage, le plus jeune du groupe se lève et vient s’asseoir quelques mètres plus loin, en face de moi. Khenzo me glisse à l’oreille qu’il s’appelle Jeremy. Un blondinet en pleine croissance, avec un bandana noir dans ses cheveux en pétard, l’œil pétillant et un sourire espiègle au coin des lèvres. Sa bouille, encore juvénile, m’est plutôt sympathique.

- Alors comme ça, tu as aidé Khenzo en tuant dix soldats du PPNG ?

Je jette un regard interrogateur à mon voisin qui hausse les épaules en guise de réponse.

- Pourquoi ?
- Il parait que tu les as descendus en moins d'une minute... J’aurais voulu voir ça ! ajoute-t-il en mimant les tirs avec sa main d’une façon théâtrale.

Jeremy se roule au sol et continue à imiter une scène de fusillade. Putain. Je crois rêver. Ce gosse n’a que quinze ans ! Et déjà il glorifie la mise à mort comme si ce n’était qu’un jeu. Mais merde ! Quand les gens meurent, ils ne sont pas reset au dernier checkpoint. Ils pourrissent à l’air libre ou six pieds sous terre. Sans parler de leurs visages qui viennent nous hanter, la nuit, pour nous rappeler nos crimes. Car il s’agit bien de cela. J’ai tué ces hommes. Froidement.

À la fois furieuse et triste, j’endosse le rôle de la moralisatrice :
- C'est exact. Mais cela n'a rien d’admirable de tuer.

Jeremy fait la moue et se passe une main dans ses cheveux, blonds comme les blés, pour les ébouriffer.

- As-tu déjà pointé une arme sur quelqu'un ?
- Euh... non. Mon domaine, c’est plutôt le matériel de soutien et la mécanique, répond-t-il d’un ton enjoué.
- Alors débrouille-toi pour le faire le plus tard possible, sinon tu risques de te retrouver dans le même état que lui.

Le gamin regarde le cadavre que je montre du menton, avec la plus grande indifférence.

- S’il est mort, c’est qu’il ne savait pas se battre, déclare-t-il de but en blanc.
- Redis ça encore une fois et tu peux être sûr qu’on ne t’emmènera plus jamais avec nous, le menace Khenzo.

La voix du jeune homme parait calme, mais je sens la tension monter d’un cran chez lui. Jeremy croise les bras sur sa poitrine et fait mine de bouder. Décidément, entre lui et Tim, je vais finir par croire qu’ils ont tous un caractère de cochon, ici. Khenzo se relâche aussitôt, et réprime un sourire indulgent devant l’attitude puérile de l’adolescent.

- Et toi Xalyah, que fais-tu dans le coin ?

Ignorant la question, je continue d’observer Jeremy. Il ne faut pas plus de trente secondes pour que son attention ne soit captée par autre chose. Il se lève d’un bond et se précipite vers son sac, qu’il se met à fouiller sauvagement, avant d’examiner un appareil détruit par le PPNG sous toutes ses coutures. Je jette un œil à mon voisin.

- Que fait ce gamin avec vous ? Il est trop jeune pour faire partie d’une patrouille.
- Il n’y a pas d’âge pour affronter la mort, répond Khenzo, qui semble un peu agacé par mon ton tranchant.
- Tu parles d’une raison !

Il me considère un instant, puis, après avoir lâché un soupir, adopte une attitude plus amicale :
- D’accord, c’était stupide de ma part de dire ça… Pour être honnête, Tim préfère le garder à l’œil. Il serait capable de nous suivre si on ne l’emmenait pas avec nous, alors il vaut mieux l’avoir sous la main. Et, crois-moi, ce gosse est loin d’être sans ressource. Il pourrait t’étonner. Mais, tu n’as pas répondu à ma question, reprend-t-il après un moment de silence.
- Je poursuis ma route.
- Et où mène-t-elle ta route ? insiste-t-il doucement.

Je soupire à mon tour. Le souvenir du vieil homme agonisant me pèse sur les épaules. C’est pour moi qu’il était resté en arrière, guettant ma venue nuit et jour, afin de rejoindre les autres au plus vite. Et il en est mort. Je refoule mes émotions et décide d’être honnête envers l’homme m’a offert l’hospitalité aujourd’hui.

- Nantes.
- Nantes ?
- Oui, je suis sur la trace de quelques personnes. Et d’après ce que j’ai pu recueillir comme informations, elles se dirigent vers Nantes. D’ailleurs, il se peut qu’elles soient passées par votre cité souterraine. À tout hasard, vous n'auriez pas croisé, il y a quelques jours, un groupe de civils qui cherchaient à fuir la région parisienne ?
- Des civils qui fuient la région, on en a croisé un paquet. Tu cherches qui exactement ?
- Ma famille…

Le sourire de ma mère, la bienveillance de mon père, ou encore l'insouciance de mon petit frère, hantent mes pensées. Ils me manquent tellement. Les choses n’auraient pas dû se passer comme ça. D’ailleurs, rien n’auraient dû se passer comme ça, à compter de la Rupture. Khenzo me parle mais je ne l'écoute pas.

- Excuse-moi, j’étais ailleurs. Tu disais ?
- Quelqu'un pourra sûrement t'aider. On l’appelle le Prophète dans le coin.
- Le Prophète ? C’est ridicule comme nom.
- D’après ce que je sais, continue-t-il en ignorant mon sarcasme, il est au courant de tous les mouvements qui ont lieu dans ce secteur. Personnellement, je ne l’ai jamais rencontré, mais je connais quelqu’un qui pourra te mettre en relation avec lui.
- Pourquoi ferais-tu ça pour moi ?

La prudence reprend le contrôle de mon esprit. J’ai déjà eu à faire à des personnes qui te tendent la main, tout sourire, pour mieux te poignarder dans le dos ensuite. Khenzo pourrait très bien faire partie de celles-là.

- Tu as soigné Camélia sans rien exiger en contrepartie. Comme ça, nous serons quittes.

S’il le dit. Tant qu’il m’assure que rien ne me sera demandé en échange, alors je peux supposer que je n’ai pas grand-chose à perdre à rencontrer ce… Prophète, et peut-être même beaucoup à gagner.

Méditant sur sa proposition, nous en restons-là, chacun s’enfermant dans sa bulle. Je profite de cet instant d’accalmie pour repriser mon short qui a souffert de mes derniers exploits. Puis, de nouveau, je me laisse porter par la tranquillité de cette journée, uniquement rythmée par les quarts de surveillance du groupe. Une ou deux fois, je tente de proposer mon aide pour patrouiller dans le secteur, mais Tim refuse catégoriquement. Encore suspicieux à mon égard, il ne me quitte pas des yeux et épie le moindre de mes gestes. Je décide donc de prendre mon mal en patience et de profiter de ce repos surveillé pour reprendre des forces. J’en ai bien besoin.

Jeremy vient me tenir compagnie une partie de l’après-midi. Comme je l’avais deviné, il va sur ces quinze ans le mois prochain. C’est un gamin bavard, plein de volonté et de bonnes intentions. Il a juste grandi trop vite. Beaucoup trop vite. Et son rapport avec la mort est un peu spécial. Je préfère donc éviter le sujet, même s’il essaye de l’aborder avec moi à plusieurs reprises en me questionnant inlassablement sur l’altercation que nous avons eu, Khenzo et moi, plus tôt dans la matinée. Je ne lui décrirai pas les sensations qu’ôter la vie de dix hommes procure. Non. Tuer est un traumatisme que l’on n’oublie jamais. Ceux qui disent qu’on finit par s’y habituer sont, soit des hypocrites, soit des assassins.

Sur les coups de vingt-et-une heures, tout le groupe se retrouve autour du baril, dont les flammes montent jusqu’à hauteur d’homme. Bilan de la journée : les Balayeurs ont fait le ménage, fouillé les zones de combat de fond en comble et rédigé un rapport sur l’éradication de deux patrouilles qui n’aura pas de suite immédiate. Ils ont suffisamment d’éléments pour ouvrir une enquête, mais trop de choses plus urgentes à traiter pour l’instant : une poche de résistance cause d’importants dégâts dans l’est de la Seine-et-Marne, mobilisant une bonne partie des troupes de la région. Seules cinq unités seront envoyées en renfort dans le secteur pour le moment. En attendant de pouvoir déployer une force plus importante, les troupes sont juste invitées à renforcer l’armement de leur patrouille et redoubler de vigilance. Le travail de renseignement du groupe de Tim est stupéfiant.

Malgré mon vif intérêt pour leur façon de procéder, je reste à l’écart, respectant leur intimité. Après l’analyse des différents évènements de la journée, deux hommes s’occupent de préparer à manger pour tout le monde. Franc et Timothée. Des jumeaux, approchant la trentaine et le mètre quatre-vingt. Si l’un n’était pas habillé d’un treillis et d’un blouson noir, et l’autre d’un jean et d’une veste en tweed, je serais incapable de les distinguer. Ils ont exactement la même corpulence, les mêmes traits et les mêmes cheveux blonds coupés en brosse. Le dominant, Franc, a l’air plus sportif et extraverti que son frère, qui se contente de marcher dans ses pas. Ensemble, ils distribuent les gamelles pleines de nourriture lyophilisée, bourrée de protéines et de vitamines. Très certainement fournie par la cité vu le caractère industriel des sachets. Tandis que des odeurs appétissantes me chatouillent les narines, je me contente de ce qu’il me reste, c'est-à-dire de pas grand-chose. Mes réserves diminuent et je dois rationner mes repas. Je me sers donc un demi sachet de viande en poudre, deux abricots secs et de l’eau. Avec un peu d’effort, je m’imagine sur une terrasse ensoleillée, en train de manger un bon poulet rôti accompagné de frites croustillantes. Mon estomac me fait comprendre qu’il aimerait bien que ce soit vrai. Un jour, peut-être…

L’ambiance est calme autour du feu. La perte de Samuel les a visiblement tous un peu sonnés. Des conversations s’engagent, à voix basse, teintées de tristesse et de regrets. Malgré tout, ces sons apaisant me bercent. Il ne m’en faut pas plus pour sombrer dans une douce torpeur. Harassée de fatigue, j’ai le cœur léger en pensant à la bonne nuit de sommeil qui m’attend. Je finis par m’allonger dos au mur, enroulée dans mon manteau, avec mon sac en guise d’oreiller.

Après un long moment de silence, voici la suite d'Horizons avec l'ébauche d'un nouveau personnage : Ed.
Je n'ai pas chômé ces derniers temps : travaux irl, formation en web design, remise au goût du jour de mon portfolio, développement du site Horizons sur Wordpress (toujours en cours), et refonte totale du site de mon club de sport (bientôt en ligne !).
J'avais donc un peu délaissé le dessin et l'écriture, mais je m'y remets tout doucement !

mardi 24 septembre 2013

Juste pour dire...

... que non, je ne fais pas rien en ce moment !

Il y a quelques temps je m'interrogeais sur la nécessité (ou non) de faire un blog ou un site à part pour Horizons. Et bien c'est chose faite maintenant :


C'est tout beau (enfin j'espère), tout propre, compatible sur tous les navigateurs (à part IE qui fait de la résistance sur quelques points : pas d'angles arrondis, pas de fonds transparents, et quelques autres petites choses pas bien grave), et validé W3C.
Oui, tout ça ! Parce que j'apprends à faire des choses propres et aussi bien que possible.

Donc vous y trouverez les épisodes que j'ai déjà posté ici, plus quelques nouveaux que j'ai postés sur le forum des Jeunes Ecrivains, des fiches personnages, des fiches organisations, une chronologie et tout le bazar classique d'un site web.

Bien entendu, c'est par ici < que ça se passe pour le moment. 
Pour le moment, je n'ai pas de nom de domaine attitré, donc c'est hébergé là où j'ai un peu de place.

Et si vous avez des commentaires à faire sur le fond et/ou la forme, vous êtes toujours les bienvenus !

mercredi 28 août 2013

Horizons - Episode 8 revisité


- J’ai une question…, murmuré-je.
- Oui ?
- Que faites-vous ici ?

Je tourne la tête pour le regarder. Même si je lui donne tout juste la vingtaine, il a les traits d’un homme mature et réfléchi. Je suppose que, comme la plupart d’entre nous, de nombreuses épreuves l’ont marqué au fer rouge. Je le sens un peu sur ses gardes suite à ma question.

Il souffle sur les mèches qui lui balayent le front et se décide à me répondre :
- Nous tentons de survivre.

Son regard fuit le mien, je suis sûre qu’il y a autre chose.

- Sérieusement. Que faites-vous dans cette ville, armés comme vous l’êtes ? Répond-moi franchement.
- Eh bien...

Il jette un coup d'œil à Tim. Je sens qu’il hésite à me donner des explications :
- Ça ne va pas lui plaire, mais tant pis. Il n’a pas vu ce que moi j’ai vu, alors, contrairement à lui, je pense que nous pouvons avoir confiance en toi.

Après une courte pause, il se tourne à nouveau vers moi :
- En fait, nous sommes ici en patrouille. Nous... il y a une petite cité souterraine dans le coin et nous veillons à sa sécurité.
- Une cité souterraine ? Ici ?

C’était donc de ça dont il parlait un peu plus tôt. Voilà qui explique bien des choses. La flamme de l’espoir se ravive au fond de moi. Et si…

- Oui, des survivants de la ville ont trouvé refuge dans les réseaux de transports et les égouts, il y a près d’un an maintenant, continue Khenzo qui ne s’est pas aperçu de mon trouble. Ils les ont aménagés pour pouvoir y vivre. Dit comme ça, ça ne donne pas très envie d’y aller, mais, en vérité, c’est plus confortable que bien des endroits où j’ai vécu.
- Comment ont-ils fait pour échapper aux patrouilles du PPNG ? Ce n’est plus qu’une question de temps pour que la région tombe totalement sous le contrôle de Macrélois.
- Disons qu’ils ont trouvé un système de protection qui s’est avéré efficace jusqu’à présent. Mais je ne me fais pas d’illusions. Les forces du PPNG ne cessent de grossir. Tôt ou tard, ils devront soit se soumettre, soit partir.

Sa conclusion parait bien fataliste. Et pourtant, c’est une réalité. En territoire conquis, il n’y a pas trente-six solutions. Khenzo vient de citer deux d’entre elles. La troisième et dernière consiste à mourir. Le passé remonte à la surface une fois encore, mais je décide de m’intéresser un peu plus à l’homme qui m’a tendu la main aujourd’hui :
- Et toi, d’où viens-tu alors ?
- Moi ?

Khenzo me regarde avec un sourire que je n’arrive pas à interpréter, avant de poursuivre :
- Après la Rupture et la chute de Paris, je me suis retrouvé plus ou moins seul. J’ai pas mal vadrouillé dans le nord-ouest de la région, sans véritable accroche, et il y a presque neuf mois, j'ai rencontré Tim et son groupe. Depuis, nous voyageons ensemble. Et après avoir parcouru de nombreuses villes, nous avons atterrit ici. Ça fait deux mois que nous assurons la sécurité de la cité, en échange de quoi nous avons un endroit où dormir lorsque nous ne sommes pas chargés de patrouiller et nous avons droit à des rations hebdomadaires…
- Tu as perdu ta famille pendant la Rupture ? demandé-je après un long silence.
- Non… Ni pendant la guérilla parisienne. J'ai été élevé dans un CPEA.

J'assimile ce qu'il vient de me dire tout en enregistrant sa physionomie : grand, un mètre quatre-vingt-dix à vue d’œil, des cheveux bruns en bataille, des sourcils bien dessinés qui assombrissent de grands yeux noisette, une barbe de deux jours sur les joues, de larges épaules, une musculature que je devine puissante sous son blouson en cuir et son pantalon en toile. Il a un beau visage malgré des traits tirés par la fatigue et la faim. Son attitude calme et déterminée dégage quelque chose d’agréable. Sabrina l’aurait sûrement trouvé bel homme. Je souris tristement en repensant à ma meilleure amie et concentre mes pensées sur un sujet plus important : si les habitants ont réussi à se cacher du PPNG aussi longtemps, il y a peut-être un espoir… je dois m’y accrocher. Je n’ai pas le choix.

- C’est vraiment Tim qui dirige votre groupe ?
- Oui. Pourquoi cette question ? demande-t-il d’un air surpris.
- Ce n’est pas vraiment la sensation que j’ai eue tout à l’heure.
- Je te déconseille de lui tenir tête comme je l’ai fait, reprend-t-il sur un ton plus sec. Il serait capable de tuer.
- Qu’il essaye, je l’attends de pied ferme.
- Il n’essayera pas, il le fera.

Il paraît bien sûr de lui. La curiosité me pousse à poser quelques questions sur leur relation.

- Qui est-il exactement pour toi ?

Le jeune homme se détend un peu et lâche un soupir :

- Plus qu’un simple chef de groupe, c’est certain. Par moment, j’ai l’impression que je pourrai presque le considérer comme un père.
- Et lui te considère comme son fils ?
- Je ne sais pas trop. Peut-être. En tout cas, il ne laisserait personne d’autre lui parler sur ce ton. Tim aime avoir le contrôle de la situation et, d’après lui, les sentiments sont une entrave au bon exercice de sa fonction. C’est quelqu’un de bien, malgré son air d’ours des cavernes, et je sais que, s’il le fallait, il n’hésiterait pas à donner sa vie pour sauver l’un d’entre nous.

Cela ne m’étonnerait pas que Tim ait perdu un fils qui ressemble plus ou moins à Khenzo. Ça expliquerait son indulgence vis-à-vis du jeune homme, qui ne s’est pas gêné pour remettre en question son autorité, et ce devant tout le monde. J’observe discrètement les compagnons de mon interlocuteur. Même s’ils paraissent détendus, je surprends quelques regards soupçonneux à mon égard. Et je les comprends. Ils n’ont aucune garantie sur mes intentions, si ce n’est ma parole et celle de Khenzo qui a – je ne sais pas vraiment pourquoi – décidé de me faire confiance. C’est peu. Je ne peux pas en vouloir à Tim d’être méfiant.

L’homme assis à mes côtés est retourné dans son mutisme. Il fixe le sol entre ses pieds, perdu dans ses pensées. Camélia, quant à elle, s’est à nouveau assoupie, serrant le bras de son épaule blessée contre sa poitrine. De manière générale, elle et ses compagnons portent tous des vêtements usés, déchirés, rapiécés. Quelques pièces renforcées, en cuir rembourré ou en métal, protègent leurs genoux, leurs coudes ou leurs épaules. Par exemple, Camélia s’est confectionné de petites épaulettes en cuir et en fer maintenus par un système un peu bizarre, fait de sangles et de boucles. Malheureusement pour la jeune femme, la balle a trouvé une trajectoire évitant la protection pour aller se loger juste à côté du passage de la sangle.

J’examine un peu plus attentivement leur équipement : quelques fusils d’assaut dernier cri, un large panel de semi-automatiques de la gamme HK, des couteaux en veux-tu, en voilà… Je crois même distinguer des brouilleurs de trace thermique au pied d’un baril, mais ils ont l’air endommagés et inactifs. La patrouille du PPNG a sûrement dû déclencher une mini-bombe IEM pour détruire leur matériel. Ce serait bien leur genre.

Plus qu'à passer à un autre personnage d'Horizons !