mardi 6 juillet 2010

Lueur d'espoir - Episode 5


- Merci, dis-je une fois sur mes pieds.
- Je t’en pris.

J’époussette mon manteau et ramasse mes affaires. L’homme m’attrape le poignet et me force à le regarder.

- Tu n’as toujours pas répondu à ma question. Qu’est-ce que tu faisais à nous surveiller là-bas ?

Je me dégage et commence à m’éloigner des lieux en regardant le détecteur de chaleur. Si j’avais le temps je leur aurais donné une sépulture décente. Comme pour tous les autres. Si j’avais le temps… Mais connaissant bien leur procédure de patrouille, cela n’allait pas être le cas.

- J’étais juste un peu curieuse. Je voulais savoir si c’était le PPNG ou l’OPPI.

L’autre ne réagit pas. De toute façon je sais que son groupe n’appartient à aucune de ces deux grandes organisations.

- Je te conseille de ne pas trop trainer dans les parages, une autre patrouille va bientôt débarquer pour voir ce qu’il est advenu de celle-là.

L’homme hoche la tête et me suis.

- Qui es-tu ? me demande-t-il.
- Peu importe qui je suis, je ne faisais que passer.

Je m’arrête et lève les yeux du détecteur. L’aube commence à pointer le bout de son nez à l’horizon. Une lueur rougeâtre s’élève au-dessus des carcasses des buildings et des maisons noyés sous les débris. L’homme se plante devant moi. Je le dévisage. Il doit avoir une vingtaine d’année, même s'il en paraît plus à cause de la faim et de la fatigue. Je sors un sachet d'abricots secs et lui en propose. J’en prends un à mon tour. Après avoir mangé il reprend la parole.

- Et bien, si tu ne restes pas qu'est-ce qui t'empêche de me dire au moins comment tu t'appelles ?

Je soupire et malgré moi je lui réponds.

- Xalyah.
- Pardon ?
- Xalyah... c'est mon prénom.
- Ha ! Moi c'est Khenzo.

Il me tend la main, mais je ne réagis pas. J’ai de nouveau les yeux rivés sur le détecteur de chaleur et ce que je vois n’est pas franchement réjouissant. Ce petit bijou de technologie est capable de repérer à dix kilomètres à la ronde la moindre source de chaleur, mais l’écran ne peut en afficher qu’un kilomètre carré à la fois. J’inspectais donc les environs sur les cinq kilomètres alentour. Le groupe de l’homme qui me tend toujours la main est retourné sur ces pas, et semble affronter un autre groupe d’individu. Les points lumineux s’agitent sur la carte. Je fronce les sourcils. Soudain plusieurs détonations résonnent au loin pour mourir à travers les ruines. Et merde…
La main de Khenzo retombe le long de sa cuisse. Ses traits se durcissent et ses muscles se contractent sous ses vêtements.

- C’est bien ce que je pense ? demande-t-il en grinçant des dents.
- J’en ai bien peur.

Sans attendre davantage il s’élance dans la première ruelle en direction des détonations. Je ne sais pas pourquoi mais mon intuition me dit de le suivre. Et je ne sais encore moins pourquoi je l’écoute.
Je m’élance à mon tour et le talonne de près. D’autres détonations résonnent à la chaine. Certaines proviennent de pistolet, d’autres de mitraillette. En tout cas, l’affrontement semble brutal. Quelques minutes seulement après les premiers coups de feu, le calme revient au-dessus des carcasses de béton et de métal. Khenzo accélère et je dois hausser le rythme pour rester derrière lui. Apparemment il fait parti de la catégorie des bons coureurs. Une chance finalement qu’une patrouille ait interrompu notre altercation. Je ne sais pas comment je m’en serais sorti sinon.
Je peine à manipuler le détecteur tout en courant. De ce que j’en vois, le nombre de point lumineux rouge a diminué de moitié. C’est pas bon signe.
Au bout d’un bon quart d’heure de course intense, il s’arrête brutalement dans une petite ruelle. Elle fait l’angle du bâtiment depuis lequel je l’observais, lui et son groupe, un peu plus tôt dans la nuit. Je manque de lui rentrer dedans et étouffe un juron. Il m’attrape par l’épaule et me plaque violemment contre le mur. Compris cinq sur cinq. Je la ferme.
L’homme jette un œil dans la rue principale. Il me fait signe d’avancer avec prudence. Par précaution j’enlève la sécurité du révolver que je viens de dégainer. Khenzo en fait de même avec son semi-automatique. On traverse rapidement la rue pour se plaquer dans le renfoncement d’un mur. Il me fait comprendre de surveiller nos arrières. Je le suis en longeant le mur jusqu’à ce que nous atteignions un grand rideau de fer. Alors qu’il s’apprête à me demander de l’aide pour le soulever le rideau s’ouvre d’un seul coup. Je pointe mon arme vers l’intérieur, distinguant vaguement des silhouettes dans l’ombre. L’homme qui m’accompagne a la même réaction. En une parfaite cacophonie tout le monde ordonne à tout le monde de rester là où il est et de baisser son arme.
Moment de silence.
Khenzo baisse son semi-automatique et éclate de rire, rapidement suivi par ceux qui nous font face. J’ai comme l’impression de me trouver bête à pointer mon arme dans le vide sous les éclats de rire. L’aîné du groupe sort de l’ombre pour prendre son compagnon dans les bras. Ils s’échangent quelques claques dans le dos, bien content d’être en vie.

- Que s’est-il passé ? demande Khenzo.

L’homme qui doit approcher la cinquantaine d’années fronce les sourcils et se gratte la tête. Les autres membres du groupe s’avancent un peu en me jetant des regards peu amicaux.

- Alors que nous revenions sur nos pas nous avons été surpris par une patrouille du PPNG. Là où ils sont ils n’emmerderont plus personne, rassure-toi. Par contre Camélia s’est pris une balle dans l’épaule et je n’ai rien pour l’extraire. Si elle continue à perdre autant de sang j’ai peur qu’elle ne s’en sorte pas avant qu’on atteigne la cité.

Jusque là j’étais restée à distance. Mais à ces mots je m’approche de Khenzo.

- J’ai de quoi assurer les premiers soins pour votre blessée.

L’aîné du groupe se tourne vers moi et m’attrape par le col de mon manteau. Son visage est à quelques centimètres du mien.

- T’es qui toi ?! siffle-t-il.
- Moi c’est Xalyah.

Ma voix est froide. Cet homme ne m’impressionne pas malgré ses airs de méchant garçon. Des types comme lui j’en ai croisé des tas. Il finit par me lâcher pour me tourner autour.

- C’était bien toi dans la banque ?
- Tim arrête, t’es ridicule là. On a plus urgent à faire.
- Ta gueule. On ne sait pas qui est cette gonzesse.

La moutarde me monte un peu au nez. J’en ai ma claque qu’on me manque de respect. C’est déjà la deuxième fois en moins d’une heure.

- Oui, c'était moi.

Je réajuste le col de mon manteau et fourre mes mains dans les poches.

- Que veux-tu ?
- Rien, j'étais juste curieuse de savoir de qui vous dépendiez.
- Nous ne dépendons de personne. Nous n'agissons pour personne. Nous...
- Oui j’avais remarqué.

Apparemment il n'a pas aimé la manière dont je l'ai coupé. Il me pousse contre le mur du hangar pour me dominer de toute sa taille.

- Quel âge as-tu ? Vingt-cinq ? Trente ans tout au plus ? Tu ne m’impressionnes pas. J'en ai au moins vingt de plus que toi et je ne ferai qu'une bouchée de ta petite personne.
- Des menaces ?
- Bon, Tim, arrête maintenant ! Khenzo l’attrape par le bras et le force à reculer. Je t'ai dit que t'étais ridicule. Elle m’a aidé face à l’autre patrouille du PPNG en en tuant plus de la moitié. Alors maintenant arrête ton cinéma et laisse-la aider Camélia. On a suffisamment d’ennemis comme ça, pas la peine d’aller s’en créer d’autres.
- Comment peux-tu être sûr qu’elle ne représente pas un danger pour nous tous ?
- Tu parierais la vie de Camélia là-dessus ?

Tim pousse un grognement de mécontentement et tourne le dos à son interlocuteur.

- Ha ! D’accord. Qu’elle aille s’occuper de Camélia. Mais je ne te lâcherai pas d’un pouce, rajoute-t-il en dardant son regard sur moi. Un pas de travers et ta vie sera réduite à néant.

Au moins ça a le mérite d’être clair.

Un petit speed fait à la va-vite et dont je ne suis pas particulière fière (pas mal d'erreur d'anatomie et de proportion). Mais... il me fallait un p'tit quelque chose pour illustrer la suite des aventures de notre Xalyah. Promis, la prochaine fois je prendrai mon temps pour mieux dessiner !
Je suis également sur un projet d'illustration beaucoup plus conséquent et qui me demande pas mal de temps... affaire à suivre donc.

3 commentaires:

  1. Youhouuuu !
    1st ! :)

    Toujours un plaisir Lysiah, j'attendais vraiment la suite avec impatiente et elle continue pile au bon moment. J'aime beaucoup. Les personnages sont bien méfiants, c'est pesant, c'est sympa ! :)

    J'ai été sage et je ne t'ai pas embêté pour avoir la suite mais là je t'avoue que.. ça titille.. j'aimerais bien savoir comment ça va se passer.
    Penses tu écrire la suite directe ou faire un petit bond dans le temps?

    PS : Belle explication du fonctionnement du radar ! ;)

    L'Âne.

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  2. Merci !

    La suite est déjà écrite. J'ai de quoi faire plusieurs articles avec. Mais je prendrai plus de temps pour faire des illustrations potables.
    Et je posterai d'autre chose entre temps aussi je l'espère.

    Aller, je suis sympa (oui ça m'arrive :p), alors je vais t'aiguiller un peu. Non il n'y a pas de bond dans le temps. L'action continuera de se dérouler là où elle s'est arrêtée. C'est un récit à la première personne et au présent, donc je ne me vois pas faire un bond dans le temps. En tout cas pas maintenant alors que ça commence tout juste... ^^

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  3. Héhé,
    C'est que ça donne envie.. ! :D

    Aller, à tes crayons, aller aller !
    C'est qu'il commence à y avoir des fans qui attendent.. ^^

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