jeudi 26 août 2010

Le retour !

Je m'étais pourtant dit que je n'y remettrais pas les pieds de si tôt. Et pourtant...

Lysiah regarda Octene et sourit à la blague de la svelte elfe. Voilà longtemps qu'elles ne s'étaient pas retrouvées toutes les deux cotes à cotes pour de nouvelles épopées.
Chacune avait vécu sa vie de son coté pendant presque un an. Elles avaient mûri, elles avaient vu du pays.
Aujourd'hui elles se retrouvaient en toute amitié dans une échoppe de Dalaran. Il s'en était passé des choses ici depuis qu'elles étaient parties. Elles se racontèrent leur vie pendant un moment encore.
La nuit était bien avancée quand Octene posa les deux mains sur la table d'un air résolu. Il était temps. L'elfe de la nuit attrapa son barda et le jeta sur l'épaule pour se diriger vers la porte. Lysiah regarda la silhouette de la druidesse se détacher dans l'embrasure de la porte. Oui, il était temps qu'elles se remettent au travail. La prêtresse prit son bâton et épousseta sa robe. Il était grand temps de reprendre du poil de la bête.
Les deux jeunes femmes remontèrent la rue jusqu'à la banque. Elles avaient deux trois petites choses à faire avant de marcher vers leur destin...

Quelques souvenirs remontent en surface, quelques visages amicaux croisés au détour d'une rue de Dalaran. Alors on fourre son nez dans les réputations qu'il reste à monter, dans le stuff qui est dépassé depuis belle lurette, dans les nouveaux items, nouvelles instances, ou donjons jamais explorés. L'envie revient, mais avec réserve. L'instinct du healer reprend le dessus, les vieilles habitudes refont surface.

Le nouveau système des donjons aléatoire est bien vu. Trop bien même. On perd l'aspect social du jeu. Le fait d'en chier pour trouver des gens avec qui grouper. A peine un "salut" au début du donjon et un "à+" à la fin. Faut faire ça vite, toujours plus vite, encore plus vite. Mais au moins les emblèmes tombent rapidement. Alors il faut vite se stuffer, toujours se stuffer et encore se stuffer. L'optimisation c'est bien, mais ça peut tuer l'ambiance de jeu par moment.
Il n'y a pas à dire, je regrette vraiment les temps du RvR de DAoC. Cela avait un autre goût, une autre dimension, une immersion beaucoup plus grande ! Le stuff n'était pas une fin en soi. Encore fallait-il savoir jouer...

vendredi 30 juillet 2010

Un air de liberté


Le roulement des vagues sur la plage résonnait comme un chant lancinant et apaisant. L'air frais et chargé d'une odeur qui lui était si particulière balaya les mèches de sa nuque.
Les rayons du soleil lui procurait une agréable sensation.
Il était temps. Temps de partir pour s'évader. Temps de partie pour rêver un peu...
Enfin ce petit air de liberté que nous chérissons tous semble arriver.


Voilà une année bien remplie qui se termine, pour démarrer prochainement de nouvelles aventures palpitantes !

mercredi 21 juillet 2010

Réflexions

Il est des guerres où nous avons tous un rôle à jouer. Il est des guerres qui ne sont pas guerre, mais des simulacres d’une bataille perdue d’avance.
Aujourd’hui qui sommes-nous en dehors de ces pantins qui jouent une scène déjà écrite et finie ? Rien. Nous ne sommes rien et en même temps nous sommes tout. Absurde. Comme notre société.
Si Dieu est mort le jour où le pain a été fabriqué industriellement, l’Homme est mort le jour où il a transposé son rêve dans la vie. Mauvais choix, mauvaise transposition. Le rêve est devenu encore plus inaccessible et la vie s’est transformée en cauchemar. Quoi de plus terrifiant que de constater la simplicité de vivre hors de portée ? On s’engouffre dans une crevasse sans fond où l’on doit plaquer du sens sur tout ce qui nous entoure. Pourquoi le noir est-il si dense ? Le grain du papier symbolise-t-il le lien entre l’objet réel et sa représentation ? Le rouge est-il passion, amour ou souffrance ? Tant de choses tellement évidentes qu’elles en deviennent banales, tant de choses tellement acquises dans nos pensées et modes de fonctionnement qu’à la fin elles n’ont plus de sens.
Donner un sens à tout ce qui existe, une raison à tout ce qui est et n’est pas, n’est-ce pas finalement perdre ce qui fait notre monde ? Si l’on ne peut plus s’émerveiller sur le moindre évènement sans qu’une formule mathématique et tout un raisonnement scientifique n’en explique l’origine, le développement, et la finalité, quel intérêt avons-nous d’être ici ? A l’émerveillement et la spontanéité, se substituent le désabusement et le raisonnement logique.
Notre société n’a-t-elle pas épuisé tous les bénéfices de la certitude ? L’incertitude, voilà ce qui redonnerait du sens à la présence animale, végétale et minérale, sur cette planète que nous appelons la Terre bleue comme une orange.


Des questions, encore des questions, toujours des questions... Mais où cela nous mènera-t-il ma chère petite Lysiah ?

lundi 19 juillet 2010

Lueur d'espoir - Episode 6


J’emboite le pas de Khenzo qui m’emmène vers le fond du hangar. Une jeune femme aux cheveux blonds et turquoise est allongée sur une paillasse. Tout son coté gauche est recouvert de sang. Son t-shirt a été découpé au niveau de l’épaule et un bandage sommaire essaye de tenir le rôle d’un garrot. Elle a perdu beaucoup de sang et le flot ne s’est pas encore tari. A ce rythme elle est condamnée si on ne fait rien.

Je m’agenouille à coté d’elle. Dans la pénombre je distingue ses traits livides. Elle souffre en silence, essayant de garder un rythme cardiaque stable.

- Qui es-tu ? me demande-t-elle dans un souffle saccadé.
- Garde tes forces. On aura tout le loisir de faire connaissance plus tard.

J’ouvre mon sac et sort la trousse de premier soin que je me suis constituée. Khenzo prend place de l’autre coté de Camélia et lui pose une main sur le front en prononçant quelques paroles rassurantes. Je prends un flacon, du coton et une pince à épiler. Une fois la pince désinfectée j’écarte le bandage et observe la plaie. La balle est bien logée au fond de la blessure. La jeune femme s’agite et je sens son pouls s’accélérer.


- Tout va bien se passer. Compte jusqu’à trente.
- Pardon ?

Malgré la douleur elle trouve la force de prendre un air interloqué.

- Discute pas et compte.

Elle regarde Khenzo qui hoche la tête.

- Un, deux…

J’enfonce la pince dans la plaie à la recherche de la balle et d’une bonne prise. Camélia ne peut s’empêcher de crier.

- Ne t’arrête pas de compter ! Aller !
- Trois… qua… quatre… cinq…

La jeune femme serre la main de l’homme qui me dévisage curieusement. Je continue de fouiller la plaie. Le sang coule à nouveau en abondance. Je dois me dépêcher. A vingt je tiens enfin fermement la balle entre la pince. Je la retire d’un coup sec. Camélia perd connaissance. Ce n’est pas plus mal. J’imbibe un linge propre de désinfectant et nettoie bien la plaie. J’attrape ensuite une aiguille et coupe un morceau de fil. Quelques minutes plus tard la blessure est recousue. Je me suis appliquée le plus possible et normalement elle ne devrait garder qu’une petite cicatrice. Khenzo prend le comprimé que je lui tends.

- Fais lui avaler ça. Elle supportera mieux la douleur.
- Merci…
- C’est normal.

En me relevant je m’aperçois que tout le groupe a les yeux rivés sur nous. Certains me regardent avec méfiance, d’autres avec curiosité. Tim, lui, me dévisage avec haine. Décidément celui-là ne peut vraiment pas me sentir.

- Est-ce qu’il y a un endroit où je pourrai me débarbouiller ?
- Oui, bien sûr, répond Khenzo alors qu’il tente de faire reprendre connaissance à Camélia. Tu montes l'escalier que tu vois là-bas et au fond du bureau il y a une ancienne salle de bain. Il y a de l’eau mais elle n’est pas potable.

La salle de bain n'est pas un exemple de propreté mais je ne vais pas m'en plaindre. Les points d'eau sont difficiles à trouver depuis que Macrélois a coupé la plupart des systèmes de canalisation en dehors des territoires sécurisés. Voilà plusieurs jours que j'en cherchais un. Je remplis toutes mes gourdes vides et rajoute des pastilles effervescentes. Il ne m'en reste plus qu'un paquet de vingt ; il faudra que je trouve bientôt un fournisseur. Je range les gourdes dans mon sac et inspecte la pièce. Il y a un vieux miroir tout crasseux au-dessus du lavabo ; j'enlève une partie de la poussière et contemple mon reflet. Les paroles de Tim me reviennent à l'esprit : "Quel âge as-tu ? Vingt-cinq ? Trente ans tout au plus ?". Si seulement… C'est vrai qu'en l'espace d'un an et demi j'ai vécu bien des choses. J’ai vu des choses que je n’aurai jamais dû voir. J’ai fait des choses que je n’aurais jamais dû faire. Je soupire. Je suis un peu las de porter ce masque impassible. Il y a des jours où c’est plus dur à supporter. Demain ça ira mieux. "Ne jamais montrer ces faiblesses"... La phrase préférée de mon père. J’ai bien retenu la leçon. Je m'approche un peu plus du miroir jusqu'à ce que mon nez touche la surface froide. J'ai les mêmes yeux gris vert que ma mère. Un héritage de famille qui se transmet de mère en fille d’après ce qu’elle me disait. Elle aimait dire que les miens étaient les plus beaux de la famille. Sacrée maman. Je ne l’ai jamais cru une seconde. Mes cheveux, quant à eux, ressemblent actuellement à un grand champ de bataille. Poussiéreux, ils ont pris une teinte blanchâtre à force d’avoir trainé dans la poussière. Cela me vieillit encore plus. Une bonne douche leur redonnera leur couleur naturelle.
Je retire mes vêtements et me glisse dans la douche. L’eau est froide et me donne la chair de poule. Je me frictionne rapidement, enlevant la fatigue et la poussière de ces derniers jours. Une fois sèche j'enfile des vêtements propres ; un short, un tee-shirt ainsi que mes bas et mes bottes. C'est un peu léger pour la saison mais je n'ai rien d'autre en réserve. Je lave mes autres vêtements et les essore du mieux que je peux. Une fois toutes mes affaires rangées je redescends dans la grande pièce du hangar. Il y a de vieux bidons en métal et quelques cagettes qui trainent ici et là. Globalement l’endroit semble entretenu et régulièrement occupé.
Le rideau de fer a été tiré et un feu brûle ardemment dans l’un des bidons. Le groupe est réparti tout autour et discute calmement. La tension semble être redescendue. Khenzo est toujours aux cotés de Camélia dans un angle du fond. Je m’approche d’eux. La jeune femme semble aller un peu mieux et avoir reprit des couleurs. Elle me fait un signe de la tête en guise de remerciement. Tim nous rejoins à ce moment-là et se plante devant moi. Il a l’air toujours aussi furieux.

- Ce n’est pas parce que tu as soigné Camélia que tu dois te croire chez toi ici. Alors prend tes affaires et fous le camp !
- C’est demandé si gentiment…
- Ne fais pas la maligne avec moi !

Tim m’attrape à nouveau par le col de mon manteau et me plaque violemment contre le mur. Je lâche mon sac sous le coup. Le silence accompagne sa chute. Tous les regards sont braqués sur nous à présent. Il colle son avant bras sous ma gorge et se rapproche de mon visage.

- Tu n’es pas la bienvenue ici, grince-t-il. Je ne te le dirais pas trois fois, prend tes affaires et barres-toi !
- Mais…
- Il n’y a pas de « mais » ! Ferme-la ! Je t’ai dis de te casser !

Tim resserre son étreinte. Khenzo décide d’intervenir à ce moment-là pour nous séparer. Le quinquagénaire rechigne à me lâcher si bien que le jeune homme est obligé de l’empoigner de force pour l’éloigner.

- Tu fais chier Tim. Elle a sauvé la peau de Camélia et c’est comme ça que tu la remercies ?
- J’aime pas cette gonzesse. Elle va nous attirer des ennuis je le sens.

J’aime beaucoup quand on parle de moi comme si je n’étais pas là alors que je me tiens à quelques centimètres…

- Arrête ta paranoïa. Elle restera ici aujourd’hui si elle le souhaite. La nuit a été rude pour tout le monde. Alors n’en rajoute pas.
- Non… je…
- Arrête je te dis !

Khenzo repousse violemment Tim vers le feu et lui fait signe de s’asseoir.

- Je t’ai connu moins ronchon. Alors si tu veux jouer à ça, reste là à ruminer dans ton coin et arrête de nous casser les pieds comme ça.

C’est presque comique de voir l’aîné du groupe se faire rabrouer de la sorte. Il croise les bras et continue de marmonner des injures.
Le jeune homme revient vers moi. Je n’ai pas encore osé bouger, attendant de voir comme les choses allaient tourner. Il s’approche de moi et me dévisage quelques minutes en silence. Je finis par prendre la parole.

- Ecoute, je ne veux pas vous embêter. Alors je vais ramasser mon sac et m’en aller. Ce sera plus simple comme ça.
- Non, non. Tu peux rester ici, répond-t-il pensif. Sauf si tu as un meilleur endroit pour passer la journée et dormir cette nuit. Il ne faut pas en vouloir à Tim. Ces derniers jours ont été un peu éprouvant pour nous, il a les nerfs à vif.
- Je comprends, les temps qui courent sont durs.

Je me laisse glisser contre le mur pour m’asseoir. Je n’ai pas envie de refuser l’offre de Khenzo. Je suis trop fatiguée pour refuser un abri sûr.

J'ai sorti mon stylet et me suis enfin penchée sur une illustration "potable" ! La suite des aventures au prochain épisode...

vendredi 16 juillet 2010

Une page se tourne...


Lysiah s'envole vers de nouvelles aventures après presque huit mois de stage chez F4. Une expérience enrichissante, et plein de bonnes bouilles qui lui laisseront beaucoup de bons souvenirs.
Merci l'équipe test ! Et bonne continuation à tous !

samedi 10 juillet 2010

Inspiration


Lysiah peut-elle vivre de ses rêves ?


Je crois que c'est ça la bonne question...

mardi 6 juillet 2010

Lueur d'espoir - Episode 5


- Merci, dis-je une fois sur mes pieds.
- Je t’en pris.

J’époussette mon manteau et ramasse mes affaires. L’homme m’attrape le poignet et me force à le regarder.

- Tu n’as toujours pas répondu à ma question. Qu’est-ce que tu faisais à nous surveiller là-bas ?

Je me dégage et commence à m’éloigner des lieux en regardant le détecteur de chaleur. Si j’avais le temps je leur aurais donné une sépulture décente. Comme pour tous les autres. Si j’avais le temps… Mais connaissant bien leur procédure de patrouille, cela n’allait pas être le cas.

- J’étais juste un peu curieuse. Je voulais savoir si c’était le PPNG ou l’OPPI.

L’autre ne réagit pas. De toute façon je sais que son groupe n’appartient à aucune de ces deux grandes organisations.

- Je te conseille de ne pas trop trainer dans les parages, une autre patrouille va bientôt débarquer pour voir ce qu’il est advenu de celle-là.

L’homme hoche la tête et me suis.

- Qui es-tu ? me demande-t-il.
- Peu importe qui je suis, je ne faisais que passer.

Je m’arrête et lève les yeux du détecteur. L’aube commence à pointer le bout de son nez à l’horizon. Une lueur rougeâtre s’élève au-dessus des carcasses des buildings et des maisons noyés sous les débris. L’homme se plante devant moi. Je le dévisage. Il doit avoir une vingtaine d’année, même s'il en paraît plus à cause de la faim et de la fatigue. Je sors un sachet d'abricots secs et lui en propose. J’en prends un à mon tour. Après avoir mangé il reprend la parole.

- Et bien, si tu ne restes pas qu'est-ce qui t'empêche de me dire au moins comment tu t'appelles ?

Je soupire et malgré moi je lui réponds.

- Xalyah.
- Pardon ?
- Xalyah... c'est mon prénom.
- Ha ! Moi c'est Khenzo.

Il me tend la main, mais je ne réagis pas. J’ai de nouveau les yeux rivés sur le détecteur de chaleur et ce que je vois n’est pas franchement réjouissant. Ce petit bijou de technologie est capable de repérer à dix kilomètres à la ronde la moindre source de chaleur, mais l’écran ne peut en afficher qu’un kilomètre carré à la fois. J’inspectais donc les environs sur les cinq kilomètres alentour. Le groupe de l’homme qui me tend toujours la main est retourné sur ces pas, et semble affronter un autre groupe d’individu. Les points lumineux s’agitent sur la carte. Je fronce les sourcils. Soudain plusieurs détonations résonnent au loin pour mourir à travers les ruines. Et merde…
La main de Khenzo retombe le long de sa cuisse. Ses traits se durcissent et ses muscles se contractent sous ses vêtements.

- C’est bien ce que je pense ? demande-t-il en grinçant des dents.
- J’en ai bien peur.

Sans attendre davantage il s’élance dans la première ruelle en direction des détonations. Je ne sais pas pourquoi mais mon intuition me dit de le suivre. Et je ne sais encore moins pourquoi je l’écoute.
Je m’élance à mon tour et le talonne de près. D’autres détonations résonnent à la chaine. Certaines proviennent de pistolet, d’autres de mitraillette. En tout cas, l’affrontement semble brutal. Quelques minutes seulement après les premiers coups de feu, le calme revient au-dessus des carcasses de béton et de métal. Khenzo accélère et je dois hausser le rythme pour rester derrière lui. Apparemment il fait parti de la catégorie des bons coureurs. Une chance finalement qu’une patrouille ait interrompu notre altercation. Je ne sais pas comment je m’en serais sorti sinon.
Je peine à manipuler le détecteur tout en courant. De ce que j’en vois, le nombre de point lumineux rouge a diminué de moitié. C’est pas bon signe.
Au bout d’un bon quart d’heure de course intense, il s’arrête brutalement dans une petite ruelle. Elle fait l’angle du bâtiment depuis lequel je l’observais, lui et son groupe, un peu plus tôt dans la nuit. Je manque de lui rentrer dedans et étouffe un juron. Il m’attrape par l’épaule et me plaque violemment contre le mur. Compris cinq sur cinq. Je la ferme.
L’homme jette un œil dans la rue principale. Il me fait signe d’avancer avec prudence. Par précaution j’enlève la sécurité du révolver que je viens de dégainer. Khenzo en fait de même avec son semi-automatique. On traverse rapidement la rue pour se plaquer dans le renfoncement d’un mur. Il me fait comprendre de surveiller nos arrières. Je le suis en longeant le mur jusqu’à ce que nous atteignions un grand rideau de fer. Alors qu’il s’apprête à me demander de l’aide pour le soulever le rideau s’ouvre d’un seul coup. Je pointe mon arme vers l’intérieur, distinguant vaguement des silhouettes dans l’ombre. L’homme qui m’accompagne a la même réaction. En une parfaite cacophonie tout le monde ordonne à tout le monde de rester là où il est et de baisser son arme.
Moment de silence.
Khenzo baisse son semi-automatique et éclate de rire, rapidement suivi par ceux qui nous font face. J’ai comme l’impression de me trouver bête à pointer mon arme dans le vide sous les éclats de rire. L’aîné du groupe sort de l’ombre pour prendre son compagnon dans les bras. Ils s’échangent quelques claques dans le dos, bien content d’être en vie.

- Que s’est-il passé ? demande Khenzo.

L’homme qui doit approcher la cinquantaine d’années fronce les sourcils et se gratte la tête. Les autres membres du groupe s’avancent un peu en me jetant des regards peu amicaux.

- Alors que nous revenions sur nos pas nous avons été surpris par une patrouille du PPNG. Là où ils sont ils n’emmerderont plus personne, rassure-toi. Par contre Camélia s’est pris une balle dans l’épaule et je n’ai rien pour l’extraire. Si elle continue à perdre autant de sang j’ai peur qu’elle ne s’en sorte pas avant qu’on atteigne la cité.

Jusque là j’étais restée à distance. Mais à ces mots je m’approche de Khenzo.

- J’ai de quoi assurer les premiers soins pour votre blessée.

L’aîné du groupe se tourne vers moi et m’attrape par le col de mon manteau. Son visage est à quelques centimètres du mien.

- T’es qui toi ?! siffle-t-il.
- Moi c’est Xalyah.

Ma voix est froide. Cet homme ne m’impressionne pas malgré ses airs de méchant garçon. Des types comme lui j’en ai croisé des tas. Il finit par me lâcher pour me tourner autour.

- C’était bien toi dans la banque ?
- Tim arrête, t’es ridicule là. On a plus urgent à faire.
- Ta gueule. On ne sait pas qui est cette gonzesse.

La moutarde me monte un peu au nez. J’en ai ma claque qu’on me manque de respect. C’est déjà la deuxième fois en moins d’une heure.

- Oui, c'était moi.

Je réajuste le col de mon manteau et fourre mes mains dans les poches.

- Que veux-tu ?
- Rien, j'étais juste curieuse de savoir de qui vous dépendiez.
- Nous ne dépendons de personne. Nous n'agissons pour personne. Nous...
- Oui j’avais remarqué.

Apparemment il n'a pas aimé la manière dont je l'ai coupé. Il me pousse contre le mur du hangar pour me dominer de toute sa taille.

- Quel âge as-tu ? Vingt-cinq ? Trente ans tout au plus ? Tu ne m’impressionnes pas. J'en ai au moins vingt de plus que toi et je ne ferai qu'une bouchée de ta petite personne.
- Des menaces ?
- Bon, Tim, arrête maintenant ! Khenzo l’attrape par le bras et le force à reculer. Je t'ai dit que t'étais ridicule. Elle m’a aidé face à l’autre patrouille du PPNG en en tuant plus de la moitié. Alors maintenant arrête ton cinéma et laisse-la aider Camélia. On a suffisamment d’ennemis comme ça, pas la peine d’aller s’en créer d’autres.
- Comment peux-tu être sûr qu’elle ne représente pas un danger pour nous tous ?
- Tu parierais la vie de Camélia là-dessus ?

Tim pousse un grognement de mécontentement et tourne le dos à son interlocuteur.

- Ha ! D’accord. Qu’elle aille s’occuper de Camélia. Mais je ne te lâcherai pas d’un pouce, rajoute-t-il en dardant son regard sur moi. Un pas de travers et ta vie sera réduite à néant.

Au moins ça a le mérite d’être clair.

Un petit speed fait à la va-vite et dont je ne suis pas particulière fière (pas mal d'erreur d'anatomie et de proportion). Mais... il me fallait un p'tit quelque chose pour illustrer la suite des aventures de notre Xalyah. Promis, la prochaine fois je prendrai mon temps pour mieux dessiner !
Je suis également sur un projet d'illustration beaucoup plus conséquent et qui me demande pas mal de temps... affaire à suivre donc.

samedi 19 juin 2010

Du temps de Néron



On passe sa vie à se poser des questions. De bonnes questions. De mauvaises questions. Des questions qui en sont, et d'autres qui n'en sont pas.
Si Lysiah avait vécu à l'époque de Néron qu'aurait-elle été ?
Aurait-elle joué le rôle de la mère protectrice, envahissante, meurtrière ? Aurait-elle donné sa vie pour placer son fils sur le trône ?
Aurait-elle joué le rôle de l'épouse et sœur adoptive ? Se serait-elle pliée aux règles de la haute société à en mourir ?
Aurait-elle joué le rôle de la belle-mère comploteuse ? Aurait-elle ourdi des meurtres en secret et échoué pour mourir plus tard ?
Où se trouve la place de la vérité, de l'honnêteté et de la raison dans un monde d'une telle démesure ? Sûrement pas dans les livres d'Histoire. Tacite et Suétone avaient leur propre enjeux, leur propre implication dans l'Histoire. Comment être objectif ? Comment être impartial ? Ceux qui sont coupables pour les uns sont innocents pour les autres. C'est trop facile d'accuser à tord et à travers. Que sait-on vraiment de tout ça ? Caligula était-il vraiment le fou qui fait ramasser des coquillages à son armée parce que le "son est beau" ? Ou était-il un empereur à la main de fer qui maintient la discipline dans ses rangs, punissant les indisciplinés ? Néron était-il cet empereur fou qui chantait "La chute de Troie" devant les flammes ravageant Rome ? Où était-il un empereur soumis à la pression des complots et des assassinats de son entourage ? Comment démêler le vrai du faux sans se fourvoyer... vaste chantier.
Lysiah aurait probablement vogué en eaux troubles saisissant les opportunités pour survivre, saisissant les occasions pour vivre. La débauche de cette époque n'est peut-être pas si différente de la débauche de "notre" époque. L'hypothétique Lysiah de la Rome antique n'est peut-être pas si différente de la Lysiah actuelle. L'ère du numérique n'est-elle pas une débauche de luxe et de gadgets ? L'essence de la nature humaine réside dans ses excès. Les pires comme les meilleurs. Les merveilles sont les excès luxueux des fous. Pourtant on les admire. L'abîme dans lequel on plonge avec horreur est le même abîme que l'on observe avec fascination.
L'Homme est fasciné par ses propres excès. Lysiah est fascinée par ces propres forces et faiblesses qui signeront sa fin un jour ou l'autre, et ce dans n'importe quel univers.


Néron avait peut-être compris une chose que Lysiah ne peut pas et ne veut pas comprendre : on survit toujours au détriment d'un autre, qu'on le veuille ou non.


Une bible sur Néron... de quoi cogiter pendant des heures et des heures. Un enseignement de vie, de lutte de pouvoir, et d'ambition ! Une époque sombre et mystérieuse qui nous fait plonger dans un univers de velours et de venin...

vendredi 11 juin 2010

Lueur d'espoir - Episode 4

Un peu fatiguée après une nuit aussi courte, mon attention se relâche alors que mes pensées divaguent sur toutes les possibilités inimaginables. J’imagine que l’ennemi se fait passer pour des gens de la population locale afin de s’infiltrer à tous les niveaux. Si Macrélois tient tant que ça à reprendre le contrôle de la France et de ses frontières, c’est ce qu’il aurait de mieux à faire. Il pourrait répandre des rumeurs, camoufler les bévues et inventer des faits qui pousseraient les gens à se rallier à lui sans résister. Et d’après ce que j’avais pu apercevoir, la bonne parole serait bientôt prêchée par des âmes innocentes et juvéniles. Si seulement…
Ruminant ces idées pas très gaies, je pose mon menton sur la paume de mes mains et lâche un soupir. La petite pierre, sagement disposée à coté de ma mitraillette, n’attendait que de se faire pousser d’un centimètre pour se faire gentiment la malle, dégringoler les deux étages en un bruit assourdissant et rouler de l’autre coté de la rue pour s’arrêter au pied d’une des femmes. J’en aurais rigolé si je ne savais ce que ça signifie. Déjà ça s’agite en bas, l’aîné criant une série d’ordre à chacun des membres du groupe.
Et c'est reparti. Décidément ce n'est pas mon jour... ou plutôt ma nuit. Comme la fois précédente je gagne le toit de l'immeuble. Plus tôt, j'avais repéré que je pouvais rejoindre un second immeuble par le toit en cas de pépin, et m'enfuir par là. Je jette tout de même un regard sur le détecteur de chaleur, j'ai l'impression qu'ils sont tous entrés dans le hall. Cela me facilitera les choses. Je traverse à nouveau les gravas dans l’autre sens et me hisse le long d’une échelle de secours rouillée qui tient encore par je ne sais quel miracle. Sur les décombres du toit j’escalade les murs à moitié effondrés pour atteindre une partie encore maintenue par des poutres en ferraille. Essoufflée, je reprends ma respiration. La nuit est encore bien noire, mais je sens de l’agitation un peu plus bas dans les ruines. Sans prendre le temps de regarder le détecteur de chaleur pour savoir exactement où sont situés les membres du groupe, je saute sur le toit voisin.
La cavalcade reprend. Je dois mettre le plus de distance possible entre eux et moi. Je traverse le toit en courant et en pestant contre ma connerie. Quelle idée j’ai eu ! La prochaine fois, c'est promis, je serais moins curieuse. Je saute d’étage en étage amortissant ma chute du mieux possible. Je traverse le hall pour gagner la rue. Coup d’œil à droite. Personne. Coup d’œil à gauche. Personne. Je me remets à courir. Moi qui n'aimais pas l'endurance, c'est devenu un de mes passe-temps les plus courants.
Après dix minutes de course intense je ralentis un peu le rythme. Mes poursuivants doivent sûrement avoir abandonné. Je relâche ma vigilance et reprends mon souffle. Même si j’en ai l’habitude, c’est toujours éprouvant. Après avoir réussi à calmer les battements de mon cœur je tends l’oreille. Je n’entends plus rien à par la torpeur d’une ville en ruine. Je n’ai plus rien à craindre. Ils ont sûrement rebroussé chemin, voyant que je ne cherchais pas à les affronter. Je range enfin correctement mon sac et le boucle solidement. La mitraillette pend en bandoulière sur mon flanc droit. Je balance mon barda sur l’épaule et me remet en route le cœur plus léger. Finalement cette petite mésaventure se finit bien.
Enfin c’est ce que je croyais…
Alors que j’arrive à un croisement quelqu’un que je n’ai pas entendu arriver se jette sur moi. Avant même de comprendre quoi que ce soit je roule à terre et me rétabli sur mes pieds prête à partir. Mais l'individu, toujours au sol, m'attrape les jambes et me fait tomber. Je mors une seconde fois la poussière. Un coup de poing m'assomme à moitié. Mon sac et la mitraillette m’encombrant je m’en débarrasse pour parer un second coup de poing. Alors que l’homme arme à nouveau son poing je me dégage de son emprise et me relève promptement. Je lui lance un coup de pied dans les cotes qui lui coupe le souffle. Je ne ferais pas le poids face à lui. Il ne me reste qu’une seule solution. La fuite. Comme d’habitude. Dans la foulée j'attrape mon sac et en sors le détecteur pour m'assurer une issue. Après une centaine de mètres parcourus à toute allure, je m’aperçois que mon agresseur me poursuit. Et le pire c’est qu’il regagne du terrain. Il est coriace celui-là. Je ne sais toujours pas comment je vais me sortir de ce pétrin. Il n’y a pas d’autre chemin que cette ruelle étroite qui débouche dans cinq cent mètres sur un carrefour. Ce qui devait arriver arriva. Quelques mètres avant le carrefour l’homme m’attrape le bras et me projette contre le mur en m’attrapant à la gorge. Il me dépasse d’une bonne tête, et sa veste en cuir craque lorsqu’il me soulève du sol. Pour la première fois je croise son regard. Ses yeux noisette ne transpire ni cruauté, ni violence. Juste de la colère et un peu d’anxiété. Je lâche la sangle de mon sac pour attraper son poignet et soulager la pression de sa poigne sur ma gorge. Mes pieds sont à quelques centimètres du sol et je commence à manquer d’air. Je suis fichue.

- Qu’est-ce que tu nous veux ?! Pourquoi tu nous surveillais ? Tu es à la solde de qui ?

Il a le souffle court et rauque. Le coup que je lui ai donné dans les cotes continue de l’indisposer. Je tente de répondre mais ses doigts serrent de plus en plus ma gorge. Il donne un coup de poing dans le mur à quelques centimètres de mon visage.

- Répond !

Même si j’en ai envie je ne peux pas. Mes yeux quittent son regard pour balayer les environs. Quelque chose dans le paysage attire mon regard. Cette fois pas de doute c’est bien une patrouille du PPNG qui s’approche de nous. Paniquée je fais signe à l’homme qui me tient fermement de regarder derrière lui. Intrigué il jette un regard par-dessus son épaule. Son étreinte se ressert encore. Il se retourne lentement vers moi.

- Tu es avec eux ? murmure-t-il.

Je fais signe de la tête que non. Il regarde alors mes armes fixées à mes cuisses par des sangles. Ses yeux se plantent à nouveau dans les miens.

- Lorsqu’ils seront à vingt mètres tu prends les cinq qui sont à gauche et moi les cinq autres à droite. Compris ?!

Je fais signe de la tête que j’ai compris. Il me repose doucement au sol et relâche enfin ses doigts autour de mon cou. J’avale une bouffée d’air de travers manquant de m’étouffer. L’homme me fait les gros yeux.

- On aimerait bien en profiter aussi ! D’où tu la sors cette chienne ?! déclare l'un des soldats.
- A combien de mètres sont-ils ? murmure à nouveau l’homme.

Je me décale un peu pour apercevoir les dix hommes armés jusqu’aux dents qui se rapprochent de nous.

- Trente mètres.
- Tu es bonne tireuse ?
- Je me débrouille.
- Alors maintenant !

Tout en me jetant sur la droite je dégaine mes deux revolvers et tire sur les cinq hommes à droite. Toutes mes balles font mouche. Et avant même que l’un d’eux ne réagissent les dix hommes se retrouvent à terre. Trois d’entre eux font mine de bouger, je vise à nouveau et tire trois fois. Trois tirs parfaits qui achèvent les victimes. L’homme regarde les corps étendus trente mètres plus loin. puis lève un sourcil dans ma direction. La colère a disparu de ses yeux. Il me tend la main pour m’aider à me relever. Nous allons peut-être pouvoir repartir sur de bonnes bases. Si tant est qu’on puisse trouver la mort de dix hommes être une bonne base.

Voici donc le retour de Xalyah !
Il est de ces rencontres qui peuvent changer le cours des choses. C'est ce que l'on attend tous. Ces petits quelques choses qui font que notre vie prend un autre tournant, une autre dimension.

mercredi 26 mai 2010

A monde exotique, une vie héroïque !

Et si Lysiah était une héroïne ?
Et si Lysiah était quelqu'un d'important ?
Et si Lysiah avait des super pouvoirs de la mort ?
Et si Lysiah avait une tâche à accomplir de la plus haute importance ?


Et si Lysiah ... ?


Non. Lysiah n'est pas une héroïne. Pas plus que madame tout le monde.
Non. Lysiah n'est pas importante. Pas plus qu'un grain de sable dans l'immense sablier qu'est le temps.
Non. Lysiah n'a pas de super pouvoirs de la mort. Juste le pouvoir d'être là.
Non. Lysiah n'a pas de tâche suprême à accomplir. Juste la tâche de survivre.


Alors quoi ?


Dans le monde réel, certes il n'y a pas d'héroïne, il n'y a pas de personne importante, il n'y a pas de super pouvoirs, il n'y a pas de tâche à accomplir.
Mais dans l'autre monde... dans l'autre monde tout est permis.


A l'heure actuelle Lysiah est l'héroïne du quotidien qui vaincra le lessivage à coups de superbes éponges magiques, qui vaincra la peinture à coups de pinceaux enchantés, qui vaincra le boulot à coups de vitamines surpuissantes, qui vaincra les cours à coups d'énergie débordante, qui vaincra les projets personnels à coups de force herculéenne, qui vaincra la foule en délire des transports en communs à coups de coude vigoureux.


Quel monde exotique ! Quelle vie parallèle héroïque !

dimanche 16 mai 2010

A deux...



Alors qu’il contemplait le charnier que les ombres du crépuscule envahissaient, une silhouette se détacha de cette masse de chair et de sang. Une silhouette féline et svelte dont la démarche souple et lente trahissait une grande fatigue.
Une certitude lui perça le cœur et l’âme avec la même évidence que le vent caressait la maigre végétation alentour. Il ne serait plus jamais seul. Ils ne seraient plus seuls.
A mesure qu’elle gravissait la colline, il distinguait plus nettement ces traits. Aussi couverte de sang que lui, la femme ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Alors qu’elle arrivait au sommet il lui tendit une main gantée pour l’aider à monter sur la pierre plate.
Pas un mot ne fut échangé. Pas un regard ne fut accordé. Seul le silence de la mort les enveloppait dans un linceul qui finirait par les étouffer tôt ou tard.
Ils le savaient.
Aucune issue ne s’offrait devant eux. Aucun retour en arrière ne leur serait proposé. Seuls ils porteraient le poids des années d’ingérence de la noblesse. Seuls ils porteraient la déchéance du Grand Oracle. Seuls ils avaient la tâche d’inverser le cours des choses.
Les ténèbres tombèrent enfin sur la plaine. L’Ennemi se repliait pour reprendre des forces et préparer la prochaine bataille. Il se délectait à l’avance de la Terreur et de la Violence qu’Il déchainerait à travers tout le Royaume. Il avait attendu tellement longtemps et voici que la brèche avait été ouverte par un vieux fou.
Ils savaient que c’était sans espoir. Ils savaient que c’était un affrontement perdu d’avance. Mais ils n’avaient pas le choix. La dernière tâche qu’ils devaient accomplir avant de quitter ce monde était de le préserver du Chaos.

L’homme qui se tenait à ses cotés se détourna de la plaine pour regarder en direction du Nord. Dans la pénombre elle vit ses cheveux voler au vent pour dégager une expression aussi dure que le fer extrait des Mines du Sud-Ouest.
Une certitude lui perça le cœur et l’âme avec la même évidence que l’odeur de la mort leur nouait les entrailles. Elle ne serait plus jamais seule. Ils ne seraient plus jamais seuls.
Tandis qu’il descendait la colline en direction du Nord, elle observa sa démarche à grandes enjambées. Bien bâti, il n’en était sûrement pas à sa première campagne malgré son jeune âge. Elle lui emboita le pas, partageant la même détermination sanglante.
Pas un mot ne fut échangé. Pas un regard ne fut accordé. Seul le bruit de leur pas sur la terre meuble les accompagnait dans la nuit noire.
Ils le savaient.
Aucun répit ne leur serait accordé. Aucune erreur n’était envisageable. Seuls ils affronteraient tous les dangers. Seuls ils trouveraient des solutions à des situations inextricables. Seuls ils avaient la tâche de survivre et de réussir dans l’Enfer qui les attendait.
Un silence à couper au couteau régnait à l’orée de la forêt qu’ils allaient traverser. L’Ennemi, dans sa retraite, avait laissé sa marque indélébile. Il répandait déjà les prémices des atrocités à venir, et cette rumeur prenait des allures de mise en garde machiavélique. Il allumait les premiers feux de la Terreur qu’Il alimenterait rapidement avec la Violence.
Ils savaient ce qui les attendait. Ils savaient qu’il n’y aurait que des perdants à la toute fin. La dernière tâche qu’ils devaient accomplir avant de quitter ce monde était d’assurer l’Avenir.
Les jours et les semaines avaient passés. Ils avaient écumés toute la Forêt des Plaines, qui servait d’avant poste à l’Ennemi. A deux ils avaient pu passer aisément à travers les mailles du filet. Un avantage mince, mais suffisant avec la configuration des lieux. La Forêt des Plaines était réputée pour être l’une des plus denses du Royaume. L’Ennemi s’en était servi pour poster un bataillon de ses premières troupes.

De petite corpulence et encore novice dans l’art de la guerre, les créatures du Démon poussèrent leur avantage du nombre à l’échec. Trop orgueilleuse, elles affichèrent une assurance sans fondement. Bien mal leur en fît, car en près de deux semaines, ils les avaient tous éradiqués. Le 11ième Bataillon des Plètres n’était plus.

Non content de leur première réussite, ils poussèrent leur investigation plus au Nord, longeant le Grand Canyon Solte qui semblait tracer la limite entre le sud et le nord du Royaume. Une limite entre des températures encore douces, et des températures de plus en plus glaciales. En chemin ils croisèrent quatre divisions espacées de plusieurs jours de marche. Les affrontements furent nettement plus courts, et nettement plus violents.

Alors que la fin de la bataille contre la quatrième division se profilait, elle reçut un coup de dague entre les cotes. Le poumon fut évité de peu et la lame ripa sur l’os. Malgré la douleur et le voile rouge qui s’abattit sur ses yeux, elle poursuivit la lutte à ses cotés. Elle était là pour ça, et il était encore trop tôt pour partir. De son coté, il assurait ses arrières avec plus d’attention. Quand le dernier ennemi tomba sous les coups, elle s’écroula au sol. Il la porta sur son épaule le restant de la journée, et quand arriva la nuit parmi les ténèbres omniprésente, il s’autorisa une halte pour allumer un feu. Il soigna sa blessure et la jeune femme se lova dans ses bras à la chaleur des flammes qui léchaient le bois dans un doux crépitement.

Les batailles s’enchainèrent plus que de raison. Plus d’une fois il lui sauva la mise. Plus d’une fois elle lui sauva la mise. Ils n’étaient plus seuls et la confiance qu’ils plaçaient en l’autre n’avait d’égal que la confiance qu’ils s’accordaient à eux-mêmes. Ils parlaient peu. Ils se regardaient peu. Pourtant une étrange relation les liait intimement l’un à l’autre. Sans l’un ils n’étaient rien. Sans l’autre ils n’étaient rien.

A eux deux ils avaient éliminé les trois quart des troupes de l’Ennemi. Ils leur avaient fallut presque un an pour y arriver, mais pour l’instant ils n’avaient pas échoué. Ils continuaient d’avancer toujours plus au Nord, même après avoir franchit les frontières du Royaume ils continuèrent d’avancer. Les frontières n’avaient plus de sens à leurs yeux. Seul comptait l’Avenir, et l’Avenir n’avait pas de frontières.

Alors qu’ils affrontaient le dernier Bataillon des Velines, autrement appelé la Première Garde Velines, l’élite de l’Ennemi, il cru venir son dernier moment. Une flèche en argent empoisonnée se ficha dans sa cuisse droite manquant de le faire tomber à la renverse. Son adversaire le plus proche en profita pour fondre sur lui dague en avant pour trancher sa carotide. Il l’évita de justesse et la dague se planta profondément dans son épaule. Un autre adversaire se cramponna sur son dos et lui enfonça son épée courte dans le flanc. C’est à ce moment qu’elle intervint, virevoltant dans les airs comme une panthère des neiges pour mettre fin aux petits jeux des Velines. Elle les exécuta sans autre forme de procès. C’était à son tour de le protéger.
A l’aube de la dernière bataille contre l’Ennemi ils se tenaient cote à cote devant le Château d’Erolrick. Le dernier rempart avant la fin. Ils savaient qu’il n’y aurait pas de fin heureuse. Mais pouvaient-ils être plus heureux qu’aujourd’hui ? Pouvaient-ils être plus heureux sachant qu’ils avaient réussit leur dernière tâche avant de partir ?

Leurs mains se joignirent en une fugace étreinte. Un dernier instant à eux avant de se jeter dans la gueule du loup.

La lutte fut terrible. Du sang jonchait le sol de pierre froide. Ils ne savaient pas si c’était le leur ou le sien. Leurs regards croisèrent celui du Démon. Ses yeux jaunes se voilaient de rouge et sa respiration était rauque, gênée par les flots de sang qui sortaient de sa gueule. Ils n’eurent pas besoin de parler pour se comprendre. Ce petit jeu avait suffisamment duré, il était temps d’en finir. Dans un même mouvement ils se jetèrent dessus. Les lames s’entrechoquèrent et déchirèrent la chair et les os.

Il rampa jusqu’à elle. Elle respirait encore et ouvrit les yeux en l’entendant s’approcher. Il lui prit la main et l’attira vers lui.

Ils ne seraient plus jamais seuls. C’en était fini.

"La vengeance est un plat aux saveurs multiples qui ne se consomme que dans un avenir incertain."

samedi 1 mai 2010

Ce soir...


Ce soir il faisait sombre. La pénombre avait à nouveau recouvert le Royaume comme une chape de plomb. La voie lactée était redevenue une illusion et un nouveau cycle sans lune recommençait. Ce soir, les nuages opaques nous étouffaient à nouveau dans les voiles du désespoir. Le répit avait été de courte durée, mais l'ennemi n'avait pas gagné ce champ de bataille.
Il se releva, exténué par la journée sanglante à laquelle il avait pris part.
Aujourd'hui il avait survécu. Et de ce qu'il pouvait en voir, il était le dernier survivant. Il n'y avait plus âme qui vive autour de lui. Il maudit le Grand Oracle de ne pas l'avoir emporté avec sa folie. Même si tous espérait un miracle, lui n'en attendait aucun. La fin était tout ce qu'il n'avait jamais espéré.
Il épousseta sa lame et l'essuya sur la cape d'un cadavre. Ses vêtements avaient pris une teinte rougeâtre et ses pas résonnaient curieusement sur le sang des morts. Il remit son masque en place et soupira. La vengeance n'amenait jamais rien de bon.
Aucune trompette ne résonna. Aucune défaite n'était célébrée. Aucune victoire n'était célébrée. Seuls les croassements des charognards accompagnaient la fin de ce sanglant affrontement. Triste jour pour le Royaume et l'Ennemi.
Il parcourut le charnier indescriptible pour gagner une colline en surplomb. Cette débauche de fureur n'avait servi à rien. Ce dernier champ de bataille n'en avait pas été un. Il avait seulement annoncé les prémices d'une nouvelle ère à venir. Une ère qui n'aurait aucune pitié pour les âmes innocentes. Les armes, la boue et le sang. C'est tout ce que nous connaîtront à partir de cet instant.
Ils étaient ceux à qui on avait tout pris.
Ils étaient la souffrance, la colère, la rage et la haine.
Ils étaient les cadavres de notre conscience.
Ce soir, il était celui qui avait survécu à cette journée sans nom.


"La vengeance est un plat qui laisse un goût amer dans la bouche."

samedi 3 avril 2010

Ce matin...


Ce matin, il faisait beau. Un beau ciel bleu comme on en avait pas vu depuis quelques temps. Les rayons du soleil caressaient doucement la ville encore engourdie par une longue nuit sans lune. Ce matin les ténèbres avaient cessé de nous étouffer. Était-ce un bon présage ? Peut-être, mais peut-être pas. L'ennemi était trop proche de la victoire pour abandonner maintenant.

Elle s'écarta de la fenêtre pour aller se préparer.
Aujourd'hui c'était le grand jour. Et peut-être même le dernier pour elle, et tous les autres. Ils avaient été choisi pour leur détermination et leur soif de vengeance. Ils étaient le dernier espoir du peuple, la dernière folie du Grand Oracle avant la fin. Nul ne croyait en leur victoire, pas même eux. Et pourtant, secrètement, tout le monde espérait qu'un miracle se produise.
Elle enfila sa tunique et ses hauts de chausse. Les sangles furent ajustées et bien serrées. Elle attacha les lanières qui retenaient sa protection au niveau de la poitrine. Le masque plus décoratif qu'autre chose vint s'ajuster sur son visage. Elle était fin prête, et n'attendait que son heure.
Les trompettes résonnèrent à travers toute la cité. Elle s'étira une dernière fois avant de s'emparer de son épée. C'était une bonne lame, qu'elle avait faite forger par le meilleur forgeron du comté pour accomplir sa vengeance. Et il était temps qu'elle s'affranchisse de son devoir.
Elle sortit de la petite chambre et rejoignit le reste des troupes qui convergeaient vers la cour centrale. Un dernier discours qui ne servait pas à grand chose à part donner un peu de contenance au Grand Oracle. Tous savaient que leur chance de réussite était mince. Pourtant personne ne ferait demi-tour, ils iraient jusqu'au bout.
Ils étaient ceux à qui on avait tout pris.
Ils étaient la souffrance, la colère, la rage et la haine.
Ils étaient la soif du sang de l'ennemi.
Ce matin, elle était celle qu'il fallait redouter sur ce dernier champ de bataille.


"La vengeance est un plat qui se mange froid."

samedi 20 mars 2010

Lueur d'espoir - Episode 3


Le sentier de terre s'est changé en route de béton parsemée de gravas, les arbres en ruines, et le chant des oiseaux en silence de mort. J'essaie de faire attention où je pose les pieds pour ne pas faire trop de bruit. « En terrain inconnu on est jamais trop prudent... », mon père me le répétait souvent. Aujourd'hui c’est malheureusement plus que vrai.
Je sors le détecteur de chaleur de ma sacoche et l'active. J'ai eu ce petit bijou par l'intermédiaire d'un groupe armé avec qui je suis restée près de deux semaines. J'ai tout de même dû débourser trois cents euros pour qu'ils veuillent bien me le céder. Il permet de détecter toute forme de chaleur à dix kilomètres à la ronde et si possible d'en identifier la source. J'ai pu aussi acquérir un logiciel qui permet à cet engin de m'indiquer si la source de chaleur représente un danger potentiel. Un point rouge lumineux représentant une présence humaine se met alors à clignoter si cette personne est armée. Pour l'instant il n'y a que des points gris, qui indiquent la présence d'insectes, d'oiseaux et de rongeurs d'un certain gabarit. Pas de quoi s'affoler. Il n'y a pas une âme humaine à l'horizon. Je vais enfin pouvoir dormir et reprendre des forces, je ne l'aurais pas volé ce repos !
En passant à coté d'une laverie je récupère des vieux draps moisis par le temps. Les rues sont belles et bien désertes. Je déambule entre les ruines d'immeubles et de grande maison. Mon choix finit par se porter sur une grande maison familiale à l'architecture ancienne. Ce devait être une maison de trois ou quatre étages à l'origine, mais il ne reste plus que les vestiges du premier étage encombré par l'effondrement des étages supérieur. Au rez-de-chaussée, la partie arrière où devait probablement se trouver la cuisine et la salle de réception est effondrée. Seul le salon est encore à l'abri du vent et de la pluie. Je tire le vieux fauteuil en cuir à moitié éventré qui traine dans un coin de la pièce devant l'imposante cheminée. Les draps me serviront à allumer un feu qui me réchauffera l'espace d'une heure ou deux. C'est peu, mais ce sera suffisant pour cette nuit.
Avant de m'endormir j'hésite à laisser le détecteur allumé. Finalement je préfère miser sur la chance et économiser ainsi le peu de piles qu'il me reste. Enroulée dans mon manteau je laisse mon esprit vagabonder où bon lui semble. La journée a été dure mais j'ai connu pire. Le bruit des flammes me berce et peu à peu je sombre dans le pays des rêves, où tout est permis, même d'espérer un meilleur futur.

Je me réveille en sursaut, tous les sens en alerte. L'aube est encore loin devant moi mais il y a quelque chose dans l'air qui ne me plait pas. Sans attendre j'empoigne mon sac, mets ma mitraillette en bandoulière et quitte les lieux rapidement, le détecteur de chaleur à la main. C'est bien ce que je pensais. Une douzaine d'hommes patrouillent dans le secteur. Je ne sais pas d'où ils sortent, mais dans le doute je préfère me tenir à distance et rester dans l'ombre, d'autant plus que les points rouge viennent de se mettre à clignoter à tout va. Il faut toujours un laps de temps avant que le détecteur de chaleur n'enregistre toutes les données.
Pendant plus d'une heure ils ont circulé dans les rues de la ville, j'ai comme l'impression qu'ils vérifient les lieux ou qu'ils recherchent quelque chose... ou bien quelqu'un. Tout ce temps je suis restée dans un placard à jouets en espérant qu'ils n'aient pas, comme moi, un détecteur de chaleur. Apparemment ce n'est pas le cas car à présent ils sont tous réunis au même endroit et ne semblent plus avoir l'intention de bouger.
Pour la deuxième fois de la nuit j'hésite. Est-ce que je vais voir de plus près ? Ou bien je passe mon chemin le plus vite possible ? La curiosité l'emporte sur la prudence. Ce n'est pas raisonnable, je sais, mais tant pis, je vais quand même aller jeter un coup d'œil sur ce groupe. Grâce à mon mémo et au plan de la ville qu'il possède, je repère la disposition des lieux. La carte m'indique qu'une ancienne banque surplombe l'endroit où ils sont. C'est donc par là que je vais passer. Prenant garde de ne pas faire de bruit et de tenir mes distances je passe par l'arrière du bâtiment. Je traverse les salles une à une sur la pointe des pieds. Il reste des machines à moitié cassées sous les décombres. Le plafond et les murs ne semblent être retenus par rien et n'attendre qu'une chose : me tomber dessus. Tout est sale, vide, et noir. L'abandon des lieux donne à cette banque un air sinistre. Des graffitis recouvrent les parois de la cage d'escalier. On peut y lire toutes sortes d'insultes grossières, de revendications politiques, de noms, de dates. C'est la représentation exacte du pays. Des morceaux d'idées, d'envies, d'actes, mais rien de cohérent, juste une impression de désordre.
Au deuxième étage je passe par dessus les gravas pour gagner les fenêtres ouest qui donnent sur la rue. De là je devrais pouvoir apercevoir le camp du groupe qui a sillonné toute la ville. Je m'allonge sur le sol et sors mes jumelles. Ils sont quinze. Parmi eux, deux femmes qui doivent approcher la trentaine d'années. Les hommes, quant à eux sont de tout âge, le plus jeune semble avoir une quinzaine d'année, et le plus vieux, lui, frise la cinquantaine. J'essaie de repérer un sigle ou un insigne particulier qui me permettrait de les reconnaître mais je ne vois rien. Tout ce que je peux constater c'est que le plus vieux est le chef du groupe, du moins il doit sûrement en prendre le commandement dans les situations difficiles, car sinon la discipline n'a pas l'air d'être leur règle en or. Ils sont tous là en train de plaisanter, ou de se chamailler. J'en déduis donc qu'ils ne font pas partis du PPNG. Non, eux sont trop à cheval sur les principes, la discipline et l'ordre, et surtout, je n'ai encore jamais vu de femme dans leur rang. Ils les asservissent comme de vulgaires esclaves, prêtent à être engrossées ou à faire toutes les tâches répugnantes qui ne sont pas dignes des hommes. Ils ne doivent pas non plus dépendre de l'OPPI, car je n'ai pas vu le sigle du baril de pétrole et de sabre à leur ceinture qui les caractérise. Et comme cette région est aux mains de ces deux seuls partis, qui peuvent-ils bien être armés de la sorte ?

Lexique :
PPNG : Parti Politique de la Nouvelle Génération

OPPI : Organisation Politique Pétrolière Internationale


Voici la suite des aventures de Xalyah, celles de Lysiah n'étant pas très intéressante ces derniers temps. Tout ce que je peux dire c'est qu'un game concept se profil doucement sur ce scénario.

samedi 13 mars 2010

Un petit rien

Un petit speed histoire de... parce que j'ai pas grand chose à dire. Je le retravaillerai sûrement plus tard, il faut bien commencer quelque part.