lundi 18 mars 2013

Horizons - Prologue revisité


Je me souviens du 15 juillet 2105 comme si c’était hier. Cette journée s’annonçait aussi chaude que les précédentes et rien ne laissait présager qu’elle resterait gravée dans l’histoire de l’Humanité comme la plus sanglante de toutes. Et pourtant… 

Au petit matin les médias relayèrent une terrible information. L’hexagone, touché de plein fouet dans sa plus haute fonction, venait de perdre son Président. Assassiné. Voilà ce que disaient les médias. Et ce n’était que le début. En quelques heures, des communiqués officiels similaires nous parvenaient de l’ensemble des pays du G50. 

Le chaos s’installa et avec lui commença notre descente aux enfers. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Autant de questions qui ne trouvaient aucunes réponses auprès des administrations dépassées par les évènements. Cette situation sans précédent plongea les populations dans la confusion la plus totale. Et ce n’était qu’un avant-goût de ce qui nous attendait. 

Au crépuscule, l’impensable arriva. Ce que nous avions pris pour un violent orage au départ se révéla être notre pire cauchemar. La Rupture. 

Le lendemain, le soleil caressa la Terre rouge sang, ravagée par des crevasses pleines de cadavres. 

Le monde tel que nous le connaissions jusqu’ici n’existait plus.

Parce que ces derniers jours je me suis inscrite sur un forum d'écriture, voici le prologue d'Horizons revisité après de nombreuses remarques ! C'est très enrichissant et motivant comme aventure. J'espère que ça va me porter aussi loin que possible ! L'image est un peu du réchauffée, j'y ai juste apporté quelques modifications pour le titre du récit.

mardi 12 mars 2013

Destins croisés - Episode 16



*** 

Quand je revins à moi, le jour était déjà levé et on m’avait remis dans la cage. Sarizine m’aida à m’asseoir, en jetant un coup d’œil furtif à nos geôliers. Ils étaient occupés à la bonne marche du convoi et ne faisaient pas attention à nous. 

- Tu aurais pu te faire tuer, me dit-elle sur un ton de reproche. Qu’est-ce qui t’a pris de vouloir t’enfuir comme ça ? Tout le monde sait que les Enleveurs sont sans pitié. Tout ce qu’on peut espérer c’est tomber sur un Dabaïen pas trop rustre. 
- Sûrement, répondis-je en grimaçant. 

Mon corps commençait à me faire comprendre qu’il en avait marre d’être maltraité. Mais je n’avais pas envie de moisir dans cette cage. Il fallait que je trouve une autre idée pour me sortir de là. Et une meilleure idée si possible. 

Le reste de la matinée je le passai à l’écart des autres qui ne voulaient pas être mêlés à mes histoires. La douleur était insoutenable mais je n’avais pas le choix. Je devais m’en accommoder et garder les idées claires. En passant une main dans mes cheveux pour enlever le sang séché, je sentis l’épingle que je mettais pour les retenir sur les tempes. Je la fis jouer dans mes mains et me rapprochai discrètement de la porte. J’observais le mécanisme et décidai d’attendre la nuit pour passer à l’action. Même si cela faisait longtemps que je n’avais pas pratiqué cet exercice, le mécanisme paraissait simple ; je ne devrais pas rencontrer de grosse difficulté pour crocheter la serrure. 

A midi, le convoi fit une brève halte pour que les créatures puissent s’abreuver dans un ruisseau et se reposer. On nous distribua un bouillon de volaille, du pain sec et un peu d’eau. N’ayant rien avalé depuis mon dernier café chez moi, en compagnie d’Erick, je me jetai sur mon repas pour rassasier mon estomac qui criait famine. En repensant à ce dernier petit déjeuné dans mon monde, j’eus l’impression qu’une éternité s’était déroulée depuis lors. 

Le vent se leva soudainement et quelques gouttes de pluie s’écrasèrent sur le sol. En quelques minutes nous étions trempés jusqu’aux os, transis de froids. Les Enleveurs reprirent nos bols à la hâte, sans les laver, et le convoi se remit en marche. L’averse dura deux heures avant que le soleil ne reprenne sa place dans le ciel. Je bénis secrètement cette douche naturelle. Même si j’avais toujours l’impression d’être sale, la pluie avait enlevé le plus gros de la crasse et du sang. Comme les autres, je passai le reste de l’après-midi à somnoler, essayant d’oublier les multiples plaies qui tiraillaient mon corps. 

Le soir on fit à nouveau halte dans une clairière. Les Enleveurs préparèrent un grand feu et firent rôtir les lapins qu’ils avaient attrapés un peu plus tôt. Tandis qu’ils festoyaient gaiement, nous devions nous contenter du pain rassis qu’il leur restait. La bière coula à grand flot, et bientôt leurs voix s’élevèrent au dessus des arbres pour entamer des chansons paillardes. Feignant la somnolence, j’attendis tranquillement qu’un à un ils s’écroulent ivres mort, près du feu. Lorsque je fus sûre que les bras de Morphée berçaient fermement nos geôliers je fis jouer mon épingle dans la serrure de la cage. Sarizine me surprit et me poussa sur le côté. 

- Qu’est-ce que tu fais ? Tu comptes tous nous faire tuer ? murmura-t-elle. 

Je sentais plus de peur que de colère dans le ton de sa voix. Je la rassurai, en lui disant que je n’en étais pas à mon premier coup. Alors qu’elle tenta une nouvelle fois de m’en empêcher je lui fis comprendre qu’à s’agiter de la sorte c’était elle qui risquait de tirer du sommeil les hommes endormis à quelques pas de nous. Alors elle se replia sur elle-même et observa d’un œil craintif mes manœuvres. Il me fallut presque un quart d’heure avant de déjouer la serrure. Quand le cliquetis de l’ouverture se fit entendre, le reste des prisonniers s’agitèrent et ouvrirent les yeux. Je poussai doucement la porte mais ne put l’empêcher de grincer. Tout le monde retint son souffle, suspendu aux ronflements des Enleveurs. L’un d’eux renifla dans son sommeil, se retourna, puis se remit à ronfler de plus belle. Je fis signe aux hommes et femmes qui attendaient derrière moi, de sortir en silence. Quand vint le tour du dernier, les autres commencèrent à gagner les sous-bois sur la pointe des pieds, tandis que j’aidais le jeune adolescent à descendre. Maladroit pour un sous, il se prit les pieds dans le rebord de la cage et chuta lourdement au sol, faisant valdinguer le panier d’ustensile de cuisine. Tout son contenu se répandit dans un fracas assourdissant. Je le relevai et lui intimai de rejoindre les autres en courant. Avant d’en faire de même, j’attrapais une torche enflammée et mis le feu aux affaires des Enleveurs. Ces derniers émergeaient de leur sommeil de plomb, et imbibés d’alcool comme ils l’étaient, ils mirent un moment à se ressaisir. Lorsque leur chef se rendit compte que ses prisonniers se faisait la belle, il cria et s’élança à notre suite. 

Je sentais l’odeur du feu qui se répandait derrière moi et les cris rageurs des Enleveurs parvint jusqu’à mes oreilles. Les compagnons de fortunes courraient à mes cotés à perdre haleine. Leur captivité les avait rendus faible, et ils n’avançaient pas très vite. Je les encourageais du mieux que je pouvais tout en jetant un œil par-dessus mon épaule. Les geôliers commençaient à se coordonner pour nous prendre en chasse. Nous devions nous séparer pour augmenter nos chances de leur échapper. Je le fis comprendre aux autres, et nous nous dispersâmes en plusieurs groupes. 

Sarizine resta avec moi et me talonna. Trois hommes nous prirent en chasse. Affolée la jeune femme perdit ses repères et faillit faire demi tour pour courir droit dans les bras des Enleveurs. Je la rattrapai par la manche et l’emmenai derrière moi. Mais une fois de plus, les hommes avaient l’avantage car ils connaissaient la nuit mieux que nous. Au bout d’un moment ils finirent par nous rattraper et nous ceinturer. Je me débattis comme un beau diable, mordant, griffant tout ce qui me touchait. Je finis par échapper à la poigne de mon assaillant en lui balançant un coup de coude dans l’estomac. Je me relevai et repris ma course en gardant toujours un œil derrière moi. Sarizine était partie dans une autre direction, suivie par deux hommes et bientôt je la perdis de vue. Un autre poursuivant se jeta sur moi, mais j’eus le réflexe de sauter sur le coté pour l’éviter. De sa main il m’attrapa quand même le pied pour me faire chuter. Je lui envoyai un coup dans la figure qui le fit lâcher ma jambe en même temps qu’un juron. Je me relevai une nouvelle fois et détalai à l’aveuglette dans l’obscurité de la nuit.

Et un templier de plus ! J'ai des problèmes de proportions dessus, mais tant pis ! ^^'

mardi 5 mars 2013

Destins croisés - Episode 15


Le crépuscule arriva vite, et le convoi s’arrêta dans une petite clairière. Deux hommes partirent chercher du bois, deux autres en quête du diner de ce soir, et trois installèrent le camp pour la nuit. Prise d’une soudaine idée folle, je hélai l’homme le plus proche de la cage qui se curait le nez avec minutie. C’était celui qui m’avait frappé sans vergogne. 

- Qu’est-ce qu’elle veut la p’tite dame ? grogna-t-il. 
- J’ai besoin d’aller au petit coin. 

Baron soupira et ouvrit la cage pour me faire descendre. Il m’attacha solidement les mains dans le dos et me poussa sans ménagement devant lui. Quelques minutes plus tard, il s’arrêta dans la pénombre devant un bosquet et me le montra du doigt. 

- Là, dit-il avec autorité. 
- Vraiment ? demandai-je d’une voix mal assurée. Vous allez vous retourner quand même ? 
- Et puis quoi encore. 

Je m’accroupis donc derrière le bosquet et tâtonnai du bout des doigts le sol mais ne trouvai rien d’utile. Je finis par me relever pour m’approcher de l’homme. 

- J’ai un petit problème. 
- Quoi encore ? maugréa-t-il tandis que je le dérangeai pour la deuxième fois pendant sa fouille nasale. 
- Avec les mains dans le dos, je ne peux pas me dévêtir. 
- Si ce n’est que ça…, répliqua-t-il l’œil brillant. Je peux m’en charger moi-même. 

Alors qu’il se baissait pour trouver comment défaire mon jean, je rassemblai toutes mes forces pour lui balancer mon genou dans le visage. Son nez se brisa dans un sinistre craquement et il s’effondra sans un cri. Rapidement je le fouillai pour trouver ce que je cherchai. Son couteau pendait à la ceinture et je le dégageai pour couper mes liens. Il me fallut cinq bonnes minutes pour parvenir à mes fins, et l’homme commençait déjà à reprendre connaissance. Une fois libérée de mes cordes je pris mes jambes à mon cou pour m’enfoncer dans l’obscurité de la forêt. Mes pieds dérapaient sur le sol humide et les branches basses me griffèrent le visage. Je n’avais pas fait trente mètres que Baron avait déjà totalement reprit ses esprits. Il s’époumona pour prévenir les autres avant de se lancer à ma poursuite. La peur au ventre je détalai aussi vite que possible. Les branches me lacéraient le visage et s’emmêlaient dans mes cheveux, les taillis me faisaient trébucher. Je courrai toujours mais force fût de constater que je ne connaissais pas aussi bien les sous-bois que mes poursuivants. Après dix minutes de fuite l’un des Enleveurs plongea sur moi et me mit à terre. Je me débattis tant bien que mal, me relevant pour m’échapper une seconde fois, mais un autre homme arriva à la rescousse pour mettre fin à mes efforts. Il me retourna une claque bien sentie qui me fit voir des étoiles, me roua de coup de pied et me percha sur son épaule pour me ramener au camp. Là, ils me ligotèrent solidement à une roue de la charrette. Les autres prisonniers s’étaient repliés au fond de la cage, le plus loin possible de moi, comme s’ils redoutaient que les Enleveurs ne s’en prennent à eux également. 

Je crus d’abords qu’ils me laisseraient tranquille tandis qu’ils finissaient leur repas. Mais après quelques choppes d’alcool, l’un d’eux sortit un fouet pour me dissuader de recommencer. C’était mal me connaitre. 

Le dixième coup fût celui de trop. Je perdis connaissance avec un goût de sang dans la bouche.

Retour à la série de templier car j'en ai encore quelques uns en réserve.

Et je terminerai cette note avec le refrain de "Song of the Lonely Mountain". Quoiqu'on en dise les coeurs de voix d'homme sont vraiment magnifiques pour la plupart.

"Some folk we never forget
 Some kind we never forgive
 Haven’t seen the end of it yet
 We’ll fight as long as we live"

vendredi 22 février 2013

Lueur d'espoir - Episode 15



Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Un goût de sang me monte à la bouche tandis que je porte une main à mon ventre pour vérifier l’état de ma fine cicatrice. 

- Ça va Xalyah ? 

Nedj ! Je ne l’avais même pas remarqué alors qu’il était quasiment en face de moi. Prestement je retire ma main de sous mon tee-shirt et me lève en m’ébouriffant les cheveux. 

- Oui, oui, ça va. Merci. 

Le cadran de mon mémo indique six heures du matin. Il est temps de rassembler mes affaires. Quinze minutes plus tard, Khenzo, Jeremy, Tidji, Camélia, Nedj, Ed, et… Tim sont devant l’abris, leur sac à la main et prêts à partir. Les adieux sont brefs, mais derrière ces gestes froids je perçois l’émotion de chacun. Cela faisait plusieurs mois qu’ils vivaient ensemble et se protégeaient mutuellement, donc forcément ça créé des liens. Tim ne peut s’empêcher de faire remarquer avec rudesse qu’il part uniquement pour suivre Khenzo, et non pour m’aider ou me suivre. Le concerné lève un sourcil désapprobateur, mettant fin à la tirade ridicule de l’aîné. Je hausse les épaules ; qu’est-ce que ça peut bien me faire ? Après tout chacun vit sa vie, et je ne lui ai rien demandé. 

La nuit a été très froide. Un paysage désolé et recouvert par cinq centimètres de poudreuse nous attend tranquillement tandis que les premiers rayons du soleil perce difficilement l’épais ciel gris qui recouvre la ville. L’hiver est enfin arrivé et il promet d’être particulièrement rude. 


Chacun s’emmitoufle dans ses vêtements les plus épais et dans le silence le plus total nous entamons notre première journée de marche. Alors que nous quittons progressivement la région parisienne, la vie semble de nouveau animer les rues des villes et villages que nous traversons. Paris et ses environs sont totalement sous le contrôle de Macrélois depuis presque douze mois. Seuls les partisans du PPNG circulent librement derrière les murs de la petite couronne. Les autres sont soit morts, soit détenus sous haute sécurité à l’abri des regards de la foule. Cela ferait désordre d’exposer en plein jour les multiples tortures et expériences qu’ils pratiquent sur leurs opposants. 

Il est courant de voir des patrouilles de PPNG jusqu’à cinquante kilomètres autour des chantiers du mur de la grande couronne, mais au-delà leurs excursions se limitent pour l’instant au strict nécessaire pour assurer leurs différentes missions. Alors certains habitants de la région s’essayent à reconstruire leur environnement, dans l’espoir qu’un jour, les choses reviendront peut-être à la normale. J’ai entendu parler de grandes exploitations remises en état depuis peu au sud de la Seine et Marne, et au nord du Val d’Oise. Quelques milices protègent ces secteurs clés et sécurisent les convois de marchandises pour alimenter le marché noir. Le groupe avec lequel je suis restée pendant quelques mois était l’une d’elle. Nous étions chargés de protéger une ferme et ses élevages et d’assurer la liaison avec les lignes des convois de marchandises. C’était une période assez étrange quand j’y repense. 

En fin d’après-midi, Nedj qui n’a cessé de bidouiller ses appareils depuis notre départ, nous annonce fièrement qu’il a sans doute trouvé de quoi nous déplacer plus vite. Sans nous donner la moindre explication sur la façon dont il s’y est pris, il nous informe que le rendez-vous a été fixé le lendemain à 15 heures dans une ville qui se trouve à soixante-dix kilomètres d’ici. 

- J’ai pas eu le choix, dit-il en levant les bras en l’air devant notre regard noir. 

Tim décide alors d’accélérer un peu la cadence car à ce rythme il est clair que nous n’y serons jamais. 

A la tombée de la nuit nous avons parcouru la moitié du chemin. Autant dire que je ne sens plus mes jambes. Le reste du groupe n’est pas en meilleure forme que moi non plus. Chacun s’étire et grogne dans son coin, maudissant Nedj de ne pas avoir su mieux négocier le lieu de rendez-vous. 

Ed finit par trouver un endroit à l’abri du vent et du froid pour dormir cette nuit. C’est avec soulagement que nous nous laissons glisser contre le mur ce cet ancien garage pour étendre nos jambes douloureuses. Camélia déniche un petit réchaud dans une armoire de l’arrière-boutique et fait chauffer un peu d’eau pour diluer un sachet qui lui donnera un goût de poulet et de pomme de terre. En cœur nos estomac gargouillent de faim en pensant au repas chaud qui nous attend : de l’eau chaude aromatisée ! On a rêvé plus consistant, mais faute de mieux ce sera suffisant. 

Après avoir mangé en silence, les garçons se regroupent autour de Jeremy qui sort un paquet de carte. Pour l’instant je n’ai pas envie de me mêler à eux. Toutes mes pensées sont tournées vers les miens en espérant qu’ils vont bien. 

Camélia et Tidji prennent le premier tour de garde à l’étage pour avoir une bonne vue sur la rue. Le silence règne à présent en maitre sur les environs ce qui me rend un peu morose. 

Le lendemain, nous partons à l’aube dans le silence le plus complet. Nous traversons plusieurs villages, et à chaque fois les habitants des lieux ferment les restants de portes et de volets sur notre passage. C’est vrai que nous sommes armés jusqu’aux dents, et je suppose qu’étant donné le climat actuel cela doit renforcer le sentiment d’insécurité de ces pauvres gens. C’est donc d’une humeur massacrante que nous atteignons le point de rendez-vous avec une heure et demie d’avance. Pour patienter, Jeremy sort à nouveau son jeu de tarot. Tidji, Nedj, Ed et Camélia s’empressent de le rejoindre. Certains pour prendre leur revanche, d’autres pour passer l’ennui. 

Je n’ai jamais été doué à ce jeu, et pourtant mon grand-père déployait beaucoup d’énergie pour que j’en comprenne toutes les subtilités, et ce, depuis mes six ans. Mais non, il n’y avait rien à faire. Les jeux de cartes ne m’ont jamais vraiment intéressée. La seule chose que j’aimais vraiment, c’était d’observer les joueurs de poker. Ce jeu basé entièrement sur le bluff m’intriguait beaucoup à l’époque. Au casino que possédait mon grand-père, il y avait un club de joueur de poker et j’y allais très souvent pour les regarder pendant des heures. Au bout de trois années d’observation j’étais capable de savoir qui mentait et qui disait la vérité. Aucune expression des visages des joueurs, qu’ils soient décontractés ou tendus ne m’échappaient. 

A l’âge de mes douze ans mon grand-père me fit appeler dans son petit bureau, tout en haut du casino. C’était une petite pièce avec de grandes baies vitrées, qui laissaient entrer la lumière à flot. Papi possédait un vieux bureau en bois d’époque, et un vieux sous-main en cuir vert l’ornait depuis toujours. Des photos de famille et du club de poker tapissaient les murs lambrissés. Alors que je m’installais dans le fauteuil confortable qui faisait face à son bureau, il m’apprit qu’il voulait que je l’aide à choisir les meilleurs joueurs de son club. Un grand tournoi international allait avoir lieu à Las Vegas dans quelques mois, et il avait l’objectif de décrocher le prix décerné pour cette occasion. « Une merveilleuse occasion de faire connaître notre casino », répétait-il tout au long de cette conversation. Bien entendu, j’étais fière que mon grand-père me confie cette tâche, et c’est avec ardeur que tous les soirs je passais au club pour l’aider à faire son choix. 

Six mois plus tard, Papi et son équipe embarquaient à bord du Queen Mary IV. Il m’appela cinq fois de Las Vegas pour me tenir au courant de l’avancée des joueurs que j’avais sélectionnés avec lui pour le tournoi. Après ce cinquième appel, je n’eus plus jamais aucunes nouvelles de lui. Il s’était tout simplement envolé. Aucun signe d’effraction dans sa chambre d’hôtel n’avait été relevé. Aucune trace de lutte. Ses affaires étaient soigneusement rangées et son plateau repas l’attendait dans le couloir. Mais pas de trace de Papi. Même si ses joueurs affirmaient être bien venus avec lui et l’avoir vu plusieurs fois, il n’apparaissait sur une vidéo de surveillance, le registre ne contenait pas son nom, aucune empreinte digitale ne fut retrouvée dans sa chambre, ni aucun ADN. Rien. Nada. Comme s’il n’avait jamais mis les pieds à Las Vegas. Sauf que la présence de ses affaires rangées et de sa valise sous le lit prouvait le contraire. Une enquête avait été ouverte par le FBI et un avis de recherche avait été lancé. Ma mère et mon père avaient fait plusieurs fois le voyage jusque là-bas, mais au bout d’un an, alors que rien n’avait évolué, les recherches cessèrent et l’affaire fut classée sans suite. Je ne sais même pas s’il était encore vivant au moment de la Rupture. Et si c’était le cas, a-t-il survécu ? 

Suite à sa disparition, ma mère reprit l’affaire de Papi, mais rapidement cela devint trop difficile pour elle, et elle finit par revendre le casino où son père avait passé toute sa vie. Peu de temps après les bombes explosèrent. Je ne crois pas qu’il reste grand-chose de cette vieille bâtisse de brique. Je n’ai pas eu l’occasion d’y retourné et je ne sais pas si j’en aurais le courage aujourd’hui encore. Parfois je me dis qu’il vaut mieux que je garde en mémoire les bons souvenirs liés à cet endroit.

J'ai décidé de poursuivre le récit comme ça car finalement il n'y a pas de changement fondamental. Quelques éléments historiques et quelques descriptions supplémentaires ainsi qu'un remaniement des dialogues. Cela devrait rester compréhensible, et après tout ce blog est un bac à sable, alors les pâtés ne sont pas forcément tous parfait.

J'ai encore du boulot pour savoir dessiner les mecs mais bon, je suis assez contente de ce premier essai (en même temps avec des réfs c'est plus facile vous me direz). Voici les différentes étapes qui m'on amené au résultat final :

1. Crayonné fait plus ou moins à l'arrache à partir de plusieurs photos de Falling Skies comme je le disais dans mon post précédent.



2. Line refaite sur toshop.


3. Correction de quelques erreurs d'anatomie (il en reste sûrement encore mais j'ai dû corriger le plus gros).


4. Rajout du fond et des textes.
Les derniers détails sont rajoutés ensuite pour la version finale que vous avez en haut du post.


[Edit : c'est mon 100ème post ici ! \o/]

mercredi 13 février 2013

Horizons - Être ou ne pas être... question existentielle et autres bêtises


Vu que j'ai "terminé" (c'est un bien grand mot) la première version de Destins croisés sur word et bien que je sois loin d'avoir tout mis ici (environ 24 pages sur les 125 déjà rédigées), je me disperse un peu à droite à gauche, remplissant mes carnets de nouveaux templiers (que je rajouterai ici à l'occasion), de fleurs, d'oiseaux (hé ouais faut me croire !), de bébés (ben il en faut pour tous les goûts...) et... et de la team d'Horizons que vous pouvez voir ci-dessus !

Pour ceux qui n'auraient pas reconnus c'est directement repris d'une photo de promotion de la série Falling Skies que j'ai découverte il y a peu. Dans Horizons il n'y a pas d'aliens, de rampants ou autres bizarreries, mais j'ai bien aimé l'ambiance, m'évoquant un peu celle de mon univers. La série n'est pas parfaite, mais elle a le mérite d'être bien réalisée pour son genre.

Bref tout ça m'a donné envie de me replonger un peu dans Horizons et de refaire quelques dessins à ce sujet. Sauf que... (bah oui sinon ce serait trop beau hein !), et bien en voulant faire ce post je me suis rendue compte que j'avais tellement retouché le texte depuis le dernier épisode mis en ligne que mettre la suite comme ça n'aurait pas eu beaucoup de sens. Si la syntaxe, les fautes, et les tournures de phrases ont été corrigé, j'ai aussi modifié des passages histoire de rendre l'univers et les personnages plus vivants (enfin en tout cas c'était le but à la base !).

Du coup, ça m'a donné envie de faire un petit parallèle entre deux passages (et puis de raconter un peu ma vie aussi sinon c'est pas drôle) pour voir si j'ai réellement évolué ou si j'ai juste envie de m'auto-envoyer des fleurs. Donc je ressors la v1 de l'histoire qui date de novembre 2011 et la v2 qui date de... bah maintenant en fait, pour les passages les plus récents. Et rassurez-vous la véritable v1 (qu'on appellera intimement la v0 date en réalité de 2004... un vieux carnet... les années passent hein).

Ce passage est inédit et se situe quelques jours après l'épisode 14.


Donc version datant de 2011 :


Je rêvasse ainsi, jusqu’à ce qu’une grosse moto volante et une énorme Jeep arrivent à pleine vitesse sur la place. Les deux engins se garent près de la fontaine délabrée. L’homme de la moto descend, il est d’une stature imposante, sa tête est recouverte d’un béret, son visage balafré inspire la peur, et sa mâchoire carrée semble de fer. Ses bras nus jouent les mécaniques et les reflets chocolat de sa peau luisent à la pâle lueur du jour. Un bataillon de chaînes en or et en argent orne son torse musclé. Son pantalon de cuir craque au moindre de ses mouvements et ses grosses chaussures noires couinent à chaque pas. Il armé d’une mitraillette à baïonnette et d’un sourire à faire pâlir un mort. 

La porte de la Jeep s’ouvre et un deuxième homme en descend. Plus fin de carrure que son acolyte, il est chauve avec un grand tatouage d’aigle sur le front. Il porte un lourd manteau noir en cuir qui le couvre jusqu’à mi-mollet. Des lunettes de soleil masque son regard, et son menton pointu darde dans notre direction. Ses bottes métalliques claquent sur le sol et résonnent dans l’air, jusqu’à ce qu’il s’arrête à la hauteur de Tidji.

- Alors cousin. Quoi de neuf ? sa voix grave s’élève dans l’air glacial. 
- C’est celle-là ? demande Tidji en pointant du doigt la Jeep. 
- Ouais mon frère. Elle est à toi… et aux autres, déclare-t-il en nous regardant par-dessus ses lunettes noires. Son regard est aussi froid que l’air. 

Il fait le tour du petit groupe que nous formons, s’attarde devant Camélia pour la reluquer, puis s’arrête à nouveau devant Geremy. 

- T’as quel âge gamin ? 
- Quatorze. 

Réponse brève accompagnée d’un grand sourire. 

- Depuis quand t’engages des mioches Tidji ? 
- Laisse-le tranquille Neil. C’est lui qui a voulu venir. Et puis je n’ai engagé personne. Je ne suis pas responsable de lui. 
- Qui alors ? Tu sais pourtant bien que je ne traite qu’avec les responsables, et non avec les sous-hommes. 

Tidji hésite, c’est vrai que nous n’avons pas pensé à cet aspect-là. 

- Ce… c’est Xalyah, lâche-t-il au bout d’un moment. 
- Qui ça ? 
- Xalyah. C’est moi. 

Je fais un pas en avant. Neil me regarde des pieds à la tête et s’avance vers moi.

- Alors mignonne, qu’as-tu à me proposer pour ce petit bolide ? 
- Deux milles. 
- Deux milles ? Te fous pas de ma gueule, tu sais que ça veut beaucoup plus, d’autant plus que c’est le dernier modèle. 
- Et ? je joue la fille ignare qui ni connaît rien. Il faut bien tenter sa chance. Je lui souris à pleine dent. 
- Et… deux milles euros c’est ridicule comme prix. Cette Jeep en vaudrait au moins trente milles en temps normal. Au regard de la conjoncture actuelle, je veux bien baisser de moitié le prix, mais deux milles euros c’est dérisoire. 
- Deux mille cinq cents alors ? je minaude un peu comme si j’étais la dernière des cruches. 
- Tidji, d’où elle sort cette femme ? demande Neil d’un air perplexe. 

Tidji hausse les épaules, mais une fois que l’homme se retourne à nouveau vers moi, il lève un pouce en direction du ciel et me fait un clin d’œil. 

- Non, je ne peux pas te la laisser à ce prix-là. 
- Trois milles alors ? C’est tout ce qu’on a, dis-je l’air contrite. 
- Bien sûr. Vous êtes huit, et vous n’avez que trois milles euros sur vous. Je ne te crois pas un instant. 
- La vie n’est pas facile ces derniers temps. C’est à prendre où à laisser. 

Neil fronce le nez, et derrière ces lunettes noires je l’imagine fixant le ciel gris pour réfléchir. Je ne pense pas qu’il réussisse à vendre sa Jeep à quinze milles euros. Personne n’aurait une telle somme à dépenser pour ça. Peut-être que trois milles euros c’est dérisoire, il n’empêche qu’il ne trouvera pas forcément mieux ailleurs. Et est-ce que cela vaut vraiment le coup de traverser la France pour aller la vendre sachant que le coup du voyage serait élevé. Tout dans son attitude me fait penser qu’il va accepter. Ses épaules se voûtent un peu, et ses doigts jouent avec un bouton de son manteau. 

- Quatre milles ? demande-t-il dans un dernier espoir. 
- Trois milles et pas un centimes de plus. 
- Bien… bien… marché conclu, soupire-t-il. Je ne prends que du cash. 

Je sors six billets de cinq cents euros de mon portefeuille. Il doit me rester pas plus de mille euros. Les temps sont durs, et à ce rythme-là je vais avoir de sérieux problèmes. Peut-être qu’il faudra que je m’engage à nouveau dans quelques milices armées pour que je puisse me remplir un peu le porte-monnaie. 

- Bon mon frère, prend soin de toi, et puis à l’occasion, si tu passes dans le coin, viens me voir. 
- Oui, si je passe par là, je ne t’oublierais pas. 
- A plus la compagnie ! s’écrie Neil en repartant d’un pied ferme vers la moto. 
- Neil… déclare Tidji sur un ton de reproche. 
- Quoi ? 
- Tu n’oublies pas quelque chose ? 
- Si j’oublie… Ha oui ! Excuse-moi vieux ! 

L’homme chauve fouille dans ses poches puis envoie en l’air les clefs de la voiture. Tidji les attrape en vol et fait un signe de tête à Neil. 

L’autre homme armé d’une mitraillette n’avait pas bougé de tout l’entretient. Alors que Neil arrive à sa hauteur, il enfourche la moto et fait vrombir le moteur. Neil s’assoit derrière lui, et les deux hommes s’envolent à quelques mètres du sol. Après un dernier signe de la main, les deux hommes filent à toute vitesse, et bientôt le bruit du moteur se perd dans l’air.



Et voici la nouvelle version de 2013 :


Le bruit d’une grosse moto me sort de ma rêvasserie. Une énorme Crossover de couleur noir mat la suit de près sans un bruit. Les deux engins déboulent ainsi à toute vitesse sur la place pour s’arrêter en un dérapage spectaculaire et poussiéreux. L’homme perché sur la moto descend lentement. Il est très imposant, d’une stature digne des meilleurs marines des USA, sa tête est recouverte d’un béret vert couché à droite avec une insigne étincelante à gauche, son visage balafré lui donne un air sinistre et sa mâchoire carrée semble de fer. Ses bras nus tatoués roulent des mécaniques et les reflets chocolat de sa peau luisent à la pâle lueur du jour. L’archétype même du commando marine de l’armée française et fier de l’être. Un bataillon de chaînes en argent orné de plaque miliaire se balance sur son torse musclé. Son pantalon de toile verte se tend au moindre de ses mouvements et ses grosses rangers noires couinent à chaque pas. Il armé d’une mitraillette à baïonnette d’un autre âge et d’un sourire à faire pâlir un mort. 

La porte côté conducteur du Crossover s’ouvre et un deuxième homme fait son apparition. Plus fin de carrure que son acolyte, il est chauve avec un grand tatouage d’aigle sur le front. Il porte un lourd manteau noir en cuir qui le couvre jusqu’à mi mollet. Des lunettes de soleil masquent son regard, et son menton pointu darde dans notre direction. Ses bottes métalliques claquent sur le sol et résonnent dans l’air, jusqu’à ce qu’il s’arrête à la hauteur de Tidji. 

- Alors cousin. Quoi de neuf ? sa voix grave s’élève dans l’air glacial. 
- C’est celle-là ? demande Tidji en pointant du doigt la voiture. 
- Ouais mon frère. Elle est à toi… et aux autres, déclare-t-il en nous regardant par-dessus ses lunettes noires. Son regard est aussi froid que l’air. 

Il fait le tour du petit groupe que nous formons, s’attarde devant Camélia pour la reluquer, puis s’arrête à nouveau devant Jeremy. 

- T’as quel âge gamin ? 
- Quatorze. 

Le môme garde son aplomb et bombe le torse fièrement, sourire en coin. 

- Depuis quand t’engages des mioches Tidji ? 
- Laisse-le tranquille Neil. C’est lui qui a voulu venir. Et puis je n’ai engagé personne. Je ne suis pas responsable de lui. 
- Qui alors ? Tu sais pourtant bien que je ne traite qu’avec les responsables, et non avec les sous-hommes. 

Tidji sert les dents, retenant une réplique acerbe. 

- Ce… c’est Xalyah, lâche-t-il au bout d’un moment. 
- Qui ça ? 

Je foudroie Tidji du regard. Il n’a jamais été question que je sois responsable de qui que ce soit ici. Mais pour ne pas empirer la situation je fais un pas en avant. Neil me regarde des pieds à la tête et s’avance vers moi.

- Alors mignonne, qu’as-tu à me proposer pour ce petit bolide ? 
- Deux milles YES. 
- Deux milles ? Te fous pas de ma gueule, tu sais que ça veut beaucoup plus, d’autant plus que c’est le dernier modèle. 
- Et ? 

Je croise les bras et reste impassible devant l’homme qui commence à bouillir devant moi. 

- Et… deux milles YES c’est ridicule comme prix. Ce Crossover en vaudrait au moins trente milles en temps normal. 
- Deux mille cinq cents alors ? 

Neil s’avance vers moi l’air menaçant. 

- Me prend pas pour un con. Je ne descendrais pas en-dessous de quinze mille. 
- Trois milles. C’est tout ce qu’on a de toute façon. 
- Te paye pas ma tête. Vous êtes huit. 
- Je ne vois pas le rapport. Nous n’avons que trois mille alors c’est à prendre ou à laisser si tu veux te débarrasser de ce Crossover. 
- Je ne veux pas me déb… Mais d’où tu sors toi ! C’est pas comme ça qu’on négocie normalement. 
- Ne m’engage pas sur le débat de la normalité, on va y passer des heures sinon. 

Neil fronce le nez, et derrière ces lunettes noires je l’imagine fixant le ciel gris pour réfléchir. Je sais qu’il veut se débarrasser de ce Crossover. Tout dans son attitude me crie qu’il a besoin de fric tout de suite. Et dans ces cas-là, trois mille c’est mieux que zéro. Et honnêtement, je ne pense pas qu’il réussisse à vendre ce bolide pour quinze milles YES. Personne n’aurait une telle somme à dépenser pour ça. Ses épaules se voûtent un peu, et ses doigts jouent avec un bouton de son manteau. 

- Quatre milles ? demande-t-il dans un dernier espoir. 
- Trois milles et pas un centime de plus. 
- Bien… bien… marché conclu, soupire-t-il. Je ne prends que du cash. 
- Ce n’est pas un problème. 

Je sors six billets de cinq cents de mon portefeuille. Il doit me rester un peu plus de mille YES. Les temps sont durs, et à ce rythme-là je vais avoir de sérieux problèmes. 

- Bon et bien à plus la compagnie alors, s’écrie l’homme en repartant d’un pied ferme vers la moto. 
- Neil… déclare Tidji sur un ton de reproche. 
- Quoi ? 
- Tu n’oublies pas quelque chose ? 
- Si j’oublie… Ah oui ! Excuse-moi vieux ! Où avais-je la tête. 
- On se le demande, marmonne Tim qui avait réussi à garder sa langue dans sa poche jusqu’à maintenant. 

L’homme chauve fouille dans son manteau puis envoie en l’air les clefs de la voiture. Tidji les attrape au vol et fait un signe de tête à Neil. 

L’autre homme armé d’une mitraillette n’avait pas bougé de tout l’entretien. Alors que Neil arrive à sa hauteur, il enfourche la moto et fait vrombir le moteur. Son acolyte s’assoit derrière lui, et les deux hommes déguerpissent à toute allure.

Bilan (accompagné de roulements de tambour) :

Ce n'est pas flagrant et "y a encore du taff !" comme dirait l'autre, même si j'ai l'impression d'avoir un peu amélioré mes dialogues. Donc si je ne m'auto-envoie pas de tomates, les fleurs seront néanmoins pour une autre fois.

Tout ça pour savoir est-ce que ça vaut le coup d'éditer mes épisodes avec la nouvelle version pour continuer l'histoire ici ? Ouvrir un autre blog ? Un site en parallèle de ce blog-ci ?

Si vous avez un avis sur la question ça m'intéresse.

dimanche 3 février 2013

Destins croisés - Episode 14



***

Je me réveillai un peu plus tard dans la journée. L’une des prisonnières était penchée au dessus de moi, et essuyait le sang qui avait coulé le long de ma tempe. Je l’observai un moment, les paupières mi-closes ; elle devait approcher la trentaine, les cheveux châtains clairs attachés en queue de cheval, de grands yeux verts, des taches de rousseur rehaussant la ligne d’un nez fin, et une bouche pulpeuse. A n’en pas douter, elle aurait fait fureur dans mon monde. 

Voyant que je reprenais connaissance, elle s’écarta et se rassit contre les barreaux de la cage. Je regardais les autres prisonniers ; ils arboraient tous la même mine triste et fatiguée. Les femmes étaient vêtues de longues jupes et portaient une chemise ample serrée à la taille par une bande de tissus fin pour la plupart de couleur vive. Un fichu de la même couleur que leur ceinture retenait leurs cheveux en queue de cheval. Les hommes étaient vêtus à peu près de la même façon. A la place de la jupe, ils portaient un pantalon rentrés dans des bottes en tissus ou en cuir qui s’arrêtaient à mi-mollet. Ils avaient tous le teint hâlé, comme s’ils avaient l’habitude d’être exposé au soleil. 

- Où nous emmènent-ils ? demandai-je d’une voix pâteuse. Que vont faire ces hommes de nous ? 
- Tu n’as jamais entendu parler des Enleveurs ? s’étonna la femme qui s’était penchée au-dessus de moi, en insistant sur le dernier mot. 
- Des enleveurs ? répétai-je. Qu’est-ce que c’est ? 
- Cela fait plusieurs mois qu’ils courent la campagne pour enlever les paysans, répondit un jeune homme aussi épais qu’une brindille. 
- On raconte qu’ils les emmènent jusqu’à la frontière sud, et qu’ils les vendent comme du bétail aux Dabaïens. C’est le sort qui nous attend, chuchota une femme brune en frissonnant. 

Je me redressai péniblement et agrippai les barreaux de la cage, qui tanguait sous l’impulsion des grandes créatures. Des Enleveurs ? Se faire vendre à des Dabaïens ? Dans quelle merde étais-je ? J’observai longuement les hommes qui encadraient le convoi. Ils étaient tous taillés dans le roc, et leur attitude agressive me dissuadait de tenter quoique ce soit frontalement. De plus, ils avaient l’air plutôt organisés. De temps en temps, deux d’entre eux partaient devant en reconnaissance. Ils revenaient une heure plus tard en hochant la tête positivement. Cinq autres hommes encadraient étroitement le convoi, et les derniers s’espaçaient d’une cinquantaine de mètres pour surveiller les environs, si bien que la plupart du temps je les perdais de vue, pour les voir réapparaitre de temps en temps dans les sous-bois alentour. Je devrais la jouer fine si je voulais me sortir de ce mauvais pas. Lasse de les regarder, je ramenai mes genoux contre ma poitrine en soupirant. Merci Erick. 

- Comment t’appelles-tu ? demanda alors la femme aux cheveux châtains. 
- Eléonaure. Et toi ? 
- Eléonaure ? Ce n’est pas commun. Je m’appelle Sarizine, et je viens du village de Tenezco. Et toi d’où viens-tu ? ajouta-t-elle alors que je gardais le silence. 
- Pari, répondis-je d’une voix lointaine. 
- Pari ? Où est-ce ? demanda un jeune homme aux cheveux couleur carotte. 
- Loin. A des années lumières d’ici. 

Devant mon air maussade les questions s’arrêtèrent. Je sentais les regards pesés sur moi. Accoutrée comme je l’étais et la peau blanche, j’intriguais tout le monde. Je fermai les yeux et tentai de faire le vide dans mon esprit.

Et voilà le work in progress terminé.

jeudi 31 janvier 2013

Destins croisés - Episode 13



***

Quelque chose me palpa le bras avec prudence. 

- Elle est vivante ? demanda une voix bourrue. 

- Je crois bien qu’oui, répondit une autre plus jeune. 

Des mains me fouillèrent alors sans ménagement. Je bougeai et ouvris les yeux. Un jeune garçon, d’une quinzaine d’année, le visage sale et boutonneux, était en train de me presser la poitrine. Je me relevai prestement et pris mes distances alors qu’il affichait un sourire édenté. Un autre homme m’attrapa alors par la taille pour me soulever du sol. 

- T’as l’air plutôt alerte. Une fois remise, tu f’ras l’affaire. 

C’était celui à la voix bourrue. D’où j’étais je ne voyais que son dos couvert de cicatrices et ses cheveux noirs, long et gras. Il empestait l’alcool et la sueur. 

- Lâchez-moi tout de suite ! criai-je en me débattant. 

Petit et gros il n’en avait pas moins une poigne de fer, et ne lâcha pas prise. Je renonçais à me débattre pour l’instant ; épuisée et à bout de force je n’irai pas loin. D’un pas tranquille il avançait en direction d’une cage sur roulette, tirée par deux immenses créatures noires. Au fur et à mesure qu’il s’en approchait j’en discernai avec stupéfaction son contenu ; une dizaine de personnes, pour la plupart jeunes, étaient enfermées à l’intérieur. Tous avait le visage et les vêtements sales, comme si cela faisait plusieurs jours qu’ils étaient enfermés. Ils regardaient la scène d’un air triste en évitant de croiser mon regard. Tout autour, une dizaine d’hommes armés de pics en métal et de gourdins encadraient la cage. Certains portaient de lourds paquetages sur leur dos. D’autres tenaient d’étranges créatures grises, plus petites et avec de longues oreilles, à l’aide d’une corde de cuir. Celles-ci croulaient à moitié sous des montages de sacs en toiles grossières. 

- Lâchez-moi, vous n’avez pas le droit ! criai-je à nouveau. 

- On se calme ma p’tite dame, déclara calmement l’homme qui me portait en claquant sa main sur mon postérieur. 

Les hommes rirent à gorge déployée en me voyant me débattre vainement. 

- Tu as le chic pour choisir les plus sauvages Baron ! s’écria l’un d’eux en ouvrant la cage. 

- Ce ne sera pas pour déplaire aux Dabaïens, crois-moi, répondit l’intéressé tout en me déposant au sol. 

Ils durent s’y prendre à trois pour me faire entrer de force. Je n’avais aucune envie de subir le sort des autres prisonniers qui me regardaient d’un air effaré, donc il n’était pas question que je me laisse faire. Excédé, le dénommé Baron me frappa à la tête avec son gourdin, et je perdis connaissance.

Petit work in progress du moment !

lundi 28 janvier 2013

Inepties


Heureusement.
Aujourd'hui est l'un des plus beaux mots de la langue française. Oh jour ! Au jour d'aujourd'hui !
Courant sur la langue sablée du rivage, les mots nous emportent dans ce fabuleux voyage des rêves. Récits, vrais ou fictifs, nous emmènent vers des destinations inconnues où les récifs sont autant d'anecdotes intrigantes. Parfois cocasses, parfois dramatiques, souvent épiques, ces contes aux mille et un visages nous transportent vers des lieux merveilleux.
Et ces rêves partagés deviennent alors réalité. Dans nos esprits se forment et se déforment ces destins incroyables. Nous leur donnons vie, vibrant avec eux durant leurs épopées.
Mais parfois, nous nous sentons ridicules d'écrire des inepties qui n'ont que peu de sens pour les autres. Car les mots, ceux que l'on dit comme ceux que l'on écrit n'ont de sens que pour ceux qui cherchent à leur en donner et à porter en eux cet espoir de liberté. Nos esprits, ainsi libérés, errent alors dans les méandres des histoires sans fin.
N'import'nawak comme dirait l'autre.

Et il aurait raison.

mercredi 2 janvier 2013

Destins croisés - Episode 12






*** 



La tempête faisait rage sous mon crâne depuis un long moment déjà, et j’étais seule, allongée dans une position inconfortable. Je roulai sur le coté pour me mettre sur le ventre et ouvris les yeux ; j’étais sur un sol caillouteux et inégal. Je me redressai sur les mains et mis un genou à terre. A première vue j’aurais dit que mon environnement ressemblait à l’image que je me faisais d’une grotte, mais plongée dans la pénombre je n’étais sûre de rien. Je m’appuyai contre une paroi poisseuse et glissante pour me relever entièrement, alors qu’une odeur nauséabonde parvint à mes narines. L’air étouffant charriait des bruits lointains de vie sauvage. Je portai une main à ma tête puis à mon nez ; elle sentait le sang. Ce salaud d’Erick m’avait laissée ici, pensant que j’allais crever comme une chienne ! Je le maudissais de toutes mes forces lui et tout ce qu’il avait engendré. Qu’il aille au diable ! Ses pensées ne me réconfortèrent guère et d’un pas mal assuré je sortis de la grotte. L’obscurité était tombée telle une chape de plomb sur le paysage que je découvrais. La lune éclairait faiblement une plaine boisée, parsemée ci et là de prairie et de champ. Je pouvais deviner quelques maisonnées regroupées en contrebas d’une falaise, de l’autre coté de la vallée ; de la fumé devait s’échapper de leur cheminé et de faibles lueurs vaciller aux fenêtres. Etait-ce le monde d’Erick ? 

Je regardais à mes pieds et constatai, à la clarté de la lune, et avec découragement, que j’étais sur une corniche située à des dizaines de mètre au-dessus du sol. J’inspectai les bords à la recherche d’un chemin, mais je ne trouvai rien. Au bout d’un long moment d’hésitation je finis par balancer mes jambes au-dessus du vide, pour me saisir d’une large saillie dans la roche. Je ne tenais pas à moisir ici en attendant qu’un prince charmant me ramène chez moi. 

Je n’avais, pour ainsi dire, jamais pratiqué de sport qui ressemble de près ou de loin à de l’escalade en pleine nature, je devais donc évoluer lentement, m’assurant un appui sûr à chaque nouveau geste, car je n’avais aucune envie de finir aplatie contre les rochers en contrebas qui dressaient leurs arrêtes coupantes et menaçantes vers moi. Oui, malgré la pénombre je n’imaginai sans aucun mal ce qui m’attendait en bas. J’avais la trouille de regarder sous mes pieds. La clarté de la lune me permettait d’y voir suffisamment pour choisir mes prises. Je redoutais le pire à chaque fois que mon pied trouvait une nouvelle encoche, mais je ne pouvais plus faire machine arrière. L’humidité de la nuit rendait la poussière rocheuse collante et je dus m’essuyer les mains plusieurs fois sur mon jean avant de poursuivre de peur qu’elles ne glissent sur la paroi. 

Cela faisait une éternité à présent que j’étais agrippée au-dessus du vide, et je devais avoir parcouru une centaine de mètre. Mes muscles étaient aussi raides que du bois, et mon épaule blessée ne me facilitait pas la tâche ; je sentais mes forces décliner inexorablement. Alors ce qui devait fatalement arriver, arriva. Mon pied glissa sur une pierre roulante et mes doigts ne furent pas assez rapides pour attraper la prise suivante. Je glissais contre la paroi, m’écorchant tout le corps jusqu’au sang. Mon chemisier finit par s’accrocher sur une arrête et pendant un instant ma course effrénée vers la mort ralentit. Néanmoins, les tissus trop fragiles ne résistèrent pas longtemps sous mon poids. Je tendis mes mains, essayant désespérément de me raccrocher à quelque chose ; ce geste me sauva sans doute la vie car mes mains trouvèrent une grosse pierre plate. La panique s’empara de moi, si j’avais stoppé ma chute momentanément je n’en étais pas moins sortie d’affaire : suspendue par une seule main je pendais lamentablement dans le vide. Et pour couronner le tout je sentis à nouveau du sang couler le long de ma tête jusque dans mon cou. Je fis un effort surhumain pour attraper la pierre avec mon autre main et stabiliser ainsi le mouvement de mon corps. Des étoiles vrillèrent devant mes yeux, ce n’était pas le moment de perdre connaissance ! Je savais que je ne tiendrais pas longtemps, les crampes agressaient tous les muscles de mon corps et mes pieds glissaient toujours contre la paroi, incapables de trouver appui. La peur de mourir refit surface et ma courte vie défila dans ma tête ; j’avais tout perdu il y a déjà tant d’année, alors à quoi bon ? Mes mains lâchèrent prise. 

Mes pieds touchèrent plus rapidement le sol que je ne l’aurais pensé. A bout de force je tombai à genou sur la petite corniche qui m’avait sauvée d’une fin atroce. Je roulai sur le dos et fermai les yeux pour calmer ma respiration saccadée. Il s’en était fallut de peu ! Après un long moment, je me sentis suffisamment apaisée pour risquer un coup d’œil vers le bas. Avec soulagement je constatai qu’il ne restait plus qu’une trentaine de mètres à descendre. Tout mon corps me lançait, mais un regain d’énergie me permit d’entamer la fin de ce maudit parcours, avec un peu plus d’optimisme. Je redoublai de vigilance, vérifiant toujours deux fois l’état de mes prises avant d’y peser tout mon poids. Il me fallut presque autant de temps pour effectuer ces trente mètres que pour les cent premiers. Mais j’avais décidé de remettre à plus tard l’option de me rompre le coup. Le deal était d’arriver en bas, en un seul morceau. 

L’aube pointait le bout de son nez quand je posai enfin un pied sur l’herbe fraîche de la prairie. Je me laissai choir sur le dos, et fermait les yeux, à la fois heureuse d’être encore en vie, mais également furieuse contre Erick. Pourquoi m’avoir entrainée dans son monde pour m’abandonner si vite ? J’arrachai une touffe d’herbe et frappai rageusement le sol. Au bout d’un moment je me relevai pour constater les dégâts. Mon épaule s’était remise à saigner. Mon chemisier, qui n’en avait plus que le nom était en lambeau, laissant apparaître les éraflures que m’avait laissées la roche. Certaines étaient profondes et continuaient de saigner. Mon jean était déchiré au niveau de mes genoux qui n’étaient pas en meilleur état, et mes mains étaient en sang. Après ce bilan désastreux, je décidai de m’oublier un instant pour me concentrer sur mon environnement. Les premiers rayons du soleil perçaient au-dessus de la cime des arbres qui entourait la vallée. Une douce lumière orangée caressait la forêt qui venait jusqu’au pied des falaises, tandis qu’en contrebas elle s’élargissait en un large demi-cercle. Les terres semblaient cultivées, et au loin je crus apercevoir le bout d’un enclos avec quelques bêtes. 

L’air était d’une pureté incroyable et les couleurs éclatantes. Je me surpris à respirer à plein poumons avec délice. Des odeurs variées arrivèrent jusqu’à mes narines, sans que je puisse les reconnaître  L’herbe était d’un vert vif et flamboyant, le vent d’une douceur improbable, et le ciel se parait d’un dégradé flamboyant jusqu’à un bleu azur comme je n’en avais jamais vu. J’étais bien loin de ma Cité verdâtre et malade. Cet univers semblait transpirer d’une énergie débordante. 

Revigorée, je me dirigeais vers la lisière de la forêt. D’où j’étais, il me semblait entendre le bruissement lointain de l’eau, ce qui décupla ma soif. J’avançais avec difficulté, pour traverser l’étroite bande que formait la vallée à cet endroit, mes ballerines noires glissant sur la rosée que le petit matin avait déposée sur l’herbe. Dans le sous-bois les odeurs étaient encore différentes. Mes pieds s’enfonçaient dans l’épais tapis de feuilles et de brindilles qui jonchaient le sol. Je tendis l’oreille et me laissai guider par le bruit du courant d’eau. A plusieurs reprises de petits rongeurs détalèrent devant moi pour se réfugier sous les taillis. A chaque fois je sursautai, portant une main à mon cœur qui battait la chamade. C’est donc avec prudence que j’approchais de la rivière. L’eau était si limpide que je la fis couler pendant de longues minutes à travers mes doigts pour bien l’observer. De temps en temps un poisson venait frétiller près de la berge pour repartir aussitôt et se laisser porter par le courant. Ce monde était si curieux et déroutant. Je pris mon temps pour laver le sang de mes bras et mes mains, et bus de grande gorgée d’eau. Le liquide frais me fit l’effet d’un baume apaisant. Épuisée  je m’allongeais sous l’ombre des arbres, à coté du cours de la rivière, en laissant une main dans l’eau. Puis je fermai les yeux et me laissai bercer par ces bruits si nouveaux et tellement apaisants.


Que le bonheur et la paix nous accompagne tout au long de nos périples. Que les souffrances s’apaisent pour nos proches. Que le soleil brille dans nos coeurs. Que cette année soit encore meilleure que la précédente et que nos souhaits les plus chers se réalisent.

*Mes meilleurs voeux à vous tous*

mardi 18 décembre 2012

Soir d'orange




J’ai trente et un an. Depuis hier. Tout dans la vie m’a réussi jusqu’à présent. J’ai fait de brillantes études scientifiques. J’ai rapidement obtenu un poste dans une entreprise novatrice. Je me suis marié il y a quatre ans. J’ai acheté un appartement de haut standing. Et ma dernière acquisition est ce magnifique cabriolet rouge mat avec une bande blanche brillante qui souligne sa silhouette coupée sport. Jusqu’à présent. Car il y a peu j’ai été muté à la tête d’un projet où, même si sur le papier ça avait l’air prometteur, aucun moyen ne m’était mis à disposition pour je puisse atteindre mes objectifs. Une impasse. Ou un placard déguisé. Au choix. Et ma femme, Lucie… Charmante au départ, elle se révèle être un véritable enfer dans ma vie, vampirisant tout ce qui peut m’appartenir de près ou de loin. De très loin maintenant. Alors j’ai décidé de prendre le large. Quinze jours de vacances dans la maison familiale laissée par ma mère il y a dix ans maintenant. Mon seul jardin secret. Lucie n’y a jamais mis les pieds et elle ne le fera jamais. Et ce n’est pas moi qui la forcerais. Dix ans que je la remets en état, mur par mur, sol par sol, meuble par meuble. Perdue au milieu des bois, et éloignée de la civilisation hurlante qui nous étouffe de son hystérie et de sa folie, c’est mon havre de paix. Le seul endroit qui me raccorde avec moi-même. 

Sur le siège arrière, Théo lance un aboiement désespéré. Plus de huit heures de route auront finalement eu raison de sa patience d’ange. Théo, le dernier caprice de ma femme Lucie. Pour faire comme Amanda et Julie. Fait donc. Mais elle ne fit pas, et j’eus tellement pitié de cette petite boule de poil qui n’avait rien demandé que je la pris sous mon aile pour ces quinze jours. Une bouffée d’air pour lui et pour moi. Entre homme. Si je puis dire. 

Je pris un virage sec à toute allure, profitant de la région désertique pour entendre le moteur rugissant de ce petit bijou de technologie. J’aurais pu me contenter d’un vieux tacot qui ne m’aurait pas coûté un clou. J’aurai pu. Mais j’ai préféré céder à l’irrésistible envie de flamber devant les yeux insondables de cette forêt sombre et attirante qui nous enveloppe comme une mère protège son enfant dans ses bras. 

Après quelques virages supplémentaires, je passais enfin le pont de pierre qui menait à l’entrée de mon domaine. J’avais récemment fait installer une barrière neuve pour délimiter mon havre de paix, et je fus contrarié de constater qu’elle était déjà ouverte. Je m’engageai sur le sentier de terre et de gravier et roulais sur une cinquantaine de mètres avant de m’arrêter devant la porte du garage. Une Land Rover d’un noir étincelant était garée quelques mètres plus loin sur la pelouse. Je ne voyais pas à qui elle pouvait appartenir, et c’est avec appréhension que je fis descendre Théo de la voiture. Comme un enfant innocent il courut en glapissant de joie pour marquer son nouveau territoire. Bienvenu à la maison Théo. 

Je sortis mon sac de voyage noir du coffre pour le poser sur la balancelle de la terrasse couverte tout en jetant un coup d’œil par la fenêtre de la cuisine, mais il semblait que personne n’ai franchi le seuil de la porte car elle était toujours verrouillée. Théo me rejoignit alors que j’inspectais le bas de la maison. La cuisine et le salon était encore en chantier, mais ça commençait à prendre forme, peu à peu. Et j’espérai bien terminer cette partie les quinze jours à venir. Il ne me resterait plus que le garage et le cabanon de jardinage à remettre en état. La rénovation de cette maison était ma construction personnelle. A mesure qu’elle prenait forme je m’apprivoisais, comprenant qui j’étais et ce que je voulais. Ce que Lucie ne comprendrait jamais. 

Toujours inquiet par la présence de la Land Rover sur mon terrain, je passai par le garage et prit le fusil de chasse qui avait appartenu à mon père. Un jour. Et, Théo sur les talons je passai par l’arrière pour explorer mes terres à la recherche de mes hôtes mystérieux. Au détour d’un sentier qui menait vers les sous-bois je découvris une tâche de sang frais sur le sol. La première d’une longue série qui m’enfonça un peu plus dans l’épaisseur de cette mère à la fois sombre et bienveillante. Le cœur battant la chamade je gravis une petite butte persuadé que je trouverai la réponse à mes questions derrière. J’épaulai mon fusil chargé, avançant en silence sur la mousse humide. Et c’est là que je la vis pour la première fois.

***


Voici une deuxième nouvelle presque achevée. Elle a un début, un milieu et une fin... mais elle n'est pas parfaite ! J'aimerai bien retravailler la fin qui arrive un peu trop vite et modifier quelques petites choses. Mais c'est déjà un bon début je trouve. Si ça vous intéresse d'en lire un peu plus vous trouverez les 8 premières pages ici